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Six ans après la chute de Lehman Brothers, vers une nouvelle crise mondiale ?

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  • Six ans après la chute de Lehman Brothers, vers une nouvelle crise mondiale ?

    L'assemblée annuelle du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale qui se tient cette semaine à Washington s'annonce morose. Six ans exactement après la faillite de la banque américaine Lehman Brothers qui a déclenché la crise financière et économique la plus violente depuis les années 1930, l'économie mondiale n'en a pas fini de panser ses plaies. «La reprise continue mais elle est faible et inégale», admet Olivier Blanchard le chef économiste du FMI qui ne cache pas sa déceptions.
    Même chez les mieux nantis, ceux qui semblent avoir bien réagi à la crise des six dernières années, les perspectives de croissance potentielle semblent avoir baissé fortement.
    En apparence les prévisions de croissance mondiale que publie le FMI semblent plutôt rassurantes. Que le PIB de la planète progresse de 3,3% en 2014 et de 3,8% en 2015 est satisfaisant. Sauf que cela ne suffit pas à faire reculer le chômage qui touche plus de 200 millions de personnes, selon les statistiques du Bureau international du travail de Genève.
    Au-delà de ces chiffres globaux, il convient de distinguer trois groupes de pays dont les problématiques se posent chacune en des termes spécifiques, compte tenu de leurs niveaux de développement et des besoins de leurs populations.

    La crise financière de 2008 a touché avant tout les pays avancés, les Etats-Unis d'abord d'où elle est partie, puis l'Europe et le Japon. Ces pays, qualifiés de «riches», sont aujourd'hui en bute à deux forces principales note le FMI. «D'un côté le passé, ils ont à gérer le legs de la crise financière, ce qui comprend des niveaux de dette très lourds et un chômage élevé.

    De l'autre les défis de l'avenir, car leur potentiel durable de croissance a été fortement révisé à la baisse depuis la grande récession de 2008-2009», analyse le FMI .

    Certains s'en sortent certes mieux, comme en témoignent les perspectives de croissance de l'ordre de 2,5% à 3% aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. En revanche la zone euro et le Japon parviennent très difficilement à renouer avec une expansion de 1% ou plus, même si l'Allemagne et l'Espagne font actuellement beaucoup mieux que la France et l'Italie.

    Mais même chez les mieux nantis, ceux qui semblent avoir bien réagi à la crise des six dernières années, les perspectives de croissance potentielle semblent avoir baissé fortement. Du fait du désinvestissement de ces dernières années, la France et la Japon par exemple ont désormais des perspectives de développement à moyen terme très faibles, de l'ordre de 1% l'an ou guère plus.

    Au-delà des réactions purement conjoncturelles et visibles déficits publics et repli de la consommation- la grande crise de 2008 a en réalité durablement affecté le chemin de croissance des pays riches et de façon moins manifeste mais plus grave.

    Au-delà des réactions purement conjoncturelles et visibles -déficits publics et repli de la consommation- la grande crise de 2008 a en réalité durablement affecté le chemin de croissance des pays riches et de façon moins manifeste mais plus grave. L'économiste américain Lawrence Summers parle même de «ralentissement séculaire», une expression qui fait florès désormais dans les milieux d'économistes internationaux.

    Face à ce défi, le FMI propose essentiellement deux remèdes. D'un côté des «réformes structurelles», autrement dit une révision fondamentale du mode de fonctionnement des économies en faveur d'une plus grande flexibilité. Les retards de la France, mais également de l'Italie et du Japon sont à cet égard emblématiques.

    La deuxième réponse techniquement possible serait de relancer les investissements d'infrastructures publiques: les besoins sont énormes d'autant qu'ils ont été sacrifiés depuis la crise. Et là c'est l'Allemagne qui est visée, alors que la situation de ses comptes publics lui laisse des marges de manœuvre que d'autres n'ont pas.

    Plus inquiétant, c'est l'ensemble des pays émergents dont la croissance structurelle est en train de marquer le pas.


    Le deuxième groupe de pays, les émergents, fait montre a priori d'une vigueur incomparable. Dans un premier temps, ils n'ont pratiquement pas été touchés par la crise financière provoquée par la chute de Lehman Brothers. Leurs finances publiques et privées étaient bien plus saines car moins sophistiquées, et leur potentiel de développement très supérieurs, dans la mesure où ils se trouvent dans une phase historique de rattrapage structurel. Leurs perspectives immédiates de croissance demeurent d'ailleurs relativement très favorables, en moyenne de 4,4% pour 2014 et 5% pour 2015. Ces chiffres marquent pourtant un ne retrait par rapport aux taux de 6% des années 2010-2012.

    La Chine par exemple est passée d'un rythme de 10% l'an à 7,4% cette année ; il est prévu 7,1% l'an prochain, et le FMI chiffre désormais à 6,3% la croissance à moyen terme de l'économie chinoise. Cette baisse de régime est dans l'ordre des choses car il correspond à une réorientation de la demande intérieure chinoise, attendue et souhaitée, vers les services.

    Plus inquiétant, c'est l'ensemble des pays émergents dont la croissance structurelle est en train de marquer le pas. Le FMI a calculé que leur taux avait reculé en moyenne de 1,5% entre 2011 et 2015. Ce changement de régime prend parfois des allures dramatiques, comme au Brésil qui s'est retrouvé en récession au premier semestre 2014 . Il semblerait que les grands évènements sportifs, telle la coupe du monde pour le Brésil cette année, ou les jeux olympiques organisés par la Grèce en 2004 ne ont mis à mal les finances, ne sont jamais très fastes pour les économies nationales!
    L'onde de choc de la grande crise financière de l'automne-hiver 2008 est donc loin d'avoir livré tous ses secrets. Si le pire a été évité, les défis qui s'énoncent au niveau de chaque nation restent à ce jour considérables et non résolus.

    Finalement c'est le troisième groupe, celui des pays en voie de développement qui n'ont pas encore «émergés», qui semblerait le mieux loti. Le FMI prévoit pour ces économies qui rassemblent principalement les pays d'Afrique sub-saharienne, un taux de croissance de 6,1% en 2014 et de 6,5% en 2015. Et cela «en dépit du ralentissement du prix des matières premières» notent les experts internationaux.

    Que les pays les plus pauvres ne soient pas réellement affectés par les difficultés des plus développés constitue évidemment une excellente nouvelle, car il en va du succès de la lutte contre la pauvreté, même si là aussi les épidémies, comme le virus Ebola, vont avoir également des effets économiques dévastateurs dans les trois pays les plus touchés, craint-on à Washington.

    L'onde de choc de la grande crise financière de l'automne-hiver 2008 est donc loin d'avoir livré tous ses secrets. Si le pire a été évité, la grande fermeture des frontières qui avait été fatale à la prospérité et à la paix dans les années 1930, les défis qui s'énoncent au niveau de chaque nation restent à ce jour considérables et non résolus.

    le figar
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