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Le fléau du Smartphone en classe touche aussi les Enseignants

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  • Le fléau du Smartphone en classe touche aussi les Enseignants

    C'est un problème auquel sont désormais confrontés la plupart des enseignants du supérieur, mais aussi ceux du secondaire et même du primaire : durant les cours, l'usage quasi-systématique des téléphones portables par leurs élèves.

    Ceux-ci ne cessent d'échanger des messages (et des photos), de consulter leur appareil, de guetter l'arrivée de la réponse à leurs envois... Résultat, une baisse spectaculaire du niveau général de l'attention et de la concentration en classe. Avec des répercussions évidentes sur l'acquisition de connaissances et sur l'aptitude à comprendre les phénomènes, quelle que soit la discipline enseignée. De plus en plus d'enseignants se plaignent de cette situation. Certains persistent à faire la guerre aux portables et à tenter de les interdire en classe ; beaucoup finissent par renoncer, tant la lutte leur paraît inégale, les élèves déployant des trésors d'imagination pour continuer à utiliser leur appareil en cachette, contre vents et marées.

    Là où les choses prennent une tournure assez cocasse, c'est que les enseignants et pédagogues ne sont pas eux-mêmes épargnés par ce fléau qu'ils dénoncent. Il suffit pour s'en convaincre d'observer leur comportement lorsqu'ils participent à une réunion - conseil de classe ou d'établissement, colloque, conférence, réunion de travail, etc.

    Pour ne prendre que cet exemple (mais on pourrait en trouver des milliers d'autres), l'auteur de ces lignes a ainsi pu assister il y a quelques jours à un séminaire organisé par la business school espagnole IE, l'une des plus cotées en Europe. Dans l'assistance, une centaine d'experts venus du monde entier : chercheurs en sciences de l'éducation, responsables d'agences dédiées à l'enseignement supérieur, professeurs, patrons d'universités ou de grandes écoles... Leur comportement était édifiant : en permanence, au moins un tiers d'entre eux utilisaient leur tablette, smartphone ou ordinateur pour des activités sans rapport avec l'objet du colloque : envoi de mails privés, consultation de sites d'information (voire de sites boursiers...), réservation de taxi ou d'avion, échange avec leurs collègues... A certains moments, les deux tiers de l'auditoire étaient ailleurs, quelque part dans le cyber-espace numérique. Au fait, le thème du séminaire - au demeurant passionnant ? "Réinventer l'enseignement supérieur"... On ne saurait mieux dire.

    Quels enseignements tirer de cette observation ? D'abord, que la "dépendance" à l'égard des objets numériques, qui façonne notre esprit et notre faculté d'attention, est loin d'être l'apanage des jeunes générations - de ceux qu'on appelle les "digital natives" : elle s'est répandue de façon foudroyante, et touche désormais ceux-là même qui la dénoncent, ou qui devraient logiquement s'en inquiéter.

    Deuxième leçon : il n'est sans doute pas possible pour les enseignants de lutter de façon frontale contre un tel tsunami. Plutôt que de faire barrage, mieux vaut sans doute tenter d'en limiter les excès, mais aussi essayer d'utiliser ces outils numériques au bénéfice de l'enseignement. Le e-learning, les MOOC, les nouvelles formes d'enseignement montrent que c'est possible. Dans ce domaine, beaucoup reste sans doute à inventer. Pour autant, il convient de se garder de tout enthousiasme béat, et de conserver une certaine "distance critique". Certains acteurs, par exemple, ont l'impression d'avoir permis un grand bond en avant de l'apprentissage par le seul fait d'avoir mis entre les mains des jeunes une tablette ou un ordinateur... Or si le numérique peut apporter beaucoup à l'enseignement, les bénéfices que l'on peut en attendre ne sont peut-être pas toujours aussi importants ni aussi rapides qu'on le dit. En dépit de la pression intéressée des grands acteurs du numérique, une évaluation précise reste à faire en la matière.

    Enfin, on peut imaginer que les enseignants tentent d'ouvrir un débat constructif en classe sur les bienfaits, mais aussi les pièges - risques sur la vie privée, par exemple - de l'usage des outils numériques. Sur ce point au moins, ils ne devraient pas avoir trop de mal à obtenir toute l'attention de leurs élèves.

    PS : Notons au passage que quelques établissements s'intéressent aux changements induits par le numérique et sa toute-puissance. Citons par exemple le colloque organisé le 4 novembre prochain par l'université Toulouse 1-Capitole (Centre de droit des affaires et Irdeic), et consacrée à Google et au droit à l'oubli numérique.

    Source: Le Monde.fr
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