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Economie numérique : le mirage de la création d’emplois

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  • Economie numérique : le mirage de la création d’emplois

    Si les lobbies et les technobéats (qui sont parfois les mêmes) s'échinent à présenter l'économie numérique comme le nouvel eldorado de l'emploi, des analystes beaucoup plus pessimistes démontent ce mythe et préviennent que si rien n'est fait, une véritable saignée est même à prévoir.

    L'industrie du numérique détruit-elle plus de travail qu’elle n’en crée ? C’est ce que laisse entendre une enquête du cabinet Roland Berger, pilotée par l’essayiste Hakim El Karoui, relayée dans les pages du JDD, et portant sur la robotisation dans le monde du travail. Selon cette étude, les automates seraient responsables d’une véritable saignée de l'emploi d’ici 2025, avec 3 millions de postes détruits ! « Le numérique crée peu de croissance – c'est la surprise de la décennie – et peu d'emplois. » constate El Karoui.

    Une surprise qui n'en est plus vraiment une, hormis peut-être pour quelques technobéats trop occupés à annoncer un monde plein de croissance pour tous qui ne viendra sans doute pas. Car le cabinet Roland Berger n'est pas le premier à faire ce constat. « N’en déplaise à ses prophètes, qui goûtent peu que l’on évoque tout haut les faiblesses de leur secteur, le numérique est faiblement créateur d’emplois. », affirmait ainsi en janvier dernier Thibaut De Jaeghe, le directeur de la rédaction de L’Usine nouvelle. Olivier Ezratty, conseiller en stratégies de l’innovation et auteur du blog Opinions libres, dénonçait l’année dernière dans un billet largement documenté une campagne de communication gouvernementale sur l’emploi dans le numérique. Celle-ci aurait été orchestrée par le cabinet McKinsey qui a fourni une étude, préfacée par l'inoxydable Christian Saint-Etienne, avançant tout un tas de chiffres rassurants (la filière Internet représenterait 5,5 % du PIB en 2015) et largement reprise dans les médias. Sauf que ladite étude était commandée en fait par Google.

    « Jusqu'à présent, les chiffres publiés sur la création d'emplois liée au numérique ont été fournis par des cabinets privés s'appuyant sur des données transmises par des fédérations ou des associations professionnelles de la filière », rappelait également Michel Sapin, lorsqu’il était encore ministre du Travail. « L'absence de validation par la statistique publique ainsi que des interrogations soulevées sur les méthodes de calcul ont pu donner lieu à des contestations. » Pour une fois que le gouvernement n'a pas fait sien le discours des lobbies (dont le monde du numérique en est un comme un autre), voilà qui vaut le coup d’être souligné.

    En fait, contrairement aux révolutions industrielles passées, l’économie numérique crée de la valeur, mais peu d’emplois. Le JDD prend l’exemple de WhatsApp, l’application mobile récemment rachetée par Facebook, qui pèse 19 milliards de dollars et n’emploie que 55 personnes… « Traditionnellement création de valeur rimait avec création d'emplois. Ce n'est plus le cas », écrit sur le site 01Business Bertrand Duperrin, directeur de Nextmodernity, une société de conseils aux entreprises spécialisée dans le numérique. Certains économistes, à l'instar de Robert Gordon, viennent même contester l'idée que l'informatique et les technologies numériques puissent avoir conduit à une troisième révolution industrielle : « On ne voit aucun effet des nouvelles technologies de l’information et de la communication à leur date d’installation (1994-2001) sur les gains de productivité. » Des propos appuyés par son confrère Patrick Artus: « Si tout cela aide à mieux gérer nos loisirs, cela n’accroît pas vraiment, ou dans des proportions assez faibles, notre capacité à produire plus efficacement. »

    Pour le journaliste spécialisé David-Julien Rahmil, deux scénarios semblent ainsi se dessiner. Dans le premier cas, le plus optimiste, « certains secteurs d'activité disparaissent sans cesse au profit de nouveaux, créant ainsi une nouvelle croissance et de nouveaux emplois. » Mais l’autre scénario, plus sombre, prévoit « pour les vingt années à venir la poursuite d'un chômage structurellement élevé, tandis que le marché du travail devrait redistribuer des actifs en trois groupes : des salariés sous contrat et sécurisés, des salariés mercenaires ou des travailleurs libéraux qui, via le travail en réseau, changeront d'entreprise en fonction de leurs missions, et enfin des salariés précaires formant un volant flexible. » Réjouissant..

    Marianne

  • #2
    Merci Haddou c'est un article très intéressant concernant l'avenir du monde du travail.

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