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Afrique - Pays du Golfe : le grand réveil ?

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  • Afrique - Pays du Golfe : le grand réveil ?

    Durant la décennie 2000, les relations commerciales ont bondi de 270 %. Pour les pays du Golfe, l'Afrique ne se limite désormais plus au Maghreb.

    Le Koweït ouvre la voie, Dubaï suit
    Le Koweït a été précurseur dans ses relations avec le continent noir, à travers le Koweït Fund for Arab Economic Development (KFAED). Ses groupes familiaux, à l'instar de Kharafi, y sont également présents. Les Émirats arabes unis ont su tourner l'accumulation de leur savoir-faire dans le management de la globalisation en un avantage comparatif qui joue à plein en Afrique. Les émirats sont aujourd'hui le pays le plus "Africa oriented" du Moyen-Orient. Signe révélateur, Dubaï, qui entend s'imposer comme le "New York du XXIe siècle" pour les Africains, a organisé en 2013 la première édition de l'Africa Global Business Forum. Quant au Qatar, il s'intéresse de plus en plus à l'Afrique. Le renforcement prochain d'Al Jazeera en Afrique contribuera sans doute à accroître le rayonnement de l'émirat sur ce continent. L'Arabie saoudite, elle, a une présence discrète en Afrique, mais réelle grâce notamment à la présence active de nombreux groupes saoudiens dans le domaine minier, agricole, de la construction et du tourisme religieux. Oman, enfin, est présente de longue date en Afrique, notamment dans l'archipel de Zanzibar et, plus largement, à l'est du continent.


    Ce que l'Afrique peut attendre des pays du Golfe
    Leur approche est davantage "business". Les pays du Golfe sont plus portés sur l'investissement que sur l'aide au développement. Ils travaillent pour ainsi dire avec les pays africains comme avec n'importe quel autre partenaire. Autre élément : les pays du Golfe ne sont pas, contrairement à d'autres, focalisés sur le secteur des matières premières. Ils disposent de réserves de pétrole parmi les plus abondantes de la planète et, de fait, contribuent dans une certaine mesure à une plus grande diversification des économies subsahariennes.

    Une présence dans plusieurs secteurs
    Dans le transport aérien, les compagnies du Golfe ont multiplié ces derniers temps les liaisons entre les capitales africaines. Emirates y possède le réseau le plus étendu, suivi par Qatar Airways, puis Etihad. Conséquence : nombre de multinationales opérant en Afrique ont choisi les émirats pour y implanter leur division "Afrique". Dans le transport maritime, DP World est présent sur le continent africain depuis 2000, à Dakar au Sénégal, Djibouti et au Mozambique. Dans la téléphonie, les compagnies du Golfe figurent parmi les leaders du marché, hier avec le koweïtien Zaïn, aujourd'hui avec l'émirati Etisalat, via Maroc Telecom.

    Dans la finance, le prince saoudien Al-Walid a été précurseur avec ses fonds d'investissement Pan African Investment Partners I et II. Aujourd'hui, l'un des deux actionnaires de référence d'EcoBank, l'une des banques panafricaines les plus solides sur le continent, n'est autre que Qatar National Bank. Quant à Investment Corp of Dubaï (ICD), il a investi dans Dangote Cement, la plus grande société cotée à la Bourse de Lagos. À l'avenir, les investissements financiers des pays du Golfe en Afrique devraient sensiblement augmenter grâce aux fonds souverains, qui sont en train d'étoffer leur département "Afrique" et la multiplication des émissions de titres obligataires sukuk ("Charia compatible").

    Dans les médias, c'est un consortium de Dubaï qui finance en grande partie CNBC Africa. Aujourd'hui, c'est Al Jazeera qui anime le marché. Enfin, depuis peu, les pays du Golfe s'intéressent aux matières premières africaines, agricoles et minières, à l'instar de Mubadala et de AMER, un fonds codirigé par Mohamed Alabbar, mais aussi aux hydrocarbures. Ainsi, Qatar Petroleum International est entré au capital de Total E&P Congo et Hamad Ben Jassem a racheté, lui, la junior pétrolière Heritage Oil.

    Un partenariat gagnant-gagnant ?
    Les pays du Golfe sont en mesure d'exercer un véritable pouvoir d'attraction en Afrique auprès des pays musulmans (35 % de la population d'Afrique subsaharienne est de religion musulmane), des pays sahéliens (les émirats du Golfe démontrent, chacun à leur façon, qu'un pays désertique n'est pas condamné au sous-développement économique), des pays pétroliers (les mécanismes de bonne gestion de la manne pétrolière mis en place par les pays du Golfe sont regardés avec attention en Afrique) et des États qui cherchent des modèles de développements alternatifs à ceux proposés par l'Occident ou par la Chine.

    Tous ces atouts, cumulés à un contexte propice - l'Afrique a besoin de capitaux, le Golfe en regorge -, font que les relations entre ces deux régions du monde, aux économies complémentaires, devraient se renforcer dans les prochaines années. L'ampleur de ce mouvement dépendra sans doute de la capacité des chefs d'entreprise africains à nouer des contacts directs et privilégiés avec leurs homologues du Moyen-Orient, dont les conglomérats familiaux, à l'instar de celui de Mohammed Al Amoudi, saoudien d'origine éthiopienne, possèdent la force de frappe financière et l'agilité nécessaires pour mener à bien d'ambitieux projets. Elle dépendra également de la faculté des fonds souverains du Golfe à co-investir aux côtés de groupes européens, dont l'expertise et l'expérience africaines leur seraient d'un précieux concours.

    le point

    * présidents de CAPafrique et CAPmena
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