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    Abderrazak Maïza. Général à la retraite, ancien commandant de la 1re Région militaire


    «Il faut arrêter de stigmatiser la Kabylie»


    le 01.10.14 | 10h00




    -Comment expliquer que la Kabylie continue d’être le théâtre d’actes terroristes ?

    Pour moi, la Kabylie est une région comme une autre, qui a beaucoup souffert du terrorisme parce qu’elle est foncièrement anti-islamiste et contre les terroristes. Si ces derniers ont constitué des réseaux de soutien, dans cette région comme ailleurs, ce n’est pas grâce à l’idéologie qu’ils véhiculent mais plutôt à la manne financière qu’ils détiennent et avec laquelle ils peuvent tout acheter. La raison de leur présence dans cette région, il faut la chercher ailleurs, comme par exemple le manque de renseignement. L’Etat doit faire en sorte que la lutte antiterroriste soit l’affaire de tous et non pas uniquement des services de sécurité.

    -Pourquoi, selon vous, les services de sécurité éprouvent des difficultés à obtenir du renseignement dans cette région ?

    En fait, lorsque des corps comme ceux des patriotes ou des Groupes de légitime défense (GLD) qui servaient de pont entre la population et les autorités et ont fait de la région la «Suisse du pays» en matière de lutte antiterroriste sont démobilisés, vous coupez automatiquement les sources de renseignement. Imaginez la force de ces groupes sur le terrain. Une section de 50 hommes armés veut dire que vous avez au moins 50 familles, avec les parents et les enfants, qui vous aident à sécuriser les villages. Sachez que si nous avons vaincu le terrorisme, c’est grâce à tous ces civils qui ont pris les armes pour se défendre et défendre les leurs. Malheureusement, les conditions dans lesquelles ces gens ont été remerciés et le vide qu’ils ont laissé sur le terrain ont fait que le renseignement a énormément diminué, au grand bonheur des groupes terroristes. Cette situation n’est pas propre à la Kabylie, on la retrouve dans d’autres régions du pays. Ce qui crée une certaine démobilisation du citoyen…

    -N’y a-t-il pas un lien entre ces contingents de cadres expérimentés de l’armée mis à la retraite et ce dysfonctionnement en matière de renseignement ?

    En fait, ce ne sont pas les mises à la retraite qui posent problème, parce que la relève est inévitable et qu’à un moment ou un autre, chacun doit céder sa place à un autre. Ce sont les conditions dans lesquelles ces cadres ont été mis à la retraite qui posent problème. L’absence de reconnaissance à ces officiers aux compétences inégalées, qui ont sauvé la patrie puis se retrouvent subitement sur la touche. Et l’institution reste la seule à refuser que les sorties de promotion ou que certaines de ses infrastructures soient baptisées du nom des martyrs du devoir. Cela est très mal perçu par ceux qui devraient assurer la relève et qui, sur le terrain, réfléchiront à deux fois avant de prendre toute initiative.

    -Voulez-vous dire que nous allons vers une recrudescence des attentats ?

    Loin de là. Je peux vous affirmer que, militairement, le terrorisme a été vaincu. Il reste néanmoins quelques groupuscules qui continuent à sévir et à faire mal. Il n’y a pas plus facile que d’enlever quelqu’un et de le tuer. Le problème, c’est que la médiatisation de cet acte nous a fait oublier tous les acquis d’il y a vingt ans. En fait, c’était l’objectif recherché par les auteurs de cet acte abject. Ils étaient inconnus, incapables de commettre un attentat contre les forces de l’ordre et, aujourd’hui, ils passent pour être les plus présents dans la région, au point de faire reclasser l’Algérie parmi les pays infréquentables.

    Involontairement ou pas, la presse a servi de canal de propagande au profit de ce groupe terroriste, constitué d’à peine 8 à 10 éléments. Lorsque j’étais en poste à Chlef, un terroriste arrêté m’avait dit, à propos de Antar Zouabri, alors émir du GIA, qu’il était inconnu au bataillon, alors qu’il faisait la une de tous les journaux. Pourtant, nous avons de nombreux héros, à l’image du feu colonel Hadj Cherif qui a commis un acte de bravoure avant d’être tué, en allant sans arme vers les terroristes, qui étaient censés avoir pris en otage une famille, qui s’est avérée être la leur.

    Aujourd’hui, en Algérie, il n’existe que les acolytes d’une organisation criminelle internationale qui s’appelle Al Qaîda, confrontée à des difficultés de recrutement et de logistique, puisqu’elle fait appel à des étrangers. Il faudra que l’Etat se concentre sur la nécessité d’en finir avec ces groupes en impliquant davantage la population à travers les patriotes, les GLD et toutes les personnes qui connaissent le terrain et l’environnement où évoluent les résidus du terrorisme.


    Salima Tlemçani

    El Watan
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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