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La pied-noirdisation, mécanique de comparaison permanente

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  • La pied-noirdisation, mécanique de comparaison permanente

    La pied-noirdisation, mécanique de comparaison permanente


    par Kamel Daoud


    C'en est devenu une tradition intellectuelle, entre masochisme et nostalgie : reprendre les vieilles photos d'Algériens des années 70 et les comparer avec le fameux aujourd'hui, figé, mangé et assiégé. Femmes en tenues libres, cuisses nues et insolentes, chevelures, ruelles propres, façades heureuses, fleurs, jardins, sensation vitrifiée de sécurité. Haïk sur moto et autres icônes anonymes. Des ruelles avec des noms, un regard, surtout le regard : brillant, amoureux de quelques chose, avec cette humidité qu'apporte le sourire dans les yeux. Ou soumis aux premières citoyennetés inaugurales, obéissant et heureux du pays neuf. Policiers propres, voitures rares. C'était l'époque où l'Algérie était vierge jeune fille, disent les gens dans les rues. Accompagnée du fameux sourire vieilli. Et avec l'autre question : comment en est-on arrivé là ? « Là » désigne aujourd'hui la ruelle morte, le policier harassé et mal habillé, maigre et représentant plus la lassitude que l'ordre, femmes voilées, cachées, harcelées. Saleté. Soleil de routine glissant dans un ciel gris. Constructions inachevées. Poussière, Présidence vide, clans, islamisation horizontale, pessimisme, lucidité malheureuse et jérémiades. « Là » est une planète entière sous forme de terrain, vague. Planète vague ? L'expression est d'un doux crépuscule. Passons.

    Pourquoi cet exercice de pied-noirdisation ? Parce qu'on ne comprend pas le Présent où qu'on le rejette parce qu'il vous jette. Ceux qui se souviennent n'arrivent pas à comprendre comme on est passé de l'histoire à la préhistoire ou l'a-histoire. A partir de quel moment cela a dégringolé ? Qui le premier a repeint le ciel en noir et les femmes en crime ? Le Régime ? L'école ? L'Arabie ambulante ? Vingt-cinq volumes d'explication sont disponibles, en désordre au fond de chaque café algérien. Il suffit de regarder un poteau pour lui ressembler et être condamné à l'immobilité songeuse. Et cette habitude de consternation bien rodée prend de l'ampleur en Algérie. On n'arrête pas de comparer le pays avec les autres, avec le pays, avec soi, avec son manuel d'usage post-indépendance et avec ses programmes quinquennaux. C'est un tic. C'est de l'ordre du masochisme, du cri et de l'Enquête. La plus grande enquête algérienne que chaque algérien mène dès qu'il se sent mal : comment on est passé de 62 à Zéro. De ça à « là » ?

    Sauf, me dit Luc, que c'est un fantasme. Les femmes en minijupe, dans les rues d'Alger, sont des mannequins, pas du réel, des poses. Le Haïk est une mise en scène. Le cri heureux est une pose. Le passé est surtout un Présent qui s'accroche à son propre dos. Chez ces nostalgiques d'une image, il y a le signe triste d'une impasse. On creuse le vide. L'Algérie était mieux avant ? C'est une vieille mécanique qui tourne comme un manège en fin de jour. Brutalement dit ? C'est la pied-noirdisation. Avec abus, discours, arguments durs et désamours. Il y a une photo à prendre des gens qui regardent les vieilles photos d'Algérie.


    par Kamel Daoud



    Le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

  • #2
    Pour une fois, je ne comprends pas le propos de K. Daoud.

    Perso, je crois que ceux qui pensent que l'Algérie était mieux en 70, se trompent royalement. C'est une flagrante fausseté.
    Alger s'est enlaidie en s'agrandissant, c'est vrai. Mais dire que les Algérois vivaient mieux ou étaient plus heureux, plus souriants, c'est de la plus pure foutaise.

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    • #3
      Il y'a une grande différence entre les années 70 et maintenant, aucune comparaison, avant c'était mieux dans tous les domaines. Et' revoyant les photos d'antan, des souvenirs me reviennent et je me rend compte qu'on était des privilégiés et qu'on avait de l'espoir de s'en sortir sans vendre son âme au diable. La société était sur la voie de la modernisation et du progrès.

      Les temps changent et les présidents aussi, Boumediene ne renaitra pas deux fois.

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      • #4
        Il y'a une grande différence entre les années 70 et maintenant, aucune comparaison, avant c'était mieux dans tous les domaines
        Bien sûr! Dans les temps bénis des années 70, plus de la moitié des Algériens ne connaissaient pas l'électricité, ni l'eau courante; bien plus du quart le tout à l'égout. La bouteille de gaz était la norme, beaucoup faisaient leur cuisson au feu de bois ou charbon. Dans ces temps boumédièniens, l'Algérie comptait 4 ou 5 universités, des villes grandes comme Biskra ou el Oued, Touggourt ou Ouargla n'avaient même pas de lycée, les jeunes lycéens du sud s'éxilaient à Alger, Oran ou Constantine. Elle était meilleure l'Algérie des gourbis. Elle était belle l'Algérie des dispensaires faméliques oû un simple infirmier pouvait pratiquer la chirurgie et l'obstétrique.

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        • #5
          Il y avait la conscience civique, le sens des responsabilité, droit au logement et à un poste de travail, le nouveau scolaire n'était pas si bas, la cantine, les colonies, la joie de vivre, le respect des différences, l-espoir et la volonté de vivre mieux que ses parents, les activités culturelles, la mixité, la religion était du domaine prive, le livre à un prix abordable, les salles de cinéma, le théâtre valorise et apprécié, le volontariat, propreté des villes etc...

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          • #6
            tu dois sûrement parler d'Alger mais l'Algérie, surtout celle des années70, n'était pas Alger.
            Le théâtre, c'est à Alger et même là peu connaissait ce truc, c'est réservé à l'élite ou ceux qui croyaient ou voulaient l'étre.
            A Biskra, y avait même pas de TV.
            Le droit au logement, tu rigoles ! A Alger, peut-être pas à Hydra, au golf ou à El Biar mais partout ailleurs, on s'entassait à 6 ou 7 dans une seule pièce.
            La seule chose qui était mieux à Alger, c'est la propreté mais ca s'explique par son surpeuplement.

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            • #7
              J'ai vécu dans une petite ville presque un village et c'était à l'ouest. Alger était pour moi très loin, on s'offrait mm des voyages à l'étranger dans le cadre des échanges entre scout ou pionniers. Les villages n'avaient pas l'électricité mais le cinéma ambulant arrivait à chaque douar. Les salaires n'étaient pas élèves maisles prix eétaient subventionnés et on mangeait de tout. Matériellement ce n'était pas au top mais l

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              • #8
                Même a Kaboul dans les années 60 existait une dolce vita artificielle
                De même qu'au Caire
                Mais une modernité qui nie les valeurs ,les traditions et l'identité d'un peuple ne dure jamais trop longtemps ,la nature reviens toujours au galop
                Kamel pourra se demander longtemps pour le fer n'est pas de l'aluminium , il est surtout le fruit de cette époque qui voulait être ce qu'elle n'est pas

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                • #9
                  L'Algérie mène un combat contre l'obscurantisme et elle vaincra, comme disait l'autre: la régression féconde ! Un peuple qui aspire au progrès délaissera tôt ou tard les mythes et les chimères

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                  • #10
                    L'accoutrement des gens va de pair avec le paysage urbain, les arbustes de jasmin sont remplacés par des murs hauts offrant un paysage inhumain et lugubre.

                    À propos de Kaboul :

                    وإن هذه أمتكم أمة واحدة

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                    • #11
                      La différence entre notre époque et les années 70? Ce n'est ni l'islamisation ou la "caboulisations" qui en sont à l'origine.

                      Mes parents me racontent que juste après l'indépendance, les "Gouars" ont déserté leur appartementset les beaux cartiers de Telemly, Boulevard 500, Hydra....etc. Et ce sont les "Baggarine" qui ont squatté leurs résidences....

                      Conclusion, la différence entre le paysage des années 70 et notre époque a commencé avec le processus de "Baggarisation" de nos villes.

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