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La nouvelle génération d'Assise

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  • La nouvelle génération d'Assise

    Cette semaine, dans la ville de saint François, des jeunes de différentes religions célèbrent les vingt ans de la Journée de prière pour la paix

    Ikram a longtemps hésité à venir à Assise. La jeune musulmane, d’origine marocaine mais étudiante en Belgique, avait été invitée à participer aux journées de rencontre des jeunes de différentes religions organisées cette semaine par le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, avec la communauté franciscaine, pour les vingt ans de la Journée mondiale de prière pour la paix du 27 octobre 1986.

    Pourtant très engagée dans le dialogue entre musulmans et chrétiens, Ikram s’est cependant cette fois-ci longuement posé la question. « Après le discours de Ratisbonne, le regain de violence en Palestine, je me suis demandé si ma place était bien à Assise, explique l’étudiante. N’était-ce pas se moquer de tous ceux qui souffrent dans le monde musulman ? »

    Ikram est finalement venue à ce rendez-vous, comme une centaine d’autres jeunes de toutes religions, « pour manifester justement que la religion n’est pas ce qui provoque la violence ». Comme l’ajoute Fahd, étudiant en médecine en Algérie, lui aussi musulman, « nous devons prouver au monde entier que les relations entre musulmans et chrétiens sont possibles ».

    « Montrer aussi, ajoute-t-il, que le mot “islam” signifie “paix”. » Lui-même, comme étudiant, utilise en Algérie la bibliothèque universitaire gérée par les Pères Blancs : « Donc, c’est possible, de nouer de belles relations entre musulmans et chrétiens. »
    Une commémoration restée discrète

    Aucun des jeunes présents ici, dans la ville du « poverello » ne se fait d’illusions. Et la rencontre, prévue de longue date par le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, n’a rien d’une autocélébration triomphante.

    Au diapason d’une actualité incertaine, cette commémoration est restée discrète, voire quasi confidentielle : une centaine de jeunes seulement, pour moitié catholiques, pour moitié d’autres religions, qui travaillent, réfléchissent et débattent, derrière les lourds murs du couvent franciscain.

    Demain, cependant, les jeunes devraient venir à Rome pour voir le pape lors de l’audience générale. Mais Benoît XVI ne leur a pas envoyé de message spécifique. Tout comme il a choisi de ne venir à aucun des trois événements organisés à Assise pour célébrer les 20 ans de la Journée de prière pour la paix.

    «C’est que nous ne sommes qu’au tout début du dialogue entre religions», leur a confié le cardinal Roger Etchegaray, venu leur raconter son expérience, comme coordinateur de la grande journée de 1986. Le cardinal français a voulu délivrer un message d’espérance. «Tout est providentiel, leur a-t-il répété, et même le discours de Benoît XVI à Ratisbonne pourrait être une annonce d’une clarification de nos rapports avec les musulmans.»
    "La seule paix qui vaille... celle que l’on construit avec Dieu"

    Il a ainsi expliqué combien il avait fallu, à l’époque, de conviction et d’enthousiasme à Jean-Paul II pour entraîner à sa suite l’ensemble des responsables catholiques et d’autres religions à accepter de venir ensemble prier et jeûner pour la paix.

    « Tout était à inventer, jamais on n’avait vu l’ensemble des religions se réunir pour prier… Il fallait éviter le syncrétisme, et en même temps respecter chaque religion. Nous n’avions alors aucune référence, aucun point de repère, nous devions inventer, imaginer une manière d’être ensemble. »

    Le cardinal leur a aussi rappelé que, dans l’esprit de Jean-Paul II, paix et prière étaient indissociables. « Finalement, cette journée de septembre 1986 ne fut “seulement” qu’une journée de prière pour la paix. Mais c’était bien l’essentiel : la prière est au cœur de la paix. »

    Ce qui convient à Prachi, jeune hindouiste de Bombay : « Si on pense à la paix de manière abstraite, cela ne marche pas, explique la jeune fille. Il faut prier, c’est-à-dire mettre de nous-mêmes dans cette paix. La seule paix qui vaille, c’est celle que l’on construit en accord avec Dieu. »
    "Conscient de l'urgence du dialogue... mais aussi des difficultés"

    « D’accord pour la prière », interroge tout haut Giovanni, italien, qui remarque cependant que si on semble avoir beaucoup réfléchi sur le « prier », on ne sait pas vraiment quel contenu donner au mot « paix ». « Est-ce que toutes les religions s’accordent sur la signification de la paix ? » « En 1986, le contexte n’était pas du tout le même, approuve Olindo, Napolitain. à l’époque, il y avait la fin de la séparation entre l’Est et l’Ouest, le problème du communisme. »

    Mais, pour Olindo, aujourd’hui, le phénomène religieux semble occuper le devant de la scène. Et il est important, justement, de refuser cette instrumentalisation des religions. « Si nous nous opposons au diagnostic du choc des civilisations, nous devons alors continuer le dialogue, ensemble, sans aucun doute. »

    Sans se cacher les zones d’ombre, la jeune génération réunie à Assise ne manque donc pas de convictions. «Nous devons parvenir à leur transmettre les motivations d’une espérance», observe ainsi le P. Vincenzo Coli, custode du couvent franciscain. Lui-même était présent, en 1986, à Assise. Il y a vécu tout «l’enthousiasme» de l’époque.

    « Aujourd’hui, confie-t il à La Croix, on est à la fois plus conscient de l’urgence du dialogue entre les religions, mais aussi des difficultés de ce dialogue. »
    Donnez, et vous recevrez : une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous.
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