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Libye : "Les pays voisins sont devenus acteurs de la déstabilisation"

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  • Libye : "Les pays voisins sont devenus acteurs de la déstabilisation"

    La situation :

    La Chambre des représentants issue des élections du 25 juin ne contrôle plus rien. Chassée par l'offensive de milices venues de Misrata, proches des islamistes, elle s'est réfugiée à Tobrouk, à l'est du pays. C'est désormais le Conseil général national, le Parlement sortant, qui siège à Tripoli. La guerre civile a gagné la capitale comme le reste du pays. Les forces du général putschiste Khalifa Haftar, proche des milices de Zentan et du gouvernement de Tobrouk, affrontent régulièrement les milices de Misrata. L'espoir d'un règlement du conflit en interne semble bien mince et la communauté internationale s'est donc emparée du problème. Entretien.

    Le Point Afrique : Le pays est divisé entre une multitude de milices rivales. Parmi elles, celles de Misrata, qui ont repris le contrôle de l'aéroport de Tripoli, et celles de Zentan, proches du général putschiste Khalifa Haftar. Quelle est l'origine du conflit entre ces deux régions ?

    Hasni Abidi : Il y a une rivalité ancestrale entre les deux régions pour des raisons tribales et régionalistes. Muammar Kadhafi a joué habilement sur cette rivalité afin de maintenir un équilibre. Misrata a toujours été la ville de la classe moyenne, une ville marchande à la position géostratégique. Zentan abrite un peuple aguerri et plus rural. Les deux régions se sont toujours regardées en chien de faïence, mais les choses ont pris un tournant conflictuel après la chute de Muammar Kadhafi. Chacune voulait sa part du pouvoir, revendiquant une certaine légitimité révolutionnaire.

    Zentan a des liens avec la région de Bani Walid, un foyer important de pro-Kadhafi et qui détient Seïf el-Islam (le fils de Kadhafi). Les problèmes sont venus de là. Misrata accuse Zentan d'être la machine à blanchiment des anciens du régime. Les deux régions, qui ont bénéficié du largage des armes pendant la guerre civile, se sont donc constituées en milices rivales.

    La rivalité tribale s'est aujourd'hui transformée en un conflit plus politique, avec d'un côté les Misratis, proches des islamistes et des Frères musulmans, et de l'autre les Zentanis, plus modérés et proches du général putschiste Khalifa Haftar. Cette ligne de fracture est donc récente ?

    Les Misratis ont eu un coup d'avance sur les autres. Ils ont misé sur la mouvance islamiste. Non pas par accointance politique, mais parce que les Misratis savent que les islamistes peuvent être une force politique et protectrice. Misrata veut devenir une région sanctuaire pour bénéficier de la protection des islamistes. Mais c'est une caricature de réduire les divergences à une fracture basée sur la religiosité ou sur l'islamité. Misrata n'est pas plus islamiste que les autres, il s'agit d'un calcul opportuniste et politique. Cela lui a d'ailleurs permis de trouver des soutiens dans d'autres régions, notamment Benghazi, elle aussi proche des islamistes. Par ailleurs, la tentative de coup d'État du général Khalifa Haftar a envenimé la situation. Cette intervention militaire, soutenue par l'Égypte, a enflammé le pays et créé une scission.

    La communauté internationale s'inquiète de l'expansion de groupes terroristes en Libye, notamment Ansar al-Charia, et de ses liens supposés avec l'organisation État islamique en Irak. Qu'en est-il ?

    Il est très difficile d'avoir une idée précise des liens entre Ansar al-Charia et le groupe État islamique en Irak. Ces liens semblent beaucoup plus individuels qu'organiques. Il s'agit surtout de sympathies réciproques. Mais une chose est sûre, s'il n'y a pas un règlement rapide de la crise libyenne, le pays constitue un foyer de refuge par excellence des terroristes en cas de défaite militaire en Irak. Le terrain est propice et les mêmes conditions qu'en Irak sont réunies : absence de pouvoir, d'armée et de gouvernement. Cela ne peut que favoriser l'expansion de ces groupes. Mais n'oublions pas qu'il y a des frontières à traverser, notamment celles de l'Égypte. C'est d'ailleurs ce qui explique le volontarisme égyptien en faveur d'une intervention armée.

    Une intervention militaire est-elle souhaitable ?

    Les pays voisins sont devenus acteurs de la déstabilisation en Libye pour s'assurer la stabilité sur leurs propres territoires. L'Égypte ne peut pas agir toute seule et c'est pour ça qu'elle réclame l'appui des Émirats arabes unis et de la France. Brandir la menace d'une intervention comme l'a fait le ministre français de la Défense est maladroit et contre-productif. Une nouvelle intervention est porteuse d'incertitudes encore plus dangereuses qu'aujourd'hui et aggraverait les tensions qui règnent en Libye. S'ils procédaient à des frappes, les Français seraient du côté égyptien, et viseraient alors plutôt les islamistes de Misrata et Benghazi. Ce serait une guerre déclarée contre les Frères musulmans. Jusqu'alors, la France a essayé d'adopter une certaine neutralité. Soutenir corps et âme le Parlement de l'est du pays serait une décision dangereuse. Il est urgent d'épuiser toutes les solutions politiques avant de penser à une intervention militaire.

    L'Algérie est fermement opposée à toute intervention. Pourrait-elle changer d'avis et autoriser le survol de son territoire en vue d'éventuelles frappes aériennes ?

    Cela semble peu probable, car l'Algérie devrait subir les conséquences d'une intervention armée, notamment la radicalisation des islamistes, et c'est ce que craint Alger. Par ailleurs, le pays perdrait toute légitimité à organiser une médiation. L'Algérie souhaite mettre en place une table ronde avec les différentes parties libyennes. Il s'agira d'états généraux, une conférence qui obligera tous les acteurs à se réunir pour négocier un partage du pouvoir. Jusqu'à maintenant, les tentatives de médiation ont échoué, mais l'Algérie bénéficie d'une acceptation par toutes les parties, ce qui peut aider à résoudre la crise.

    Y a-t-il une issue politique au conflit libyen ?

    Nous avons aujourd'hui une nation divisée avec deux Parlements. Il paraît difficile que le gouvernement et la Chambre des représentants réfugiés à Tobrouk trouvent une nouvelle légitimité. Ils sont en exil et le pouvoir se trouve à Tripoli. Il y a par contre un projet en gestation : que les milices de Misrata et Zentan se partagent le Parlement et le gouvernement. Ce serait une sorte de cohabitation entre les deux parties en attendant de nouvelles élections. Il existe aussi une deuxième option, celle de la commission des soixante élus chargés de rédiger la Constitution. Cette assemblée constituante pourrait constituante pourrait gagner en importance et exercer plus de pouvoir que les deux Parlements.



    *Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen.


    le point fr

  • #2
    fatalement , les da3echiens d'irak se réfugiront en lybie à un moment donné.
    les turcs se chargeront de les laisser passer vers tripoli ou de les transporter sur place en toute discrétion , comme ils l'ont fait la premiére fois en ramenant les révolutionnaires lybiens sur le théatre syrien.
    Si l'instabilité politique n'est pas réglé rapidement labas , l'affrontement avec les combattants du baghdadi sera inévitable ..
    Allah wa3lem
    Sarkozy et bhl ont crées un beau merdier.
    Dernière modification par xenon, 11 octobre 2014, 12h52.
    ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
    On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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    • #3
      Sarkozy et bhl ont crées un beau merdier.
      exact xenon et jajouterai certains pays arabes qui ont soutenu directement ou indirectement cette soi disante revolte...

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      • #4
        oui , ils ont commis en lybie la même erreur commise en irak , c'est à dire la destruction de l'Etat lybien et de son armée .
        entre nous je ne pense pas que ca soit une erreur de leur part mais bien un plan programmé à l'avance , comme ce da3ech qui doit être dans les cartons des sorciers de la CIA et du Mossad depuis des lustres .

        il y'avait moyen à trouver une alternative politique à Kaddafi tout en assurant
        la pérénnité de la lybie , les coalisés ( frange , GB , pays du golfe ..etc) ont tout fait pour que toutes les initiatives soient sabotés.

        c'est l'Algérie et l'Egypte la tunisie (et Maroc un peu plus tard) qui paieront l'addition, pour le Mali c'est déja fait.
        ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
        On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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        • #5
          c'est l'Algérie et l'Egypte la tunisie (et Maroc un peu plus tard)
          Merci les montagne de l'atlas ..... et accesoirement les mokaddem.
          " Je me rend souvent dans les Mosquées, Ou l'ombre est propice au sommeil " O.Khayaâm

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          • #6
            " Cela semble peu probable, car l'Algérie devrait subir les conséquences d'une intervention armée, notamment la radicalisation des islamistes, et c'est ce que craint Alger. "

            La constitution algérienne interdit au pays une intervention militaire hors de son territoire. En revanche, cette même Constitution contraint le pays d'apporter soutien à toute cause indépendantiste. Et c'est là son fleuron.

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            • #7
              Les pays voisins sont devenus acteurs de la déstabilisation en Libye pour s'assurer la stabilité sur leurs propres territoires.
              cette phrase semble contredire le reste de l'analyse de Hasni Abidi: évidemment la journaliste du point l'a toute de suite reprise car un peu racoleuse...de toutes façons c'est normal que les pays voisins s'inquiètent que l'instabilité qui règne en Libye débordent chez eux.
              c'est déjà pas mal que ces pays ne demandent pas des comptes à ceux qui y ont foutu la m...de, puisqu'ils sont directement impactés.Mais bon ils n'en ont pas les moyens non plus:22:

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