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Écrit dans une heure d’angoisse

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  • Écrit dans une heure d’angoisse

    Le mal qui m’a saisi resserre son étreinte.
    La nuit vient. Je me sens seul et triste à mourir.
    Personne auprès de moi pour adoucir ma crainte,
    Pour essuyer mon front et m’aider à souffrir.

    Dieu peut me rappeler, car ma paix est signée :
    Je partirai sans peur et sans trop de regret.
    Mon âme est à présent soumise et résignée ;
    Sans un mot de murmure elle attend son arrêt.

    Ta volonté, Seigneur, est désormais la mienne.
    Ordonne : je suis prêt à tout quitter pour Toi.
    Mais, au pays natal permets que je revienne !
    Oh ! qu’il me soit donné de mourir sous mon toit !

    Près du lac aux flots clairs, il est un cimetière.
    A midi, le soleil y darde son œil d’or.
    Ma famille y repose, à peu près tout entière !
    Depuis quinze ans déjà, ma mère est là, qui dort.

    Dans ce paisible enclos où l’herbe croît plus grasse,
    Père, je t’ai couché, lorsque tu succombas.
    Est-ce trop demander, ô Dieu, pour toute grâce,
    D’aller rejoindre ceux qui m’attendent là-bas ?

    Ma tombe, ici, n’aurait ni pervenche ni lierre ;
    La ronce aux mille dents fouillerait dans mon cœur ;
    Je n’entendrais jamais une voix familière,
    Et les chers souvenirs s’exileraient en chœur.

    Rien n’est plus douloureux qu’un tombeau solitaire
    Où jamais un ami ne vient, le cœur en deuil.
    Ah ! comme il doit sentir, celui qui gît sous terre,
    L’universel oubli peser sur son cercueil !

    Ernest Bussy

    Wiesbaden, mai 1885.
    The Sea is Woman, the Sea is Wonder, her other name is Fate!
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