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Antibiotiques bientôt tous inefficaces?

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  • Antibiotiques bientôt tous inefficaces?

    De plus en plus de bactéries ne peuvent plus être combattues. Alors qu’un consortium est réuni à Genève, l’OMS tire la sonnette d’alarme

    Et si demain, en Suisse, on mourait d’une infection due à une simple coupure ou à un abcès dentaire? La menace n’a rien de farfelu. Si rien n’est fait pour stopper la surconsommation d’antibiotiques à travers le monde et la résistance qui en découle, ce scénario catastrophe pourrait même très vite devenir réalité. A tel point que l’OMS n’hésite pas à tirer la sonnette d’alarme. «A moins que les nombreux acteurs concernés agissent d’urgence, le monde s’achemine vers une ère postantibiotiques, où des infections courantes et des blessures mineures pourraient de nouveau tuer», assure Keiji Fukuda, sous-directeur général de l’Organisation.

    Nouveaux médicaments

    Face à l’urgence, un consortium européen piloté par l’Université de Genève vient de lancer un programme – Drive-AB –, qui s’est fixé deux objectifs: définir des standards pour l’utilisation responsable des antibiotiques et développer de nouveaux modèles économiques permettant à terme de favoriser la recherche et le développement de futurs médicaments. Ces derniers intéressant peu l’industrie, en raison d’un trop faible retour sur investissement.

    Quant à la Confédération, elle s’active également: «L’Office fédéral de la santé publique est en train d’élaborer une stratégie nationale contre les résistances aux antibiotiques, en étroite collaboration entre plusieurs offices fédéraux, confie Katrin Holenstein, chargée de communication au Département fédéral de l’intérieur. Un premier projet sera soumis à une large consultation vers la fin de l’année.» Car l’urgence est bel et bien là. Aujourd’hui déjà, des infections des voies urinaires ne répondent plus à aucun traitement. Et d’autres maladies (diarrhées, pneumonies, septicémie) sont de plus en plus difficiles à soigner avec les médicaments existants. Par ailleurs, environ 25 000 personnes meurent chaque année dans l’Union européenne des suites d’infections résistantes à plusieurs médicaments.

    «Les bactéries sont des adversaires redoutables, car elles sont capables de s’adapter et de développer toutes sortes de stratégies pour résister aux traitements. Elles existent depuis des millions d’années et elles nous survivront», assure Stephan Harbarth, professeur à la Faculté de médecine de Genève.

    Et la Suisse n’échappe pas à ces mutantes microscopiques. «En Suisse, il y a une forte prolifération des bactéries de résistance aux antibiotiques en milieux aquatiques. Ce qui est notamment dû aux rejets des stations d’épuration d’eaux usées qui ne disposent pas encore des techniques appropriées», assure John Poté, professeur à la Faculté des sciences de la terre et de l’environnement à l’Université de Genève.

    Mais comment en est-on arrivé là? Pour l’OMS, l’usage inapproprié des antimicrobiens est une des principales causes de résistance aux antibiotiques: dans les pays pauvres, les doses administrées sont trop faibles et, dans les pays riches, leur utilisation est au contraire excessive. L’organisme dénonce aussi le manque de surveillance de l’usage des antibiotiques chez les animaux destinés à la consommation.

    (Le Matin suisse
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