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L'ère des revendications : La nouvelle dictature citoyenne et... corporatiste

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  • L'ère des revendications : La nouvelle dictature citoyenne et... corporatiste

    On croyait avoir tout vu, tout entendu, tout compris des soulèvements populaires, larges ou limités, postindépendance :
    « Sept années, barakat ! »
    Les manifestations d'étudiants et de citoyens anti-coups d'Etat du 19 juin 1965!
    Les révoltes alimentaires de Constantine!
    Le Printemps berbère!
    Octobre 88 !
    Et, depuis quelques années, les continuelles émeutes populaires … pour l'eau, pour le gaz, contre les coupures d'électricité, pour le logement, pour les salaires, pour le travail, pour l'amélioration des conditions de travail…! Au Nord, au Sud, à l'Est et (aussi) à l'Ouest.
    Mais, c'est la première fois que l'on voit une manifestation (large car partie de Ghardaia, elle s'est étendue à quelques autres villes du pays, avec pour halte finale Alger) d'agents de la sécurité publique, en l'occurrence les éléments des«fameux» Urs… que les autres manifestants connaissent bien pour leur vigueur.
    A Alger, elle a regroupé quelques centaines de personnes.
    Mais, surtout, c'est la première fois, qu'en plus des (19) doléances (qui ressemblent fort, pour la plupart, à celles que l'on rencontre chez d'autres corporations: logement, salaires, primes, conditions de travail, considération…) il est publiquement demandé le départ d'un grand «boss», le Dgsn en l'occurrence, Abdelghani Hamel, un Général-major, s'il vous plaît ! un enfant de l'Anp (la Gendarmerie nationale en fait partie). Il est vrai qu'un responsable de parti très proche de l'Etat avait, très récemment, ouvert la voie. C'est la première fois, aussi, que des manifestants se sont rassemblés (et ont dormi sur la belle pelouse) juste devant la porte d'entrée officielle de la Présidence de la République. Une première. Plus qu'étonnante, pour le manifestant lambda. Car, même les manifestants du Fis (dissous) n'avaient pas réussi, au début des années 90, à dépasser le rond -point de la place M-S Benyahia (El Mouradia). Seuls, Abassi Madani et, je crois, deux autres de ses compagnons avaient été autorisés à franchir le portail pour «discuter» avec des conseillers… et, avec pour alibi accepté, l'obligation de prière du Dohr, la Présidence ayant (alors) une petite «maçala» à l'entrée. C'est dire, aujourd'hui, l'ampleur de l'événement, marqué par un double «dérapage»:
    1 une protestation hautement corporatiste (comme bien d'autres) mais, cette fois-ci, venant de ceux là même chargés de «réprimer» les protestations populaires, corporatistes ou simplement citoyennes… ce qui ne s'est jamais vu ici… et très rarement ailleurs (les gendarmes en France, je crois, mais bien loin de l'Elysée).
    2 Une menace directe de la résidence officielle de l'Institution la plus importante du pays, la Présidence de la République en l'occurrence. Un petit rien et les choses auraient pu totalement déraper avec l'occupation interne des lieux. Le reste, on n'ose l'imaginer.
    Pourquoi cette«mutinerie» ? Déjà expliquée de long en large tant par la presse que par les concernés eux-mêmes… ainsi que par les experts et autres analystes.
    Comment ? Déjà décrite.
    Reste la grande question ! Les conséquences. Non celles politiques, fruits naturels des dérives, dépassements, manœuvres, manipulations, calculs et autres magouilles de l'ombre, toujours présentes peu ou prou, mais celles sociétales, liées à une sorte de nouvelle forme de contestation et d'action des «masses»… objectivement extrêmement dangereuse pour la stabilité de l'Etat et la sécurité (et le moral) des citoyens.
    Des conséquences induites, à mon sens, par la (nouvelle) forme de gouvernance politique du pays depuis plus d'une décennie.
    Globalement, les appareils d'Etat, à quelque niveau que ce soit, c'est-à-dire jusqu'à la commune, au niveau national (les relations internationales ayant échappé au rouleau compresseur… mais pas la diplomatie), ont été, peu à peu, délibérément ou pernicieusement, «zappés»… un zapping qui a dérapé encore plus avec la maladie du Président. D'une seule télécommande, on est vite passé à plusieurs, souvent entre des mains malintentionnées ou aux intérêts inavouables (dont ceux commerciaux et affairistes…). Un nouveau mal politico-bureaucratique qui a «métastasé» , permettant à tout chacun à se comporter en «Chef» ou en expert… et en cas d'obstacle, de résistance, pour les plus faibles, d'ameuter le reste des troupes afin de monter au créneau par la manifestation ou la«mutinerie»… ou , chez les plus grands, les plus puissants du moment, les plus riches, les plus forts, les mieux organisés, les moins respectueux des appareils d'Etat ou de l' Administration… de chercher à imposer, à tout prix, leur idée, quand ce n'est pas leur idéologie. Des demandes à foison, des plus justes, légitimes et sérieuses aux plus farfelues. On le voit bien, ces derniers temps, à propos de grandes questions comme l'adhésion à l'Omc, le gaz de schiste ...
    39 millions de citoyens, 39 millions de questionnements et de problèmes, chacun voulant passer le premier, seul ou au sein de son «club», de son quartier ou de sa corporation. Chacun se prévalant, sinon d'une légitimité «historique» (même certains clubs de football, par la voix de leurs «présidents», s'y sont mis pour réclamer des «droits», suivis en cela par leurs supporteurs), du moins de la gravité de son problème.
    Chacun voulant une solution quasi-immédiate du problème… choisissant donc la voie la plus directe, la plus courte, la plus rapide, sachant pertinemment qu'en face, il n'y a (presque) pas ou plus d'appareil d'Etat mais seulement des hommes-citoyens (seuls ou en «clubs») détenant une ou plusieurs parcelles de pouvoir. Fini le temps des «lettres ouvertes» publiées par la presse. Finies les doléances adressées directement au Chef de l'Etat, à un ministre ou à un wali. Désormais, un combat «d'homme à homme» et/ou «de bande à bande». On se soulève, on menace, on manifeste ! Enfoncée la grève traditionnelle avec préavis légal. Oubliée la lutte syndicale pacifique. On ne lutte plus. On combat. Et, comme au temps des tribus moyenâgeuses, on ne veut plus discuter qu'avec les «chefs», réels ou supposés.
    La dictature citoyenne et corporatiste! En raison de ras-le-bol multiples pour une bonne part justifiés et d'une très mauvaise communication interne au sein même des appareils. Dommage pour la démocratie participative (celle représentative ayant quasi-totalement échoué). Danger pour la République ?

    Source: Qutodien d'Oran

    Article tres interessant qui devrait aussi considerer la dimension tactique et strategique de cette action longuement preparee...
    Othmane BENZAGHOU
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