Alea jacta est ! Le Maroc a franchi le Rubicon et Aïssa Hayatou s’y est noyé…
Comme attendu et pressenti, la Confédération Africaine de Football, engagée d’un « bras de fer » avec le Royaume, a rejeté la demande de report de la CAN 2015, disqualifié le Onze national et décidé de maintenir cette compétition footballistique aux dates annoncées.
Un hic cependant, nonobstant le fait que des sanctions seront prochainement prises contre notre pays, c’est que Hayatou et ses pairs n’ont pas pour autant annoncé quel serait leur Plan B !
Et si le président de la CAF n’a pas voulu suivre la demande de report présentée par le Maroc en raison du risque majeur que l’épidémie du virus Ebola ferait courir au pays, à sa population, à ses invités, il n’en demeure pas moins que l’actualité a sévèrement taclé les « seigneurs du football africain » moins de 24 heures après la décision du Caire.
En effet, c’est la Maison Blanche elle-même qui faisait savoir que la guérison du médecin américain hospitalisé à New York après un séjour avec MSF en Guinée, n’empêcherait nullement que d’autres cas d’infection par Ebola pourraient se produire sur le territoire américain. Et ce sont les services de Santé du Mali qui faisaient savoir que l’infirmier malien qui avait soigné la petite Guinéenne hospitalisée et décédée à Bamako il y a une quinzaine de jours, venait à son tour de mourir des suites de son infection par le virus Ebola.
5000 morts M. Hayatou !
Chacun sait que le Royaume, par le biais d’un communiqué du ministère de la Jeunesse et des Sports, avait rejeté samedi dernier, à l’expiration du délai qui lui était accordé par la CAF, la « mise en demeure » du président Aïssa Hayatou qui avait instamment prié le Maroc de s’en tenir aux dates fixées pour cette compétition africaine, soit en janvier-février 2015.
Dans un contexte où chaque partie se devait de faire preuve de positions fermement arrêtées, on imaginait très mal que la CAF revienne sur sa décision et acceptât finalement les arguments du Maroc, même si ceux-ci étaient et sont toujours, incontestablement, légitimes et justifiés.
Pourtant, sans conteste et malgré quelques appréciations dissonantes ça et là, on remarque que l’opinion publique nationale, comme l’exprime d’ailleurs une grande partie de la presse nationale, « papier » et électronique, suit la position officielle et en comprend parfaitement les motivations.
Ebola, quoi qu’en dise M. Hayatou, qui est tout sauf un expert en épidémiologie, représente un risque majeur de santé publique pour le Maroc et sa population. Les 5000 victimes que ce virus a causées à ce jour sont malheureusement là pour en attester.
La décision de demande de report de la CAN n’a pas été prise à la légère et ceux qui pensent qu’il s’agit-là d’une démarche « en solo » de M. Ouzzine, ministre des Sports, se trompent lourdement.
Le ministère de la Santé, par la voix de son premier responsable, le Dr Houcine El Ouardi, avait fortement conseillé une telle position et nul n’est mieux placé que lui pour juger des capacités réelles de lutte contre Ebola que le Maroc pourrait mettre en place si, par malheur, une telle épidémie devait se propager dans notre pays.
Mais, surtout, on imagine mal un « ministre novice » au poste exclusivement technique, prendre seul une décision impliquant le Royaume en son entier et lourde de conséquences aussi fortes que multiples.
La décision de demande de report est éminemment souveraine et suppose, ipso facto, que des cercles très hauts placés dans la hiérarchie de l’Etat aient été impliqués dès le départ dans cette affaire.
Par ailleurs, alors que les « contre-arguments » de Hayatou en faveur du maintien des dates préétablies ont fleuri dans notre presse, on peut très facilement les considérer comme particulièrement fallacieux.
En effet, s’il est possible, voire même facile d’accueillir l’équipe nationale de football de Guinée, pays touché par Ebola, pour des matches sur le territoire national, comme cela s’est passé durant l’été, cela n’a aucune commune mesure avec la réception de dizaines de milliers de supporters venus de plusieurs pays africains.
Une délégation officielle de footballeurs, ce sont, au plus, une trentaine de personnes. La CAN 2015, si elle venait à être organisée à l’époque prévue, drainerait vers notre pays un nombre autrement important d’afficionados, sans réelle possibilité de contrôle sanitaire.
Monrovia-Casablanca-New York-Houston et la tombe…
À ce niveau se situe le second argument du président de la CAF qui excipe des rotations aériennes effectuées par les avions de Royal Air Maroc sur la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia, pour énoncer que le Maroc est en contradiction avec lui-même.
M. Hayatou ne sait sans doute pas que le ressortissant libérien décédé des suites d’Ebola dans un hôpital texan, à Houston, avait transité par le Maroc en provenance de Monrovia.
Cet homme était déjà porteur du virus lorsqu’il fit escale au hub de Casablanca à destination de New York, mais il n’était pas encore contagieux. Imaginons qu’il se soit arrêté plusieurs jours dans notre capitale économique, qu’il ait fait un « petit tour » au Morocco Mall, pris un verre sur la Corniche, et suivit la file d’attente des grands taxis pour se rendre à l’aéroport Med V. Combien de personnes aurait-il approché, touché, avec des risques de contamination si le virus était devenu infectieux lors de ce séjour ?
A la date d’aujourd’hui, selon les informations officielles, un seul hôpital est équipé à Casablanca pour accueillir des individus suspectés de porter le virus Ebola. Ce « dispositif » comporte essentiellement un médecin généraliste et deux infirmiers de permanence, une salle dédiée à la quarantaine…
Hayatou ne veut pas comprendre, mais nous savons que la seule éventualité d’une contamination lors d’une compétition interafricaine avec des dizaines de milliers de spectateurs, nationaux et étrangers, fait pâlir tous les responsables officiels.
Quel serait l’impact d’un tel drame sur notre industrie touristique et les centaines de milliers d’emplois qu’elle génère dans notre pays ?
Quelle en serait l’incidence sur notre PIB, déjà faiblard, alors que l’on sait que celui des pays touchés par Ebola s’est divisé par deux en quelques mois ?
Le Maroc est-il moins africain que notre ami le Sénégal qui a fermé drastiquement toutes ses frontières avec les pays touchés par Ebola et ce depuis le mois de mars 2014 ?
La CAF veut forcer la décision et camper sur sa position maximaliste, non parce qu’elle a la volonté de tenir la CAN aux dates prévues, mais parce qu’il s’agit de trouver des arguments de « force majeure » pour éviter de payer des indemnités et des pénalités aux multinationales sponsors de cette compétition et aux chaînes de TV qui ont acheté les droits de retransmission.
Ni plus, ni moins.
Le Maroc, quelle que soit la hauteur des amendes, le prix sportif à payer, la suspension de matches africains qui lui seront infligés, a pris la bonne décision décision.
Car, in fine, cela sera toujours moins cher et moins lourd à assumer que le déclenchement d’une épidémie d’Ebola dans le Royaume.
Personne, non personne, ayant conscience des conséquences de la découverte d’UN SEUL CAS d’Ebola dans notre pays, ne saurait en assumer le risque, la responsabilité, la paternité.
Hayatou éructe et la caravane passe…
Fahd YATA
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