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Baisse des prix du pétrole : « Il faut arrêter le gaspillage »

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  • Baisse des prix du pétrole : « Il faut arrêter le gaspillage »

    Mustapha Mekideche est économiste et expert en énergie. Dans cet entretien, il revient sur la baisse des prix du pétrole et la nécessité d’aller vers une loi de finances complémentaire pour réduire les dépenses.
    Peut-on dire que l’Algérie a atteint un seuil critique avec un baril de pétrole autour de 82 dollars ?
    Nous atteindrons un seuil critique si ce prix va se maintenir. Et puis la situation est inquiétante parce que (cette baisse) a commencé en juin et il n’y a pas eu d’amélioration jusqu’à maintenant. Avoir un prix du baril autour de 82 dollars ou même entre 80 et 90 dollars n’arrange pas notre situation en termes de recettes d’hydrocarbures. Pourquoi ? Parce qu’on risque de ne pas pouvoir couvrir, par exemple, les importations de marchandises (Pour 2014, nous avons prévu 65 milliards de dollars d’importations). Sur le court terme, on peut tenir avec nos réserves de changes et le Fond de régulation des recettes (FRR) pendant deux ou trois ans. Cela dépend du rythme d’utilisation. Mais on ne peut pas aller plus loin !
    Cette baisse a toutes les chances, selon un expert, de durer au moins jusqu’au milieu de la prochaine décennie. Qu’en pensez-vous ?
    Donc, il veut parler d’une baisse qui risque de durer jusqu’en 2025. Dans le marché mondial de l’énergie, dépasser une prévision de cinq ans est aléatoire. À mon avis, il s’agit d’une perspective qu’il va falloir bien justifier. Pour le moment, je n’ai pas les éléments pour pouvoir confirmer une telle tendance. Mais on peut l’intégrer comme étant l’un des scénarios catastrophes possibles. Dans ce scénario, on suppose qu’il n’y aura pas de reprise en Europe et dans d’autres régions du monde. Ce qui veut dire que la demande va rester extrêmement modeste et que l’offre va être toujours abondante. Et l’Algérie est dans une situation préoccupante car, elle ne peut pas compenser par des quantités supplémentaires à mettre sur le marché.
    Le prix du baril doit atteindre les 121 dollars pour que le budget de l’Algérie ne soit pas déficitaire selon The Guardien. Partagez-vous cet avis ?
    Je pense que c’est un peu exagéré et je dirais que le prix doit être entre 100 et110 dollars le baril (pour que le budget ne soit pas déficitaire). Cela étant dit, aujourd’hui, on est loin des 110 et même de 100 dollars. On est autour de 80 dollars. Donc ? le problème est réel. Il va falloir faire très attention et avoir des scénarios de recul, de la dépense publique en particulier. Que va-t-on faire quand nos réserves (Fond de régulation des recettes et le les réserves de changes) seront épuisées ? On retournera à l’endettement ? Et dans quelles conditions ? Vous avez vu ce qui se passe en Europe lorsque la dette publique revient. En Algérie, ça rappelle les souvenirs de l’ajustement structurel de 1994 à 1998.
    L’Algérie risque-t-elle de revenir à l’endettement ?
    Si on ne fait pas de rationalisation budgétaire, si on ne révise pas ces politiques de transferts en étant plus efficace dans la dépense publique, on risque de se retrouver avec la nécessité d’aller à l’endettement d’ici quelques années. Et quand on ira vers l’endettement, on ne sait pas quand est-ce qu’on en sortira. Regardez ce qui se passe en Europe du Sud, notamment en Espagne et à Grève et même la France qui a des difficultés extrêmement sérieuses.
    Que doit-on faire concrètement pour faire face à la situation ?
    Concrètement, il y a un budget de fonctionnement à revoir à la baisse. On doit prévoir une loi de finances complémentaire pour corriger un certain nombre de dépenses. Car il va falloir limiter nos importations de biens et de services, agir sur tous les gaspillages sur le plan interne (à la fois de nos modèles de consommation à l’intérieur et également des fuites aux frontières) et reporter un certain nombre d’investissements sur lesquels il n’y a pas de retour rapide. C’est ce qu’on appelle le principe de précaution. Et c’est le moment de le mettre en œuvre. On aurait dû commencer avec la loi des finances 2015 qui est passée au Parlement. Mais on n’a pas, apparemment, pris la mesure de l’ampleur de la baisse des recettes. Et il y a le plan quinquennal prochain (2015-2019) qui n’a pas encore été approuvé. Il va falloir revoir ses ambitions à la baisse. C’est une démarche qui serait défensive et qu’il va falloir préparer de façon sérieuse.
    Donc une loi de finances complémentaire s’impose ?
    Je pense qu’elle sera nécessaire, en juin, si l’évolution se poursuit de cette manière. Une loi de finances complémentaire qui revoit les recettes et donc les dépenses à la baisse. Je me demande si une LFC n’est pas en chantier. Nous avons quand même une coordination entre les secteurs concernés pour élaborer des scénarios. Le problème, c’est de faire des choix. Je pense que les (responsables) sont assez conscients de la situation même s’ils adoptent une posture de communication qui ne doit pas laisser croire qu’il y a des craintes outre mesures. L’objectif étant de ne pas avoir des effets collatéraux. Au plan politique, des arbitrages seront faits. C’est indéniable.


    tsa
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