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Maroc: coup de panne sur la croissance

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  • Maroc: coup de panne sur la croissance

    C’est grave docteur ? En tout cas, c’est sérieux… Tel est le diagnostic établi pour le Maroc par la Bank Al Maghrib (BAM), la banque centrale. Le 23 septembre, elle a baissé son taux directeur d’un quart de point, à 2,75 % – un plus bas historique. Pour se justifier, le volubile Abdellatif Jouihri, son inamovible "wali" (gouverneur) pointe la faible inflation (0,7 %), le bon niveau des réserves de changes et l’atonie de la croissance. Comme ses pairs de la FED ou de la BCE, il veut stimuler le crédit pour relancer la machine. Et pour cause. Le PIB ne progressera que de 2,5 % cette année. Ce chiffre ferait rêver à Paris. C’est le plus mauvais depuis 2001 pour Rabat, habitué à deux ou trois fois plus. Cause principale ? Le blues de l’activité agricole, qui pèse encore plus de 15 % du PIB. L’an passé, elle bondissait de 19 %, cette année, elle plongera de 5 % faute de pluie. Bref, pour le gouvernement dirigé par Abdelilah Benkirane, le leader du parti islamiste modéré PJD, la rentrée est rude.
    De Tanger à Agadir en passant par Casablanca, la consommation est atone. La production industrielle joue au yoyo. Et le BTP, habituel moteur du pays, est plombé. Banques trop frileuses ? Ménages trop prudents ? Foncier trop cher ? Nul ne sait vraiment. TGV excepté, les programmes d’infrastructures qui avaient fait les riches heures du royaume sont pour la plupart achevés. Et les projets financés par les pays du Golfe prennent un temps infini à aboutir. Enfin, le mal du pays se trouve pour beaucoup dans la misérable croissance de l’Europe, avec laquelle Rabat effectue deux tiers de ses échanges. Ajoutons que le royaume a beau louer sa "stabilité" dans un monde arabe en ébullition, les Marocains constituent toutefois l’un des gros bataillons de djihadistes étrangers combattant en Irak et en Syrie. Certes, la croissance devrait rebondir en 2015. Tout ne va pas mal : le tourisme tient bon ; les investissements étrangers, bien qu’en recul, restent à un bon niveau ; des poches d’activité ultra-dynamiques boostent Tanger dans l’automobile ou Casa dans l’aéronautique.
    Nécessaire mais pas suffisant pour ce pays de 34 millions d’habitants. Le chômage a progressé sur un an de 0,5 point à 9,5 %. En fait, la mauvaise conjoncture fait ressurgir le problème de fonds de l’économie : sa faible productivité liée à un déficit d’éducation. En deux ans et demi, le gouvernement a surtout reformé le régime des subventions aux produits de base (une gageure), et a lancé au printemps une nouvelle version de son plan d’accélération industrielle. La réforme des retraites du secteur public risque de tourner court. Les syndicats s’échauffent. Le patronat pousse à l’action. Avec peu de marge budgétaire, la présentation de la loi de finances dans quelques jours sera un exercice d’équilibriste. En attendant, comme en Europe, à Rabat, on crie "Vive la banque centrale !"

    L'usine nouvelle
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