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La chronique de Hafid Derradji. L’État est menacé !

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  • La chronique de Hafid Derradji. L’État est menacé !

    Les réactions du gouvernement, de l’opposition et de certains médias au mouvement de protestation soudain et inattendu des policiers, a encore une fois confirmé la fragilité de l’État, de la société et de tout le système en Algérie.
    Elles illustrent la faiblesse du pouvoir qui est prêt à vendre toute l’Algérie dans le but de maintenir la paix sociale et d’acheter le silence du peuple afin de se maintenir et non pour assurer la stabilité comme le prétendent les responsables.
    Sinon comment expliquer la réponse rapide du gouvernement aux revendications des manifestants et sa reconnaissance de la négligence d’une institution de la taille de la police, qui a été souvent utilisée à des fins politiques.
    Personne ne peut nier les intentions des manifestants et la légitimité de leurs revendications, ni l’évidence de leurs problèmes qui se sont accumulés au fil du temps. Et, nul ne peut prouver que ce mouvement est un complot fomenté par des parties qui tentent de faire pression sur le clan présidentiel, comme le dit la rumeur. Ce mouvement n’est pas une rébellion de la police algérienne, c’est une explosion causée par une pression imposée et par l’injustice et l’arbitraire.
    En revanche, de nombreux analystes s’accordent à dire que le pouvoir a tremblé et a vécu une grande confusion qui pourrait s’accentuer si d’autres corps constitués ou d’autres groupes sociaux descendaient dans la rue, tels que la protection civile, la gendarmerie, les douanes, l’armée, les étudiants et les travailleurs pour exiger de meilleures conditions socioprofessionnelles.
    En effet, la réponse rapide des autorités aux revendications de la police encourage chacun à recourir à la rue pour faire pression et obtenir ainsi ce qu’il veut. Si nous en sommes arrivés là aujourd’hui c’est tout d’abord à cause de l’absence de communication, de consultation et de dialogue ainsi que l’autoritarisme pratiqué à tous niveaux.
    La réaction du pouvoir aux manifestations révèle aussi une agitation dans les structures de l’État qui a perdu de son autorité. Même la réaction de certains partis de l’opposition a démontré une grande confusion. Certains se sont presque réjouis de voir le pouvoir confronté à ce fait inédit et ont voulu brouiller les cartes, dans un contexte trouble marqué par le vide laissé par l’absence du président. Cette confusion générale est aggravée par l’affaiblissement de l’État et le déclin du rôle des institutions, devenues des entités sans âmes, contrôlées et gérées par une seule personne ne possédant ni culture de l’État ni la moindre idée de la conduite des affaires d’un pays de la taille de Algérie.
    Le traitement médiatique de l’affaire, qu’il soit par la presse privée ou publique fut marqué par une certaine opacité, du scepticisme, de la méfiance et de l’intimidation : d’une part des médias publics pratiquant le mensonge et la tromperie comme à l’accoutumé. Et d’autre part des médias privés aucunement neutres et objectifs qui n’ont pas caché leur partialité au point de porter atteinte aux protestataires, de les criminaliser et de remettre en question leur loyauté envers le pays avec toutes les conséquences désastreuses que cela pourrait avoir et le préjudice que cela peut porter à la profession de journaliste que l’on veut mettre à genoux.
    Malgré l’incertitude et la confusion, les concessions et leurs possibles conséquences, le problème en Algérie n’est pas dans sa police ou son armée, ni dans son opposition et ses médias, encore moins dans son peuple. Le problème vient d’un pouvoir absent, et d’institutions de l’État détruites et d’un président qu’on ne voit pas et qu’on n’entend pas depuis longtemps. Personne ne peut dire où il se trouve, maintenant qu’il a transféré toutes les prérogatives à ses proches parmi les tyrans qui font ce qu’ils veulent de l’État et de ses institutions.
    Ceci révèle encore une fois la faiblesse de l’État et l’agitation effrayante qui le secoue après chaque petit incident. C’est aussi la preuve que parmi ces tyrans, nul ne possède la culture de l’État ni le sens des responsabilités et de l’honnêteté. Pis encore, ils n’inspirent pas confiance au peuple et sont conscients que l’histoire retiendra leurs échecs et leurs manquements.
    Notre problème aujourd’hui réside dans un État, qui a perdu son prestige depuis qu’une seule personne s’est emparée du pouvoir pour ensuite s’en désister au profit de son entourage le plus proche. Notre problème réside aussi dans les institutions de l’État et leur symbole qu’on a démoli au point où nous sommes aujourd’hui incapables de combattre la corruption et de résoudre les problèmes sécuritaires et sociaux à Ghardaïa et en Kabylie et la perte des valeurs et de la morale et la hausse des accidents de la route et le taux d’inflation et l’augmentation des prix et du coût de la vie, une vie de plus en plus dure. Nous avons finalement échoué à construire une société harmonieuse et équilibrée.


    tsa
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