Une semaine après l'annonce de l'assassinat du Français Hervé Gourdel en Kabylie, la presse algérienne révèle au compte-goutte les circonstances de son enlèvement. Le point sur le parcours de l'alpiniste et de ses cinq compagnons algériens.
La justice algérienne a lancé ce jeudi des poursuites contre quinze personnes, actuellement en fuite, soupçonnées d'avoir participé à l'enlèvement et à l'assassinat d'Hervé Gourdel, l'otage français décapité en Algérie. Retour sur les circonstances de l'enlèvement du Français, le 21 septembre, par le groupuscule Jund al-Khilafa (les soldats du califat).
Arrivé le samedi 20 septembre en Algérie, le guide de montagne est venu randonner avec des amis dans le parc national du Djurdjura. Ce haut lieu du tourisme algérien est devenu dans les années 1990 un sanctuaire pour groupes islamistes. Mais depuis quelques temps, des groupes de randonneurs ont repris le chemin du Lalla Khedija, le plus haut sommet du massif (2308 m), à cheval entre les wilayat (préfectures) de Bouira et de Tizi-Ouzou.
Les environs d'Ait Ouabane où Hervé Gourdel a été enlevé avant d'être assassiné.
Reuters/Louafi Larbi
Quand l'enlèvement a-t-il eu lieu?
Hervé Gourdel est venu à l'invitation d'un alpiniste franco-algérien, installé à Lille mais originaire de cette région, selon le quotidien algérien Liberté. Les deux hommes sont rejoints par quatre autres amateurs de sport de montagne. Après avoir passé la nuit dans un chalet de Tikjda, les six hommes partent le dimanche matin 21 en voiture avant de laisser leur véhicule près du village d'Aït Ouabane, d'où ils démarrent leur randonnée.
Le lendemain, un groupe lié aux djihadistes de l'Etat islamique (EI) poste une vidéo sur Youtube menaçant d'exécuter Hervé Gourdel, si la France ne met pas fin à ses opérations militaires en Irak. Le ministère de l'Intérieur algérien confirme quelques heures plus tard que des ravisseurs ont intercepté le véhicule des six hommes, le dimanche à 21h, "à hauteur du village d'Aït Ouabane".
Les compagnons d'Hervé Gourdel ont-ils été retenus?
Le communiqué officiel précise que "les assaillants, après avoir libéré ses compagnons algériens et abandonné le véhicule sur les lieux, ont gardé le ressortissant français et pris la fuite vers une direction inconnue". Les terroristes ont relâché les cinq hommes quinze minutes après leur arrestation, croit savoir le journal arabophone al-Ahdath, cité par la correspondante du Figaro en Algérie, en leur disant : "Prévenez les autorités si vous voulez."
Mais le 24 septembre, Liberté rapporte d'autres versions des faits évoquées par des sources locales: les randonneurs ont été capturés "devant une source d'eau au milieu de la forêt et donc, il n'y a pas eu d'interception de leur voiture"...
L'un des cinq compagnons d'Hervé Gourdel interrogé le dimanche 28 par l'AFP, un étudiant, déclare qu'ils ont été retenus 14 heures avant d'être relâchés.
Facebook/Herve.Gourdel
Comment s'est déroulé l'enlèvement?
Les six randonneurs sont tombés sur un faux barrage policier dressé par trois hommes armés, détaille Al-Ahdath, le 29 septembre, invoquant une source proche de l'instruction. Après avoir laissé passer les promeneurs, les djihadistes avertissent l'émir Abdelmalek Gouri, chef du groupuscule, qui se trouve à proximité, de la présence d'un Français dans le véhicule.
Gouri rattrape alors lui-même les six hommes à un second faux barrage, deux cent mètres plus loin, selon El Watan. Les terroristes se séparent en deux groupes: l'un, dirigé par Gouri, emmène le Français en direction du secteur d'Ouacif, tandis que trois autres terroristes restent avec les randonneurs algériens. Une heure plus tard, le premier groupe revient sans Hervé Gourdel.
Dans un entretien avec le journal Echorrouk, publié le 30 septembre, l'étudiant n'évoque pas de faux barrage mais explique que le groupe a été "soudainement encerclé" par des hommes armés. "Ils nous ont dit appartenir à 'Jund al-Khilafa'". Curieusement, les djihadistes ne leur demandent ni leurs papiers, ni leur téléphone portable. "Nous avons supplié les terroristes de libérer Hervé Gourdel, mais en vain", se souvient l'étudiant. Dans ce témoignage il revient sur ses propos rapportés par l'AFP, déformés, selon lui: les randonneurs n'ont pas été retenus 14 heures par les terroristes; mais les ravisseurs les ont sommé de ne pas quitter les lieux avant le lendemain, leur indiquant qu'ils seraient surveillés à distance.
Vers 5h du matin, le lundi, les cinq compagnons d'Hervé Gourdel rejoignent leur véhicule et se rendent à la caserne proche de Tikjda, pour donner l'alerte sur l'enlèvement du Français.
Confusion sur le lieu de l'enlèvement
Autre bizarrerie, le lieu du rapt. Le village d'Aït Ouabane, dans la wilaya de Tizi Ouzou, d'abord évoqué, n'a pas de route carrossable en provenance de Tikjda, observe Liberté, le 25 septembre. L'enlèvement aurait en fait eu lieu à Aït Oualbane dans la wilaya limitrophe de Bouira, explique le quotidien. Ce cafouillage se poursuit "durant toute la semaine, constate la Dépêche de Kabylie. Tour à tour, le site de Tikjda, celui d'Aswel, le col de Tizi N'kouilal et Saharidj, relevant de la wilaya de Bouira sont cités par la presse."
l'express
La justice algérienne a lancé ce jeudi des poursuites contre quinze personnes, actuellement en fuite, soupçonnées d'avoir participé à l'enlèvement et à l'assassinat d'Hervé Gourdel, l'otage français décapité en Algérie. Retour sur les circonstances de l'enlèvement du Français, le 21 septembre, par le groupuscule Jund al-Khilafa (les soldats du califat).
Arrivé le samedi 20 septembre en Algérie, le guide de montagne est venu randonner avec des amis dans le parc national du Djurdjura. Ce haut lieu du tourisme algérien est devenu dans les années 1990 un sanctuaire pour groupes islamistes. Mais depuis quelques temps, des groupes de randonneurs ont repris le chemin du Lalla Khedija, le plus haut sommet du massif (2308 m), à cheval entre les wilayat (préfectures) de Bouira et de Tizi-Ouzou.
Les environs d'Ait Ouabane où Hervé Gourdel a été enlevé avant d'être assassiné.
Reuters/Louafi Larbi
Quand l'enlèvement a-t-il eu lieu?
Hervé Gourdel est venu à l'invitation d'un alpiniste franco-algérien, installé à Lille mais originaire de cette région, selon le quotidien algérien Liberté. Les deux hommes sont rejoints par quatre autres amateurs de sport de montagne. Après avoir passé la nuit dans un chalet de Tikjda, les six hommes partent le dimanche matin 21 en voiture avant de laisser leur véhicule près du village d'Aït Ouabane, d'où ils démarrent leur randonnée.
Le lendemain, un groupe lié aux djihadistes de l'Etat islamique (EI) poste une vidéo sur Youtube menaçant d'exécuter Hervé Gourdel, si la France ne met pas fin à ses opérations militaires en Irak. Le ministère de l'Intérieur algérien confirme quelques heures plus tard que des ravisseurs ont intercepté le véhicule des six hommes, le dimanche à 21h, "à hauteur du village d'Aït Ouabane".
Les compagnons d'Hervé Gourdel ont-ils été retenus?
Le communiqué officiel précise que "les assaillants, après avoir libéré ses compagnons algériens et abandonné le véhicule sur les lieux, ont gardé le ressortissant français et pris la fuite vers une direction inconnue". Les terroristes ont relâché les cinq hommes quinze minutes après leur arrestation, croit savoir le journal arabophone al-Ahdath, cité par la correspondante du Figaro en Algérie, en leur disant : "Prévenez les autorités si vous voulez."
Mais le 24 septembre, Liberté rapporte d'autres versions des faits évoquées par des sources locales: les randonneurs ont été capturés "devant une source d'eau au milieu de la forêt et donc, il n'y a pas eu d'interception de leur voiture"...
L'un des cinq compagnons d'Hervé Gourdel interrogé le dimanche 28 par l'AFP, un étudiant, déclare qu'ils ont été retenus 14 heures avant d'être relâchés.
Facebook/Herve.Gourdel
Comment s'est déroulé l'enlèvement?
Les six randonneurs sont tombés sur un faux barrage policier dressé par trois hommes armés, détaille Al-Ahdath, le 29 septembre, invoquant une source proche de l'instruction. Après avoir laissé passer les promeneurs, les djihadistes avertissent l'émir Abdelmalek Gouri, chef du groupuscule, qui se trouve à proximité, de la présence d'un Français dans le véhicule.
Gouri rattrape alors lui-même les six hommes à un second faux barrage, deux cent mètres plus loin, selon El Watan. Les terroristes se séparent en deux groupes: l'un, dirigé par Gouri, emmène le Français en direction du secteur d'Ouacif, tandis que trois autres terroristes restent avec les randonneurs algériens. Une heure plus tard, le premier groupe revient sans Hervé Gourdel.
Dans un entretien avec le journal Echorrouk, publié le 30 septembre, l'étudiant n'évoque pas de faux barrage mais explique que le groupe a été "soudainement encerclé" par des hommes armés. "Ils nous ont dit appartenir à 'Jund al-Khilafa'". Curieusement, les djihadistes ne leur demandent ni leurs papiers, ni leur téléphone portable. "Nous avons supplié les terroristes de libérer Hervé Gourdel, mais en vain", se souvient l'étudiant. Dans ce témoignage il revient sur ses propos rapportés par l'AFP, déformés, selon lui: les randonneurs n'ont pas été retenus 14 heures par les terroristes; mais les ravisseurs les ont sommé de ne pas quitter les lieux avant le lendemain, leur indiquant qu'ils seraient surveillés à distance.
Vers 5h du matin, le lundi, les cinq compagnons d'Hervé Gourdel rejoignent leur véhicule et se rendent à la caserne proche de Tikjda, pour donner l'alerte sur l'enlèvement du Français.
Confusion sur le lieu de l'enlèvement
Autre bizarrerie, le lieu du rapt. Le village d'Aït Ouabane, dans la wilaya de Tizi Ouzou, d'abord évoqué, n'a pas de route carrossable en provenance de Tikjda, observe Liberté, le 25 septembre. L'enlèvement aurait en fait eu lieu à Aït Oualbane dans la wilaya limitrophe de Bouira, explique le quotidien. Ce cafouillage se poursuit "durant toute la semaine, constate la Dépêche de Kabylie. Tour à tour, le site de Tikjda, celui d'Aswel, le col de Tizi N'kouilal et Saharidj, relevant de la wilaya de Bouira sont cités par la presse."
l'express
Commentaire