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Passeport biométrique : Chronique d’une pagaille annoncée

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  • Passeport biométrique : Chronique d’une pagaille annoncée

    La décision des autorités d’augmenter, à partir de janvier 2015, le prix de la taxe perçue pour l’établissement du passeport biométrique (de 2000 DA à 10 000 DA selon le projet de loi de finances pour 2015) a créé un problème dont se seraient passés les services des daïras : le nombre de demandeurs a augmenté et les délais se sont allongés.


    A Hussein Dey, le hall d’accueil de la daïra ne désemplit plus. «Il y a actuellement une forte pression sur les agents. Le service reçoit depuis quelques jours une moyenne de 150 demandes par jour. C’est bien plus que d’habitude. Le chiffre dépassait rarement les 100 demandes depuis la mise en circulation du document, le 5 janvier 2012», précise une source de cette circonscription administrative, qui couvre quatre communes (Hussein Dey, Kouba, El Magharia, Belouizdad). L’attente des demandeurs de nouveau passeport ou de renouvellement risque de durer plus longtemps que prévu.

    «Les demandeurs reçoivent leurs passeports au bout de 15 à 20 jours. Nous fournissons des efforts colossaux pour satisfaire le plus de demandes en peu de temps. L’équipe a été mise à rude épreuve ces derniers jours en raison du hadj (pèlerinage aux Lieux Saints). La circonscription délivre aujourd’hui jusqu’à 700 passeports biométriques par semaine. A ce quota, déjà très important, il faut ajouter celui des passeports ordinaires délivrés le jour même pour les cas les plus urgents. Il suffit d’un justificatif pour se faire délivrer son passeport, ordinaire bien sûr, le jour du dépôt», signale notre source qui affirme «jalouser» les daïras de l’intérieur du pays qui ne reçoivent qu’une dizaine de demandes.

    Depuis le début de l’opération, en janvier 2012, la wilaya déléguée, classée daïra-pilote par le ministère de l’Intérieur, a reçu 80 000 demandes de passeport biométrique. «Le nombre total des demandes est à ce jour de 80 000. Les retraits sont estimés, par contre, à 60 000», relève-t-on.

    Si la daïra de Hussein Dey a réussi bon an, mal an, à satisfaire ses demandes, le constat n’est guère le même dans les autres circonscriptions administratives de l’Algérois et de certaines grandes villes du pays. A la daïra Dar El Beïda, qui couvre huit communes, les demandeurs attendent plusieurs jours avant de tenir entre leurs mains le fameux document. «Il a fallu un coup de pouce d’une connaissance pour me faire délivrer mon passeport avant la date de mon rendez-vous d’affaires en Allemagne. J’ai attendu plus de deux mois. C’est terrible ce qu’on fait subir aux gens dans cette daïra. Certes, je n’ai pas été obligé de fournir la trentaine de documents du début de l’opération, mais le supplice subi est le même. Il m’a fallu six mois pour avoir le passeport», raconte un habitant des Bananiers, dans la commune de Mohammadia.

    L’Intérieur acculé

    Depuis son introduction en 2012, l’opération de délivrance du passeport biométrique fait face à plusieurs problèmes : dossier pléthorique, mesures flicardes, lenteurs administratives, sous-effectif dans les daïras, malaise au Centre des titres sécurisés (CTS) d’El Hamiz (Dar El Beïda) sous-équipé, etc.

    Le ministre de l’Intérieur, Tayeb Belaïz, a estimé, dans une déclaration faite en début d’année, que l’Algérie se conformera «avec une année d’avance», aux dispositions de la convention internationale relative à l’aviation civile qui stipule qu’à partir de novembre 2015, aucune personne ne pourra voyager sans présenter un passeport biométrique. «Le Centre national de biométrie sera renforcé en moyens pour lui permettre d’émettre, à partir de mars prochain, environ 18 000 passeports par jour. Par simple calcul, cela veut dire que tous les Algériens, y compris ceux établis à l’étranger, pourront avoir leur passeport biométrique à fin décembre 2014», avait tenu à assurer, en janvier dernier, M. Belaïz lors d’un point de presse à l’issue d’une visite de travail et d’inspection dans la wilaya d’Alger.

    «De 2000 passeports biométriques produits par jour il y a quelques mois, le Centre national de biométrie a augmenté ses capacités pour émettre jusqu’à 6000 passeports/jour actuellement», avait-il ajouté. Sauf que le même responsable ne semble pas aussi optimiste qu’en début d’année. En août dernier, il a dû battre sa coulpe. «J’ai donné des instructions pour finaliser l’opération de délivrance des passeports biométriques au 31 décembre prochain, mais le délai sera repoussé au début de l’année 2015, en raison d’éventuelles pannes des appareils», s’est-il contenté de dire. Le délai imparti ne sera pas, semble-t-il, respecté et les autorités risquent de «se faire taper sur les doigts» par l’Organisation de l’aviation civile internationale, qui a exigé la finalisation de l’opération.

    Selon des sources, le Centre de biométrie ne produit pas de quotas suffisants pour régler le problème. «Le CTS produit avec deux machines une moyenne de 8000 passeports/jour, pas plus. Le ministre s’est lancé un défi en janvier. Il voulait faire produire 18 000 passeports/jour pour prendre en charge, avant décembre 2014, les 6 millions de passeports ordinaires en circulation. L’augmentation de la taxe a été décidée pour attirer les usagers. Avec les deux machines en fonction actuellement, le centre ne peut pas aller au-delà de 10 000 passeports/jour. Les machines sont fortement sollicitées. Elles tombent souvent en panne en raison de la forte charge (7j/7).

    Le ministre a voulu en finir avec le passeport biométrique pour lancer la carte d’identité nationale en début d’année prochaine. Il n’est plus possible de respecter l’échéance de la fin de l’année pour épurer le dossier du biométrique et retirer tous les passeports ordinaires», estime notre source.

    Depuis le début de l’opération, en janvier 2012, près de 3 millions de passeports biométriques sont sortis des presses du CTS. Celui-ci compte acquérir deux machines du fournisseur hollandais IAI. «La cadence doit être renforcée pour respecter l’échéance de l’Aviation civile internationale. Le centre devrait recevoir les deux machines incessamment. Un autre centre de production doit ouvrir à Laghouat. Ce dernier, qui devait être réceptionné en même temps que l’établissement d’El Hamiz, devait servir initialement de centre de secours pour stocker les données. Mais vu la charge actuelle, le ministère de l’Intérieur a décidé d’en faire un centre de production comme celui d’El Hamiz», ajoute notre interlocuteur, qui assure que la cadence actuelle doit être renforcée l’année prochaine pour espérer respecter la date butoir de l’Organisation de l’aviation internationale.

    Les ingénieurs «parqués» dans des logements sociaux : Malaise au Centre national de biométrie

    Les ingénieurs du Centre des titres sécurisés (CTS) d’El Hamiz, à Dar El Beïda (Alger) dénoncent le mépris affiché par leur hiérarchie à leur égard. Ramenés des wilayas de l’intérieur, la quarantaine d’ingénieurs en informatique chargés du bon fonctionnement de la chaîne de production de passeports biométriques se plaignent de leurs conditions d’hébergement depuis le lancement du projet, en janvier 2010.

    «Du temps de l’ancien ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, il était convenu de nous loger dans des appartements décents avec nos familles. Au lieu de cela, la direction nous a hébergés de manière illégale dans des appartements sociaux locatifs de l’OPGI à la cité des 800 Logements de Mohammadia. Les frais de l’OPGI, Sonelgaz et autres services n’ont étrangement jamais été payés. L’électricité, coupée deux fois, n’a été rétablie qu’après une intervention», s’indigne l’un des rédacteurs d’un courrier de protestation adressé au ministre de l’Intérieur, dont El Watan détient une copie.

    Ce n’est qu’en janvier dernier que M. Belaïz, qui a remplacé à son poste Ould Kablia, a ordonné la «régularisation» de la situation des employés du centre. Les concernés sont informés qu’ils occupent désormais des logements de fonction incessibles. «On nous astreint à payer un loyer de 3000 DA et toutes les autres charges avec des salaires ne dépassant pas 30 000 DA. Ce que semblent oublier les responsables, qui ont d’autres soucis que de rassurer les ingénieurs, c’est qu’on nous a retirés du salaire 27 000 DA par mois durant quatre ans (2010-2014). Nous avons payé 110 millions de centimes par ingénieur, alors que le logement social de l’OPGI, payé sur 25 ans, coûte 75 millions à son attributaire. Le ministre Belaïz, sensibilisé sur notre cas, avait l’intention de répondre à nos revendications. Nous réclamons la cession de ces appartements», soulignent les rédacteurs, qui mettent en avant les pressions qu’ils subissent.

  • #2
    Le premier passeport biométrique falsifié remonte à 2012

    Alors que l’ex-ministre de l’Intérieur avait indiqué, il y a deux ans, que le nouveau passeport biométrique «est infalsifiable», le démenti de cette «assurance» est venu de la daïra de Bouzaréah, à Alger, où un élu a réussi à falsifier un passeport biométrique avec l’aide de ses complices de l’APC de Ben Aknoun, pour proposer aux «clients» la vente de ce document contre 5 millions de centimes. L’affaire remonte à 2012. La compagnie de la Gendarmerie nationale de Bir Mourad Raïs a traité une première scandale de falsification du nouveau passeport biométrique.

    Les individus impliqués dans cette affaire inédite sont nombreux, parmi eux un élu de la daïra de Bouzaréah et ses deux acolytes travaillant à l’APC de Ben Aknoun ont été arrêtés. Les gendarmes avaient reçu des renseignements sur l’existence d’un réseau spécialisé dans le trafic et la vente de permis de conduire dans l’Algérois. Partant de ces renseignements, les enquêteurs ont ouvert une enquête dans le but de localiser le réseau. En quelques jours d’investigations, les gendarmes enquêteurs ont réussi à identifier le cerveau du réseau, qui n’est autre que l’élu de la daïra de Bouzaréah. Ce denier a été intercepté, quelques jours après l’ouverture de l’enquête, par les gendarmes au niveau du carrefour de Ben Aknoun, conduisant son véhicule en état d’ivresse.

    Lors de la fouille de la voiture, les gendarmes ont découvert un passeport biométrique et des permis de conduire. Le passeport biométrique a été emmené au laboratoire de l’Institut national de criminologie et criminalistique (INCC ) à Bouchaoui, et ce, dans le but de savoir si le document officiel était authentique ou falsifié. Retour sur ce qui a été dévoilé par l’élu lors de son interrogatoire : ce dernier avait avoué son implication dans le trafic et la vente de passeports biométriques et de permis de conduire. Selon ses aveux, deux autres personnes l’ont aidé à falsifier les permis de conduire et passeports biométriques, en utilisant des cachets de l’APC de Ben Aknoun et ceux de la daïra de Bouzaréah.

    Chaque permis de conduire falsifié par le réseau était vendu 12 millions de centimes, tandis que le passeport biométrique truqué était cédé 5 millions de centimes. Les membres de ce réseau de falsification de documents officiels ont avoué avoir reçu plusieurs commandes de clients «spéciaux» venant de plusieurs wilayas du pays. (Sofiane. Abi)


    Nadir Iddir- El Watan

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