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Catalogne : vers une défaite de l'indépendantisme... de droite ?

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  • Catalogne : vers une défaite de l'indépendantisme... de droite ?

    Ça y est, c’est le grand jour. La Catalogne vote pour savoir si elle veut devenir un État et si elle veut qu’il soit indépendant. Jour de l'apothéose des tensions entre Madrid et Barcelone, mais surtout un jour où le gouvernement catalan doit prouver que son projet fait l’unanimité. Et c’est bien ça qui inquiète les indépendantistes, car, si les manifestations pro-indépendance des dernières semaines étaient impressionnantes, rien n'assure un raz de marée dans les urnes

    Demain a Catalogne se réveillera avec le sentiment que ce 9 novembre (9-N) a été un jour historique. Cela fait des années, trois siècles pour certains, qu’ils l’attendaient, ce jour du référendum. Seulement, tout cela n’est qu’un rêve... En ce dimanche, pas de « référendum », même plus une « consultation » mais seulement un « vote symbolique ». Un coup d’épée en mousse pour fendre l'air.

    La faute à qui ? Qui est responsable de ce fiasco prévisible ? Le Tribunal constitutionnel, parce qu’il a rejeté unanimement chaque processus d’indépendance du peuple catalan ? Ce serait trop facile de jeter la pierre à cette instance garante de la Constitution, créée sur ce principe des régions autonomes unies par la nation. Alors c’est sûrement la faute du gouvernement central, de Mariano Rajoy et de sa bande de ministres tous acquis à la même cause anti-catalane ! Hélas pour Artur Mas, pas plus. Rajoy peut être considéré comme un idiot, oui, mais pas un fou. Il n’allait pas être le Premier ministre de la sécession. Déjà qu'il est celui de la rupture politique entre les Espagnols, celui de la rigueur économique à la botte de l’Europe de Merkel. Reste donc Artur Mas lui-même, président du Parlement catalan et chef de file de Convergence et Union (CiU), la droite indépendantiste conservatrice catalane, au pouvoir jusqu’à la prochaine échéance électorale. C’est sûrement lui qui endossera le rôle de martyr du projet autonomiste catalan.

    Il a pourtant fait semblant d’y croire jusqu’au bout, il fallait bien sauver la face... Cette semaine, Mas appelait la population à venir voter en masse, leur assurant que ce vote est un droit, une « liberté d’idéologie et d’expression ». Il assure même que tout est prêt, que tout le monde va braver l’interdit madrilène, tout ça pour un vote sans valeur juridique. Intérieurement, Mas sait que ce jour ne sera pas le jour où la Catalogne divorcera de l’Espagne. Même si une majorité de « oui » à l’indépendance l’emporte, ça ne sera qu’une majorité relative, minoritaire par rapport à l’ensemble des citoyens catalans.

    Selon un récent sondage, un tiers seulement des Catalans se déplacera jusqu’à ces pseudos bureaux de vote, tenus par des bénévoles. On a beau réunir des centaines de milliers de personnes dans la rue, faire défiler des cortèges impressionnants, organiser et faire participer à un vote illégal, ça n'est pas du même acabit. Et parmi ces votants, 41 % voteraient en faveur d’un État catalan et 34 % pour que cet État soit indépendant. Ils seraient tout de même 39,5 % à voter « non » aux deux questions.

    Les autres, les abstentionnistes, ce sont les partisans modérés du « non », indécis, déçus, hispano-catalans sans problème avec cette double identité. Ils parleront plus tard, en mai 2015, pour les élections régionales. Ce sont ces prochaines urnes que Mas peut véritablement craindre.

    La gauche aux portes du pouvoir

    Et pour ne rien arranger aux affaires de Mas, son parti, CiU, est en décrépitude. La corruption parmi ses dirigeants écorne sérieusement l’image de la formation politique. Mais surtout, Mas a perdu le peuple en abandonnant l’idée d’un référendum. Malheur profite toujours : c’est la gauche indépendantiste catalane, principalement incarné par le parti ERC d’Oriol Junqueras qui bénéficie du principe des vases communicants. Depuis la dernière claque du Tribunal constitutionnel, lui et la plupart des autres partis ont (temporairement) quitté l’artificielle union indépendantiste, laissant Mas plus que jamais seul, et le Parlement catalan plus que jamais divisé. Aux régionales, outre l’irruption de Podemos, le grand gagnant serait ERC, crédité de 23,2% des suffrages. La gauche indépendantiste confirmerait ainsi son ascension des européennes et prendrait le pouvoir à CiU, en chute à 19,4%.

    Artur Mas a tout de même deux issus de secours : la première, une participation massive des Catalans au vote et une victoire écrasante du oui, aujourd'hui même. Après tout, les sondages peuvent être contredits, ce ne serait pas la première fois qu'un peuple les fera mentir. La deuxième ? Un fiasco totale du 9-N et une prise de pouvoir médiatique d’ERC qui, en radicalisant le discours, en poussant à l’insurrection les Catalans, les effrayerait. Alors, par contraste, Mas pourrait passer pour un dirigeant indépendantiste modéré et raisonnable, capable lui de reprendre les discussions avec Madrid. Fiable et robuste malgré la défaite. Deux options qui, à l'heure de l'ouverture de l'ouverture de ce « vote symbolique », paraissent improbables...

    Marianne
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