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AURÈS DE SAÏDA ABOUBA : L’art de la parole consacré dans un roman

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  • AURÈS DE SAÏDA ABOUBA : L’art de la parole consacré dans un roman

    L’esprit de l’entraide, du respect des personnes âgées, la valeur de la parole et de fidélité sont savamment mis en exergue dans ce roman, qui évoque le rapport aux ancêtres et au passé, dans une prose rythmée, portée par un réel sens de la narration de l’auteure.

    L’Aurès, le pays chaoui, n’a jamais cessé de charmer et d’être continuellement une source d’inspiration pour ses enfants, mais aussi pour les artistes, les voyageurs, ou encore les écrivains. Saïda Abouba vient de le confirmer avec son roman intitulé sobrement Aurès.
    Elle (se) raconte ; elle livre le récit d’une montagne qui est la sienne. “C’est une histoire d’amour entre moi et la montagne”, confie-t-elle. “Dans l’arrière-pays, les choses semblent bien se passer et la vie reprendre son cours normal. Nous dans les Aurès, au début de l’indépendance, les braves ont mis fin à des années d’exploitation et de joug colonial. Tous les rêves sont permis. Vivre ensemble, avec les mêmes chances et partager les richesses. Construire un pays fort, qui a donné le meilleur de ses enfants pour son indépendance”, note l’auteure dans son roman. Cependant, une guerre ne fait pas de cadeau, bien au contraire, les stigmates et séquelles sont encore apparents et douloureux.
    Les souffrances sont aussi très nombreuses, et parmi celles-ci, celles des orphelins de cette même guerre. L’auteur avec des mots simples, ayant des fois recours au parler chaoui, raconte l’histoire d’un orphelin qui n’a d’autres parents que sa grand-mère – Nena, comme disent les habitants de la montagne. Elle lui donne toute son affection et sa force pour le faire grandir et devenir adulte, un homme mûr.
    L’esprit de l’entraide, du respect des personnes âgées, la valeur de la parole et la fidélité sont savamment mis en exergue. Rendre le bien et l’aide qu’on a reçus est comparé par l’auteur à une “amana”, quelque chose que le personnage principal doit accomplir, un devoir envers son entourage. Ce n’est que la suite logique dans cette histoire où les générations ne vivent aucun conflit, bien au contraire, elles sont en harmonie et en parfaite entente.
    Cependant, la mort de l’ancêtre à un moment de la vie semble ouvrir la porte à toutes les incertitudes. Comme si on avait ôté une sécurité, une voix de sagesse, et le monde bascule. Le monde est moins sûr, le pays vit des années noires (la décennie noire) ; ce qui était quiétude n’est que vacarme et pleurs.
    Si les anciens n’ont rien vu à ce cauchemar et ils ne l’auraient même pas imaginé se passer chez eux, ce sont les arrière-petits-fils qui subissent la douleur. Cette évolution de l’intrigue permet de s’interroger sur l’existence et sur le rapport qu’on entretient avec soi et sa terre.
    Alternant des vers en rime et en prose, Saïda Abouba nous rappelle, à juste titre, le roman La Grotte éclatée de Yamina Mechakra, une histoire où Arris est un nom d’enfant et de village. Et c’est Arris qui est le cadre du roman de Saïda Abouba. Heureuse coïncidence, puisque l’auteure ne cache pas son admiration pour la fille de Meskiana, qui nous a quittés il y a plus d’une année.


    Par : Rachid Hamatou
    liberté
    dz(0000/1111)dz
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