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MAROC: L'Otage judiciaire du secrétaire particulier du roi

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  • MAROC: L'Otage judiciaire du secrétaire particulier du roi

    Karim Zaz est un ingénieur de nationalités française et marocaine, ancien élève de l’Ecole Polytechnique et ingénieur de Télécom Paris. Il a démarré sa carrière en tant que chef de projet télécom au ministère français de l’Intérieur. Il fait le choix, en 1994, de la continuer au Maroc et fonde en 1999 un Fournisseur d’Accès Internet (FAI), dont Wanadoo (France Telecom) détient 5% du capital, préfigurant le futur opérateur Wana Corporate. Karim Zaz est placé en détention provisoire au Maroc depuis le 1er mars 2014 sans avoir eu l’occasion de présenter sa défense.

    En 2005, la holding de la famille royale, la Société Nationale d’Investissement (SNI) prend le contrôle de Wana, à l’occasion de l’octroi des licences fixe et mobile.

    En 2007, Karim Zaz ne cautionne pas les choix technologiques et financiers pour le déploiement d’un réseau mobile (choix de la norme CDMA, choix du constructeur) de Saâd Bendidi, président de la SNI. Ce dernier impose néanmoins ses choix qui se révèleront désastreux : Saâd Bendidi est débarqué de la SNI le 11 avril 2008

    Karim Zaz quitte après onze ans la Présidence de Wana Corporate en 2010.
    La même année, Karim Zaz est amené à témoigner lors de l’arbitrage qui oppose à Paris la société Kleema à Wana. Wana perdra cet arbitrage. Le Président de la SNI, Hassan Bouhemou, et Mohamed Mounir Majidi, secrétaire particulier du Roi, sont furieux contre Karim Zaz, estimant que c’est son témoignage qui a fait perdre l’arbitrage à Wana et a ridiculisé la holding royale.

    En 2012, une plainte est déposée par Wana contre une société détenue par deux de ses salariés, la société Siart, pour détournement de trafic téléphonique international. Une enquête préliminaire est diligentée auprès de la Brigade Nationale de la Police Judiciaire (BNPJ).

    Cette dernière va identifier l’existence de flux financiers, pourtant normaux, entre une société de Karim Zaz dont la création est postérieure à son départ de Wana en 2010, Contact Client, et Siart. C’est donc par hasard, si l’on peut dire, que la BNPJ va en quelque sorte croiser Karim Zaz dans cette affaire judiciarisée, rencontre qu’elle ne manquera de remonter et faire valoir auprès de Wana, en la personne de Rachid Sefrioui, de son actionnaire la SNI et du secrétaire particulier du Roi Mohamed Mounir El Majidi.

    L’occasion fait les larrons : Wana, sous l’influence de Rachid Sefrioui, porte plainte contre Karim Zaz qui va être brutalement placé en détention provisoire le 1er mars 2014.

    Il est emprisonné depuis bientôt huit mois dans l’une de ces célèbres cellules collectives de la prison d’Oukacha à Casablanca, où vingt prisonniers cohabitent dans un espace où seulement dix peuvent s’allonger pour dormir, sans que le procès n’ait même été sérieusement entamé.

    En trois mois d’instruction, pour un dossier supposément technique et aux montants financiers présumés en dizaines de millions d’euros, le Juge en charge, ne reçoit Karim Zaz qu’une seule fois en trois mois. En 1h30 d’audition, il n’est à aucun moment interrogé sur de prétendues activités frauduleuses de télécommunications, mais simplement sur la justification des partenariats techniques et commerciaux de sa société Contact Client.

    Pourtant, à la fin de l’instruction, après le délai légal de trois mois pour pouvoir maintenir un inculpé en détention, le Juge produit un rapport à charge qui n’est rien moins que le « copier coller » littéral du pv de police. Le Juge se contente de rajouter une touche personnelle en inventant un chef d’inculpation supplémentaire contre Karim Zaz : le piratage informatique, parce que ce délit est assorti d’une peine d’incarcération de cinq ans.

    En juin 2014, le Juge d’Instruction refuse de convoquer les témoins de la défense, au prétexte d‘un manque de temps, après que la BNPJ a prétendu que certains des témoins de la défense seraient des personnes fictives, imaginaires.

    En particulier, le responsable au sein de Wana à l’origine de la plainte contre Karim Zaz, Rachid Sefrioui, refuse par deux fois de se présenter devant le tribunal et se défile.

    Le procès démarre officiellement le 18 août. Mais, après six renvois d’audience les débats n’ont pas commencé et la cause n’est pas entendue.
    Karim Zaz entretenait des relations directes et cordiales avec le patron de la BNPJ, jusqu’à sa soudaine et brutale arrestation le lundi 3 mars 2014.

    L’accumulation des « contentieux » avec le Secrétaire Particulier du Roi créait une prédisposition à son arrestation mais il fallait un événement déclencheur : quatre jours avant d’arrêter Karim Zaz, le jeudi 27 févier 2014, le Maroc suspend brutalement toute coopération judiciaire avec la France suite à la malheureuse tentative d’arrestation, le 20/02/2014, du patron de la DGST marocaine, Abdellatif Hammouchi, alors que ce dernier était de passage à l’ambassade du Maroc à Paris.

    Par le passé, on avait souvent reproché à Karim Zaz d’être un « Français » : il démarre Wana avec Wanadoo/France Telecom, il est diplômé d’une école militaire (Polytechnique), parachutiste, signe pour le corps des hauts fonctionnaires français des télécoms (5 ans).

    En faisant emprisonner Karim Zaz, le Secrétaire Particulier du Roi a fait d’une pierre deux coups : il règle non seulement ses comptes mais gagne aussi un otage en prévision de ses futurs règlements de compte avec la France.

    Patrick Lancier
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