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La baisse du prix du baril de pétrole depuis juin 2014 fait craindre le pire à ce jour beaucoup plus aux analystes qu’aux producteurs, et préoccupe ces derniers, notamment ceux dont l’économie, et même la survie, dépend des recettes de leur mono-exportation, à l’image de l’Algérie, de l’Iran et du Venezuela.
Au-delà des deux dernières décennies, les paramètres fondamentaux étaient l’offre et la demande, le poids et l’action de l’OPEP, et de temps à autre un bouleversement géopolitique régional à conséquence conjoncturelle (guerre, grève, etc.). De nos jours, les experts sont partagés entre :
- une période de baisse conjoncturelle due au contexte économique mondial marqué par une récession presque générale, baisse de la consommation, compétition avec les énergies renouvelables et le charbon, gros efforts d’économie d’énergie dans les pays développés ;
- une période de baisse qui peut se prolonger sur une année ou plus pour les mêmes raisons en l’absence de reprise économique en Europe surtout et l’entrée prochaine sur les marchés de l’énergie de nouveaux acteurs-producteurs de pétrole ou de gaz naturel.
Il s’agit entre autres des productions provenant d’Afrique de l’Ouest, des zones polaires, et bien sûr du cas où les hydrocarbures non conventionnels modifieraient de façon significative la carte de répartition des ressources et des capacités de production, et par conséquent, la carte des échanges à l’échelle mondiale avec la naissance de ces nouveaux acteurs ;
- une période de baisse conjoncturelle pour toutes les raisons précédentes à la base, mais aussi et surtout des bouleversements liés à des objectifs géopolitiques et géostratégiques. On peut citer parmi eux les négociations sur le nucléaire iranien qui durent depuis des années avec un énorme embargo sur l’Iran ainsi que l’éternelle confrontation Moyen-Orient - Iran, la confrontation Venezuela - Etats-Unis qui en est au 3e mandat présidentiel des deux pays, la crise ukrainienne et la confrontation Europe - Etats-Unis contre Russie. Dans chacune de ces situations, l’objectif des embargos est d’affaiblir celui dont l’économie dépend lourdement des hydrocarbures. On constate par ailleurs qu’on ne parle plus beaucoup d’offre et de demande, dans la mesure où presque tous les producteurs produisent un maximum techniquement supportable par leurs capacités. Il en est de même pour la consommation qui augmente de façon globale du fait de la demande croissante aussi bien des pays émergents que des pays producteurs eux-mêmes du fait de leurs efforts internes en matière d’investissements de développement hors hydrocarbures. Les Etats-Unis sont en train de s’auto-suffire, la demande européenne a reculé ces dernières années, mais la demande et la consommation ne cessent d’augmenter en Asie, en Inde, au Brésil, en Russie, et même au Moyen-Orient. On peut aussi citer le cas de l’Algérie dont le taux d’accroissement en consommation énergétique est énorme même s’il ne représente qu’un petit producteur et consommateur. On peut alors se poser deux questions majeures :
- Jusqu’à quand peut durer cette situation baissière ?
- A quel niveau de prix peut baisser le baril ?
Il est certes difficile de répondre à la première question, du fait du nombre d’inconnues à résoudre, et de l’interaction entre elles, mais on peut au moins dire que les paramètres géopolitiques et géostratégiques sont la clef principale en ce moment. Tant qu’il n’y a pas de stabilité et de paix, la reprise économique sera difficile dans un monde aussi globalisé que celui du XXIe siècle. La consommation énergétique peut se stabiliser et reprendre légèrement à court terme grâce aux pays émergents surtout. La situation actuelle peut durer encore des mois ou une année, mais il est vraiment difficile d’en prévoir la durée. Le plus important pour le moment est de tenter d’en prévoir plutôt les conséquences :
- Le baril peut-il atteindre un niveau en dessous du besoin minimal des pays fortement exposés (Algérie, Iran, Venezuela, Irak, Nigeria, Russie), et peut-être même en dessous de son coût de production ? Ce sera alors un baril de misère et de chaos pour les uns et une aubaine pour d’autres, mais aussi un énorme gaspillage au détriment du développement durable ;
- Le baril peut-il aussi atteindre un niveau supérieur au grand bénéfice des pays producteurs, encore faut-il qu’ils sachent quoi faire de leurs recettes exceptionnelles ? Mais ce sera là aussi un baril qui aggravera la récession mondiale dont dépend aussi l’économie des pays producteurs de façon directe ou indirecte, sans compter la compétition avec les énergies renouvelables et les technologies d’économie d’énergie à moyen et long terme. On peut à mon avis tenter une réponse à ces craintes sur le prix à travers une simple analyse «géoéconomique» de la répartition des réserves et capacités de production, des investissements et coûts de production, et des besoins financiers des pays producteurs. Il suffit de superposer plusieurs cartes comportant la répartition des réserves en hydrocarbures conventionnels et non conventionnels, les capacités de production, les consommations, la dépendance des économies régionales ou locales des importations pour certains et de l’exportation pour d’autres. On constate ce qui suit :
- Les plus grandes réserves de pétrole et de gaz naturel découvertes à ce jour sont localisées dans les mêmes régions pétrolières depuis plusieurs décennies. Seules quelques nouvelles provinces pétrolières ou gazières ont été mises en évidence, notamment en offshore.
Réf : EIA-2014Pétrole
Mds barilsGaz Naturel
TcfGaz non conventionnel
TcfMoyen-Orient802
(Arabie Saoudite-Iran-
Irak)2828
(Iran-Qatar)?Amérique dentrale et
du Sud326
(Venezuela-Brésil)275
(Venezuela-Brésil)1347
(Argentine-Mexique)Amérique du Nord214
(Canada-USA)394
(USA-Canada)1783
(USA-Canada)Afrique128
(Nigeria-Libye)605
(Nigeria-Algérie)1100
(Algérie-Afrique du Sud)Eurasie119
(Russie)2177
(Russie)285
(Russie)Asie-Océanie46
(Chine)539
(Chine-Indonésie)1550
(Chine-Australie)Europe E12
(Norvège-UK)145
(Norvège)?TOTAL164769636065
- Dans le détail, une simple analyse historique montre que ces réserves ont très peu évolué durant la dernière décennie, et le plus souvent à travers des révisions et non des découvertes significatives qui deviennent de plus en plus rares. Ces réserves sont aussi concentrées au niveau de chaque région dans un ou deux pays, rarement trois (pays entre parenthèses dans le tableau ci-dessus). On constate cependant que la carte des réserves mondiales est en train de se modifier essentiellement par la mise en valeur de trois catégories de ressources : d’abord celles déjà connues en place dans les gisements en cours d’exploitation grace à une amélioration continue des taux de récupération, les ressources renfermées dans des gisements de petite taille complexes et difficiles aussi bien à découvrir qu’à exploiter (zones géologiques complexes et offshore profond), et enfin les hydrocarbures non conventionnels.
C’est ainsi qu’il est prévu pour cette dernière catégorie selon BP que les 4 pays les plus intéressés par la production de pétrole non conventionnel atteignent 4 millions de barils par jour en 2030 :[IMG]http://1.1.1.5/bmi/www.lesoird************/articles/2014/11/11/Contri2.gif[/IMG]
Il est aussi probable qu’en plus de l’Algérie, d’autres pays renfermant cette catégorie de ressources les développent, et feront parvenir la production mondiale à 6 ou 8 millions de barils par jour en pétrole non conventionnel.
Cette capacité de production ne pourrait à mon avis que remplacer la chute de production des gisements actuels en déclin.
La baisse du prix du baril de pétrole depuis juin 2014 fait craindre le pire à ce jour beaucoup plus aux analystes qu’aux producteurs, et préoccupe ces derniers, notamment ceux dont l’économie, et même la survie, dépend des recettes de leur mono-exportation, à l’image de l’Algérie, de l’Iran et du Venezuela.
Au-delà des deux dernières décennies, les paramètres fondamentaux étaient l’offre et la demande, le poids et l’action de l’OPEP, et de temps à autre un bouleversement géopolitique régional à conséquence conjoncturelle (guerre, grève, etc.). De nos jours, les experts sont partagés entre :
- une période de baisse conjoncturelle due au contexte économique mondial marqué par une récession presque générale, baisse de la consommation, compétition avec les énergies renouvelables et le charbon, gros efforts d’économie d’énergie dans les pays développés ;
- une période de baisse qui peut se prolonger sur une année ou plus pour les mêmes raisons en l’absence de reprise économique en Europe surtout et l’entrée prochaine sur les marchés de l’énergie de nouveaux acteurs-producteurs de pétrole ou de gaz naturel.
Il s’agit entre autres des productions provenant d’Afrique de l’Ouest, des zones polaires, et bien sûr du cas où les hydrocarbures non conventionnels modifieraient de façon significative la carte de répartition des ressources et des capacités de production, et par conséquent, la carte des échanges à l’échelle mondiale avec la naissance de ces nouveaux acteurs ;
- une période de baisse conjoncturelle pour toutes les raisons précédentes à la base, mais aussi et surtout des bouleversements liés à des objectifs géopolitiques et géostratégiques. On peut citer parmi eux les négociations sur le nucléaire iranien qui durent depuis des années avec un énorme embargo sur l’Iran ainsi que l’éternelle confrontation Moyen-Orient - Iran, la confrontation Venezuela - Etats-Unis qui en est au 3e mandat présidentiel des deux pays, la crise ukrainienne et la confrontation Europe - Etats-Unis contre Russie. Dans chacune de ces situations, l’objectif des embargos est d’affaiblir celui dont l’économie dépend lourdement des hydrocarbures. On constate par ailleurs qu’on ne parle plus beaucoup d’offre et de demande, dans la mesure où presque tous les producteurs produisent un maximum techniquement supportable par leurs capacités. Il en est de même pour la consommation qui augmente de façon globale du fait de la demande croissante aussi bien des pays émergents que des pays producteurs eux-mêmes du fait de leurs efforts internes en matière d’investissements de développement hors hydrocarbures. Les Etats-Unis sont en train de s’auto-suffire, la demande européenne a reculé ces dernières années, mais la demande et la consommation ne cessent d’augmenter en Asie, en Inde, au Brésil, en Russie, et même au Moyen-Orient. On peut aussi citer le cas de l’Algérie dont le taux d’accroissement en consommation énergétique est énorme même s’il ne représente qu’un petit producteur et consommateur. On peut alors se poser deux questions majeures :
- Jusqu’à quand peut durer cette situation baissière ?
- A quel niveau de prix peut baisser le baril ?
Il est certes difficile de répondre à la première question, du fait du nombre d’inconnues à résoudre, et de l’interaction entre elles, mais on peut au moins dire que les paramètres géopolitiques et géostratégiques sont la clef principale en ce moment. Tant qu’il n’y a pas de stabilité et de paix, la reprise économique sera difficile dans un monde aussi globalisé que celui du XXIe siècle. La consommation énergétique peut se stabiliser et reprendre légèrement à court terme grâce aux pays émergents surtout. La situation actuelle peut durer encore des mois ou une année, mais il est vraiment difficile d’en prévoir la durée. Le plus important pour le moment est de tenter d’en prévoir plutôt les conséquences :
- Le baril peut-il atteindre un niveau en dessous du besoin minimal des pays fortement exposés (Algérie, Iran, Venezuela, Irak, Nigeria, Russie), et peut-être même en dessous de son coût de production ? Ce sera alors un baril de misère et de chaos pour les uns et une aubaine pour d’autres, mais aussi un énorme gaspillage au détriment du développement durable ;
- Le baril peut-il aussi atteindre un niveau supérieur au grand bénéfice des pays producteurs, encore faut-il qu’ils sachent quoi faire de leurs recettes exceptionnelles ? Mais ce sera là aussi un baril qui aggravera la récession mondiale dont dépend aussi l’économie des pays producteurs de façon directe ou indirecte, sans compter la compétition avec les énergies renouvelables et les technologies d’économie d’énergie à moyen et long terme. On peut à mon avis tenter une réponse à ces craintes sur le prix à travers une simple analyse «géoéconomique» de la répartition des réserves et capacités de production, des investissements et coûts de production, et des besoins financiers des pays producteurs. Il suffit de superposer plusieurs cartes comportant la répartition des réserves en hydrocarbures conventionnels et non conventionnels, les capacités de production, les consommations, la dépendance des économies régionales ou locales des importations pour certains et de l’exportation pour d’autres. On constate ce qui suit :
- Les plus grandes réserves de pétrole et de gaz naturel découvertes à ce jour sont localisées dans les mêmes régions pétrolières depuis plusieurs décennies. Seules quelques nouvelles provinces pétrolières ou gazières ont été mises en évidence, notamment en offshore.
Réf : EIA-2014Pétrole
Mds barilsGaz Naturel
TcfGaz non conventionnel
TcfMoyen-Orient802
(Arabie Saoudite-Iran-
Irak)2828
(Iran-Qatar)?Amérique dentrale et
du Sud326
(Venezuela-Brésil)275
(Venezuela-Brésil)1347
(Argentine-Mexique)Amérique du Nord214
(Canada-USA)394
(USA-Canada)1783
(USA-Canada)Afrique128
(Nigeria-Libye)605
(Nigeria-Algérie)1100
(Algérie-Afrique du Sud)Eurasie119
(Russie)2177
(Russie)285
(Russie)Asie-Océanie46
(Chine)539
(Chine-Indonésie)1550
(Chine-Australie)Europe E12
(Norvège-UK)145
(Norvège)?TOTAL164769636065
- Dans le détail, une simple analyse historique montre que ces réserves ont très peu évolué durant la dernière décennie, et le plus souvent à travers des révisions et non des découvertes significatives qui deviennent de plus en plus rares. Ces réserves sont aussi concentrées au niveau de chaque région dans un ou deux pays, rarement trois (pays entre parenthèses dans le tableau ci-dessus). On constate cependant que la carte des réserves mondiales est en train de se modifier essentiellement par la mise en valeur de trois catégories de ressources : d’abord celles déjà connues en place dans les gisements en cours d’exploitation grace à une amélioration continue des taux de récupération, les ressources renfermées dans des gisements de petite taille complexes et difficiles aussi bien à découvrir qu’à exploiter (zones géologiques complexes et offshore profond), et enfin les hydrocarbures non conventionnels.
C’est ainsi qu’il est prévu pour cette dernière catégorie selon BP que les 4 pays les plus intéressés par la production de pétrole non conventionnel atteignent 4 millions de barils par jour en 2030 :[IMG]http://1.1.1.5/bmi/www.lesoird************/articles/2014/11/11/Contri2.gif[/IMG]
Il est aussi probable qu’en plus de l’Algérie, d’autres pays renfermant cette catégorie de ressources les développent, et feront parvenir la production mondiale à 6 ou 8 millions de barils par jour en pétrole non conventionnel.
Cette capacité de production ne pourrait à mon avis que remplacer la chute de production des gisements actuels en déclin.
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