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Eric Goldestein, Directeur adjoint Moyen-Orient et Afrique du Nord de HRW « Il n’y a pas de prisonniers politiques

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  • Eric Goldestein, Directeur adjoint Moyen-Orient et Afrique du Nord de HRW « Il n’y a pas de prisonniers politiques

    salam

    Directeur adjoint du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord de Human Rights Watch, Eric Goldestein a présenté ce matin, à Alger, lerapport sur l’état des droits de l’homme dans les camps de réfugiés sahraouis. Dans cet entretien, il revient sur les conditions dans lesquelles l’équipe d’auditeurs et sur la situation des Droits de l’homme dans ces camps de réfugiés placés sous la responsabilité du Front Polisario.


    Eric Goldestein, Directeur adjoint Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch - Photos: Mohamed Kaouche
    Entretien réalisé par Tarek Hafid

    Dans quelle condition s’est déroulé le travail de collecte d’informations dans les camps de réfugiés sahraouis ?

    Avant tout, il faut reconnaitre que les conditions de vie sont difficiles. Les camps sont très isolés. Human Rights Watch a pour habitude d’être en contact avec les citoyens, les représentants d’associations, les avocats et les diplomates. Nous travaillons en réseau. Mais dans les camps de réfugiés, les choses fonctionnent autrement. Ce n’est pas Rabat ou Alger. Il faut du temps et trouver des personnes à travers le bouche à oreille. Ces conditions rendent le travail plus difficile. Mais nous n’avons pas subi d’entraves de la part des autorités sahraouies. Nous avons pu entrer et travailler dans les camps en liberté. Ceci dit, sur place, les gens se connaissent et donc peuvent très facilement suivre le parcours des représentants de notre ONG. Cela peut rendre hésitant les personnes qui souhaitent témoigner. Le fait que les deux chercheurs parlent arabe et hassania a facilité la tâche. J’estime que nous avons eu une idée assez exacte de ce qui va bien et ce qui ne va pas.

    Suite au séjour des deux représentants de votre ONG, des réfugiés qui ont témoigné se sont plaints d’avoir subi des représailles ?

    Non. Après avoir quitté les camps, ils sont même restés en contact. Les personnes, les associations et les avocats sont joignables par téléphone et email. Nous n’avons pris connaissance d’aucunereprésailles à leur encontre.

    Aujourd’hui, quelle est votre impression générale sur la situation des Droits de l’homme dans les camps de réfugiés Sahraouis ?

    Durant les années de guerre, c’est-à-dire avant la signature de l’accord de cessez-le-feu de 1991, je crois que la répression était plus farouche, tant du côté sahraoui que du côté marocain qui a commis des atrocités au Sahara Occidental. Actuellement, les choses se sont allégées dans les deux camps et il n’y a pas de graves violations généralisées. Dans les camps, certaines personnes sont victimes de représailles à cause de restrictions en matière de liberté d’expression. Mais à notre connaissance, il n’y a pas de prisonniers politiques dans les camps sahraouis. Le dernier cas enregistré a été celui de Ould Selma en 2010. Il y a également beaucoup de polémiques au sujet de la liberté de circulation des réfugiés. Nous nous sommes focalisés sur la possibilité de quitter les camps afin d’aller vers la Mauritanie et le Sahara-Occidental (occupé) et aussi vers l’Europe. Il y a des procédures à suivre et ça peut trainer dans le temps pour se rendre en Europe, à cause de la question du visa Schengen. Mais nous n’avons pas constaté un blocage pour quitter les camps.

    Donc cette idée imposée par les autorités marocaines qui présentent les réfugiés Sahraouis comme des « Marocains séquestrés par le Front Polisario » est fausse…

    (Rires). Nous n’avons pas trouvé de séquestrations. Nous ne considérons pas que ce soit le bon terme pour désigner ces réfugiés.

    Dans son rapport, votre ONG considère que l’Algérie devrait s’impliquer concrètement dans la protection des Droits de l’homme dans les camps sahraouis. Pourquoi une telle recommandation ?

    Le Polisario gère les camps et du moment que toutes les personnes jouissent pleinement de leurs droits, il n’y a pas de raison que l’Algérie intervienne. Ceci dit, s’il y a des violations et que le Polisario ne met pas fin à ces actes, il est du devoir de l’Algérie, selon le droit international, d’intervenir pour protéger les droits de personnes concernées. Les camps de réfugiés se trouvent sur le sol algérien, et même s’il existe des conventions entre les deux pays, cela n’exonère pas l’Algérie de veiller à ce que les Droits de l’homme de toute personne résidant sur son territoire soit respectés.

    Ne pensez-vous pas que Human Rights Watch, au même titre que d’autres ONG, a fait preuve d’inefficacité dans la question de l’élargissement du mandat de la Minurso à la protection des Droits de l’homme dans les territoires occupés par le Maroc ?

    Nous sommes face à des puissances membres du Conseil de sécurité de l’ONU. Il n’y a que la France et les Etats-Unis qui bloquent. La Chine et la Russie n’ont plus pris position contre le mandat de la Minurso. L’argument du Maroc est que cela peut porter atteinte à la souveraineté qu’il revendique sur ce territoire contesté.

    Pourtant en 2013, un changement de position de l’administration américaine envers le Maroc le Conseil de sécurité a failli inclure l’élargissement du mandat de la Minurso dans sa résolution. Pour les ONG, la clé se trouve donc aux Etats-Unis où il est nécessaire d’engager des actions de lobbying…

    Nous le faisons, mais au sein de l’administration américaine l’opinion est divisée. Il existe également des liens assez forts avec le Maroc qui incluent une coopération militaire et aussi une coopération dans la lutte contre le terrorisme. Cela fait qu’il existe un fort soutien aux thèses marocaines. Le dossier du Sahara Occidental est le dossier primordial pour les autorités marocaines, elles ont toujours eu le soutien des Etats-Unis l’adoption des résolutions au Conseil de sécurité de l’ONU. Mais en 2013, nous avions été très encouragés par cette tentative américaine. Mais les Etats-Unis ont vite reculé et ne sont pas allés jusqu’au bout, car ils se heurtaient à l’opposition paniquée du Maroc. D’autres membres n’avaient pas soutenu l’initiative en disant que cela était mal coordonné.

    Human Rights Watch est absente en Algérie depuis 2005. Si les autorités algériennes n’avaient autorisé la présentation de ce rapport à Alger, où auriez-vous organisé cette conférence de presse ?

    Nous avions un plan B qui aurait consisté à organiser une conférence virtuelle sur Internet avec un lien pour ceux qui souhaitent intervenir en ligne. Notre politique consiste à organiser la conférence dans le pays le plus concerné. Dans ce cas-ci, c’est un rapport sur les camps de Tindouf en Algérie, nous n’allions pas l’organiser au Maroc. C’est ce que nous voulions et heureusement, les autorités algériennes ont accepté notre proposition.

    T.H.
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