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La fraude, fondement du système

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  • La fraude, fondement du système

    Le Livre blanc sur la fraude électorale, réalisé par la direction de campagne du candidat Benflis à l’élection présidentielle 2014, a la vertu de consigner des attestions matérielles d’une pratique constitutive du système politique algérien.

    Si le procédé correspondait naturellement au modèle du parti unique - candidat unique, l’avènement du multipartisme a contraint le pouvoir à assumer le viol de règles démocratiques qu’il a lui-même consenties sous la pression des luttes politiques. Le système n’a jamais accepté de subir les effets de ces règles. À une exception près : les élections locales de 1990 et les législatives de 1991. À cette occasion, il n’avait plus les moyens d’imposer la manipulation de l’opération électorale : le FIS contrôlait les deux tiers des municipalités ; il détenait les listes électorales, contrôlait le processus de collecte des urnes, détenait les forces d’intimidation grâce à son armée d’effrayants militants. Même les agents du pouvoir avaient perdu l’assurance des exécutants de la dictature pour affronter l’agressivité de ses troupes !
    Si le pouvoir n’a pas truqué les élections de 1991, c’est tout simplement parce que ses serviteurs étaient physiquement et psychologiquement vaincus par les islamistes. Le pouvoir allait en subir un traumatisme définitif : il ne prit plus jamais le risque d’affronter l’islamisme. Contraint à l’arrêt du processus électoral pour sauver sa peau, il a dissous le FIS pour se lancer dans une perpétuelles quête d’un islamisme “conciliable”. La “réconciliation nationale” est l’expression, la version institutionnelle de cette recherche éperdue de l’arrangement.

    C’est ce même traumatisme qui, à partir de 1995, justifia la quasi-institutionnalisation de la fraude électorale. Systématisée avec l’élection de Zeroual, un peu avec la complaisance de l’opposition démocratique, trop heureuse de constater que, même en l’absence d’une candidature FIS, les électeurs pouvaient se bousculer pour voter. Le résultat en était devenu secondaire ! Qu’à cela ne tienne ! En 1997, les élections législatives furent à ce point truquées que l’ex-parti du pouvoir, le FLN (37 sièges), en fit les frais, et le RND, créé… trois mois plus tôt, remporta la majorité (156 sièges sur 380) !
    En 1999, Bouteflika n’est pas venu se présenter en terre inconnue. S’il a d’emblée exigé une “majorité écrasante”, sinon il “rentrerait chez lui” et nous laisserait à “notre médiocrité”, c’est qu’il était assuré que les scores électoraux s’élaboraient par l’autorité organisatrice. Les Algériens le savent et tiennent majoritairement leurs voix hors de portée des manipulations du pouvoir. Il n’y a plus que la complaisance intéressée de “l’opposition” qui, par sa participation aux mascarades occasionnelles, contribue à la perpétuation du système de la fraude. Et l’approbation, tout aussi complaisante, des partenaires et observateurs étrangers.

    D’une manière ou d’une autre, le régime “paie” cette contribution. La fraude n’est pas un abus du pouvoir ; elle est, avec la rente et l’autoritarisme, un des fondements de notre système politique.


    Mustapha Hammouche- Liberté
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