Lors de sa visite à Alger, Marc Trévidic sera accompagné d’un autre juge antiterroriste, Nathalie Poux, ainsi que d’une équipe d’experts français.
C’est en plein déploiement d’un dispositif important de recherche des assassins du touriste français Hervé Gourdel que le juge antiterroriste, Marc Trévidic, arrive à Alger dans le cadre du dossier de l’assassinat, en 1996, des sept moines de Tibhirine. Le juge français est attendu aujourd’hui dans la capitale algérienne pour assister à l’exhumation et l’autopsie des têtes des moines assassinés dans la région de Médéa. Marc Trévidic sera accompagné d’un autre juge antiterroriste, Nathalie Poux, ainsi que d’une équipe d’experts français. Reportée déjà à deux reprises, cette visite marque, selon le juge français, «un moment unique» dans l’histoire de la coopération judiciaire entre la France et l’Algérie.
«C’est un soulagement pour moi et pour les familles qui ont quand même mis beaucoup de pression… Mieux vaut tard que jamais, c’est l’occasion unique de démontrer que la France et l’Algérie peuvent coopérer judiciairement sur un dossier sensible, je suis sûr que cela va bien se passer», a déclaré Marc Trévidic dans une interview accordée à France Inter. Le juge, qui avait insisté sur la présence d’experts français pour l’autopsie des têtes des moines afin de déterminer, entre autres analyses, la présence d’impacts de balle et si la décapitation a eu lieu avant ou après leur mort, a noté que l’examen se fera sous la direction du juge algérien. «Les juges algériens ont des équipes d’experts aussi, les experts des deux pays vont travailler ensemble et le juge algérien chapeautera… C’est quand même sous la juridiction algérienne que ça se fera», a-t-il précisé.
M. Trévidic estime que la coopération avec l’Algérie est importante car «le terrorisme est encore d’actualité». Et de noter : «Il y a de vielles affaires, il y a Gourdel aussi et d’autres dossiers.» Invité à donner son avis sur l’affaire Gourdel et si «les choses se feront dans plus de transparence», le juge français a répondu qu’il est «persuadé que l’Etat algérien a tout intérêt et envie de trouver les responsables».
Du côté de la presse française, la visite de Marc Trévidic est largement commentée. Une dépêche de l’AFP Paris annonce la venue du juge français en soulignant que l’assassinat des moines de Tibhirine reste non élucidé puisque le doute sur les auteurs est toujours soulevé par les familles.
«Assassinat par des islamistes, bavure de l’armée algérienne, crime fomenté par les Services, de nombreuses thèses ont été avancées», indique la dépêche, en notant que l’analyse des têtes permettra d’éliminer certaines thèses et d’en confirmer d’autres. «Ce voyage a fait l’objet de longues tractations entre Paris et Alger, où une enquête est également en cours. Et les deux reports successifs après l’accord de principe donné par Alger, en novembre 2013, avaient suscité l’agacement du juge Trévidic», rappelle-t-on.
Si après trois ans, ils ont pu arriver à convaincre les autorités algériennes d’exhumer les têtes des moines, les juges français n’ont toujours pas obtenu l’autorisation d’interroger une vingtaine de témoins, dont des ravisseurs des moines. Le rapt survenu dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 puis l’assassinat des moines, revendiqué par le Groupe islamique armé (GIA) le 21 mai de la même année, n’a eu de cesse de nourrir des doutes sur la version officielle du fait que seules les têtes des moines ont été retrouvées sur une route de montagne. Le refus des autorités algériennes, jusqu’alors, d’ouvrir le dossier a été à l’origine de tensions entre Alger et Paris.
L’affaire des moines de Tibhirine connaît un rebondissement en 2009 et devient une vraie énigme, notamment après qu’un ancien attaché militaire de l’ambassade de France à Alger, le général François Buchwalter, ait avancé la thèse de la bavure militaire en se basant sur le témoignage d’un militaire algérien. Il affirmait ainsi que «des hélicoptères de l’armée ont tiré sur un bivouac d’un groupe armé… Une fois posés, ils ont découvert qu’ils avaient tiré notamment sur les moines, dont les corps étaient criblés de balles, et c’est pour dissimuler cette bavure que les corps auraient été décapités».
Nul doute que l’examen des têtes des moines apportera un éclairage certain sur une affaire qui a fait couler beaucoup d’encre et suscité bien des interrogations.L’avocat des familles des victimes, maître Patrick Baudouin, s’est dit pour sa part satisfait de voir les deux magistrats français se rendre enfin à Alger. «Nous espèrons que ce déplacement se déroulera dans de bonnes conditions et permettra d’obtenir des résultats tangibles», a-t-il déclaré.
Nadjia Bouaricha
C’est en plein déploiement d’un dispositif important de recherche des assassins du touriste français Hervé Gourdel que le juge antiterroriste, Marc Trévidic, arrive à Alger dans le cadre du dossier de l’assassinat, en 1996, des sept moines de Tibhirine. Le juge français est attendu aujourd’hui dans la capitale algérienne pour assister à l’exhumation et l’autopsie des têtes des moines assassinés dans la région de Médéa. Marc Trévidic sera accompagné d’un autre juge antiterroriste, Nathalie Poux, ainsi que d’une équipe d’experts français. Reportée déjà à deux reprises, cette visite marque, selon le juge français, «un moment unique» dans l’histoire de la coopération judiciaire entre la France et l’Algérie.
«C’est un soulagement pour moi et pour les familles qui ont quand même mis beaucoup de pression… Mieux vaut tard que jamais, c’est l’occasion unique de démontrer que la France et l’Algérie peuvent coopérer judiciairement sur un dossier sensible, je suis sûr que cela va bien se passer», a déclaré Marc Trévidic dans une interview accordée à France Inter. Le juge, qui avait insisté sur la présence d’experts français pour l’autopsie des têtes des moines afin de déterminer, entre autres analyses, la présence d’impacts de balle et si la décapitation a eu lieu avant ou après leur mort, a noté que l’examen se fera sous la direction du juge algérien. «Les juges algériens ont des équipes d’experts aussi, les experts des deux pays vont travailler ensemble et le juge algérien chapeautera… C’est quand même sous la juridiction algérienne que ça se fera», a-t-il précisé.
M. Trévidic estime que la coopération avec l’Algérie est importante car «le terrorisme est encore d’actualité». Et de noter : «Il y a de vielles affaires, il y a Gourdel aussi et d’autres dossiers.» Invité à donner son avis sur l’affaire Gourdel et si «les choses se feront dans plus de transparence», le juge français a répondu qu’il est «persuadé que l’Etat algérien a tout intérêt et envie de trouver les responsables».
Du côté de la presse française, la visite de Marc Trévidic est largement commentée. Une dépêche de l’AFP Paris annonce la venue du juge français en soulignant que l’assassinat des moines de Tibhirine reste non élucidé puisque le doute sur les auteurs est toujours soulevé par les familles.
«Assassinat par des islamistes, bavure de l’armée algérienne, crime fomenté par les Services, de nombreuses thèses ont été avancées», indique la dépêche, en notant que l’analyse des têtes permettra d’éliminer certaines thèses et d’en confirmer d’autres. «Ce voyage a fait l’objet de longues tractations entre Paris et Alger, où une enquête est également en cours. Et les deux reports successifs après l’accord de principe donné par Alger, en novembre 2013, avaient suscité l’agacement du juge Trévidic», rappelle-t-on.
Si après trois ans, ils ont pu arriver à convaincre les autorités algériennes d’exhumer les têtes des moines, les juges français n’ont toujours pas obtenu l’autorisation d’interroger une vingtaine de témoins, dont des ravisseurs des moines. Le rapt survenu dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 puis l’assassinat des moines, revendiqué par le Groupe islamique armé (GIA) le 21 mai de la même année, n’a eu de cesse de nourrir des doutes sur la version officielle du fait que seules les têtes des moines ont été retrouvées sur une route de montagne. Le refus des autorités algériennes, jusqu’alors, d’ouvrir le dossier a été à l’origine de tensions entre Alger et Paris.
L’affaire des moines de Tibhirine connaît un rebondissement en 2009 et devient une vraie énigme, notamment après qu’un ancien attaché militaire de l’ambassade de France à Alger, le général François Buchwalter, ait avancé la thèse de la bavure militaire en se basant sur le témoignage d’un militaire algérien. Il affirmait ainsi que «des hélicoptères de l’armée ont tiré sur un bivouac d’un groupe armé… Une fois posés, ils ont découvert qu’ils avaient tiré notamment sur les moines, dont les corps étaient criblés de balles, et c’est pour dissimuler cette bavure que les corps auraient été décapités».
Nul doute que l’examen des têtes des moines apportera un éclairage certain sur une affaire qui a fait couler beaucoup d’encre et suscité bien des interrogations.L’avocat des familles des victimes, maître Patrick Baudouin, s’est dit pour sa part satisfait de voir les deux magistrats français se rendre enfin à Alger. «Nous espèrons que ce déplacement se déroulera dans de bonnes conditions et permettra d’obtenir des résultats tangibles», a-t-il déclaré.
Nadjia Bouaricha
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