Le fiasco de la CAN nous fait mal, comme il fait mal à l’Afrique. Et si Ebola n’explique pas tout, il ne doit pas non plus excuser tous les dérapages.
L’argument selon lequel le Maroc a refusé d’organiser la CAN pour préserver la santé des Marocains ne tient pas la route. Sur le papier, il est beau cet argument, et tout à fait légitime. Mais il ne s’appuie sur rien de concret. Et en dehors de notre ministre des Sports, personne n’y croit. Ebola? Mais voyons. Le Maroc, dieu merci, n’a enregistré aucun cas de maladie. La maladie est d’ailleurs en recul en Afrique et dans le monde. Et puis, les pays touchés par le virus ne sont même pas qualifiés pour la CAN. Le risque que la CAN se transforme en bombe Ebola est donc minime, pour ne pas dire quasi nul. Alors, pourquoi?
En se servant malgré tout du prétexte Ebola pour refuser la CAN, le Maroc s’est malheureusement mis hors jeu. Il s’est coupé de toute l’Afrique, et pas seulement celle du football. Les dégâts sont si terribles, et le prétexte si léger, que l’on en vient forcément à se poser encore et toujours la même question: mais pourquoi ?
L’attitude des autorités marocaines est d’autant plus incompréhensible qu’elles ont choisi de refuser la CAN mais de maintenir la Coupe du monde des clubs. Ce paradoxe a d’ailleurs été relevé par de nombreuses voix, et pas seulement par le président de la CAF. Nous avons donc peur de nous frotter aux Africains mais pas aux Américains, aux Européens et aux Néozélandais. Sans que rien de scientifique ne donne du crédit à notre attitude discriminatoire. Serions-nous racistes par hasard?
Sauf miracle, les sanctions sportives qui vont tomber sur le Maroc seront lourdes, très lourdes. Deux à quatre ans de suspension de toute compétition organisée par la CAF. Non seulement la sélection marocaine sera « hors service », mais l’ensemble des clubs nationaux devraient l’imiter, bannis de toute compétition internationale. Et il n’est pas exclu que la FIFA, à son tour, nous déclare hors jeu pour les prochaines éliminatoires de la Coupe du monde. Croisons les doigts…
En plus des sanctions économiques, dont le montant reste à déterminer, le Maroc risque en outre de payer une facture politique. Obligé. Les diplomates marocains pourraient reprendre leur bâton de pèlerin et faire du porte à porte auprès de tous les pays d’Afrique pour leur expliquer que refuser la CAN ne veut pas dire tourner le dos à l’Afrique. Bon courage!
Mais le pire, c’est l’image du royaume. Alors que le Maroc reste l’une des locomotives du continent noir, et qu’il a un rôle de leader à assumer, il se retrouve aujourd’hui avec une image triste de pays arrogant et dédaigneux vis-à-vis de l’Afrique. Allez demander ce qu’en pensent les milliers de Marocains qui vivent en Afrique subsaharienne!
En plus de s’être fait mal tout seul, le Maroc fait mal à l’Afrique. La CAN 2015 a été sur le point de mourir. Au point que même des pays très lointains comme le Qatar…ou le Brésil (oui, oui) ont été à un moment ou à un autre envisagés pour abriter la prochaine édition de la CAN. Une CAN organisée dans le Golfe ou en Amérique Latine, vous imaginez le ridicule? C’est finalement la Guinée Equatoriale, petit pays d’Afrique centrale, qui a accepté le défi d’organiser une compétition aussi lourde que la CAN en deux mois, ce qui relève de la gageure.
Cette histoire fait finalement mal, non seulement aux amoureux du football, mais aussi à ceux qui font tout pour la promotion de l’africanité du Maroc. La soi-disant menace Ebola ne suffit pas à expliquer un tel «plantage». Y a-t-il anguille sous roche? Les responsables marocains nous ont-ils tout dit?
Mais ci cette histoire nous fait mal, il nous faudra malgré tout raison garder. Le bras de fer Maroc – CAF est un épisode malheureux qu’il faudra oublier au plus vite. Personne n’y a gagné. Et si l’Afrique doit éviter de nous diaboliser, nous devons à notre tour éviter de la diaboliser en tirant à boulets rouges sur la CAF. Si nous arrivons à retenir cette leçon, le mal serait moindre.
Karim Boukhari
le360.ma
Bravo pour ce jounalist Marocain
L’argument selon lequel le Maroc a refusé d’organiser la CAN pour préserver la santé des Marocains ne tient pas la route. Sur le papier, il est beau cet argument, et tout à fait légitime. Mais il ne s’appuie sur rien de concret. Et en dehors de notre ministre des Sports, personne n’y croit. Ebola? Mais voyons. Le Maroc, dieu merci, n’a enregistré aucun cas de maladie. La maladie est d’ailleurs en recul en Afrique et dans le monde. Et puis, les pays touchés par le virus ne sont même pas qualifiés pour la CAN. Le risque que la CAN se transforme en bombe Ebola est donc minime, pour ne pas dire quasi nul. Alors, pourquoi?
En se servant malgré tout du prétexte Ebola pour refuser la CAN, le Maroc s’est malheureusement mis hors jeu. Il s’est coupé de toute l’Afrique, et pas seulement celle du football. Les dégâts sont si terribles, et le prétexte si léger, que l’on en vient forcément à se poser encore et toujours la même question: mais pourquoi ?
L’attitude des autorités marocaines est d’autant plus incompréhensible qu’elles ont choisi de refuser la CAN mais de maintenir la Coupe du monde des clubs. Ce paradoxe a d’ailleurs été relevé par de nombreuses voix, et pas seulement par le président de la CAF. Nous avons donc peur de nous frotter aux Africains mais pas aux Américains, aux Européens et aux Néozélandais. Sans que rien de scientifique ne donne du crédit à notre attitude discriminatoire. Serions-nous racistes par hasard?
Sauf miracle, les sanctions sportives qui vont tomber sur le Maroc seront lourdes, très lourdes. Deux à quatre ans de suspension de toute compétition organisée par la CAF. Non seulement la sélection marocaine sera « hors service », mais l’ensemble des clubs nationaux devraient l’imiter, bannis de toute compétition internationale. Et il n’est pas exclu que la FIFA, à son tour, nous déclare hors jeu pour les prochaines éliminatoires de la Coupe du monde. Croisons les doigts…
En plus des sanctions économiques, dont le montant reste à déterminer, le Maroc risque en outre de payer une facture politique. Obligé. Les diplomates marocains pourraient reprendre leur bâton de pèlerin et faire du porte à porte auprès de tous les pays d’Afrique pour leur expliquer que refuser la CAN ne veut pas dire tourner le dos à l’Afrique. Bon courage!
Mais le pire, c’est l’image du royaume. Alors que le Maroc reste l’une des locomotives du continent noir, et qu’il a un rôle de leader à assumer, il se retrouve aujourd’hui avec une image triste de pays arrogant et dédaigneux vis-à-vis de l’Afrique. Allez demander ce qu’en pensent les milliers de Marocains qui vivent en Afrique subsaharienne!
En plus de s’être fait mal tout seul, le Maroc fait mal à l’Afrique. La CAN 2015 a été sur le point de mourir. Au point que même des pays très lointains comme le Qatar…ou le Brésil (oui, oui) ont été à un moment ou à un autre envisagés pour abriter la prochaine édition de la CAN. Une CAN organisée dans le Golfe ou en Amérique Latine, vous imaginez le ridicule? C’est finalement la Guinée Equatoriale, petit pays d’Afrique centrale, qui a accepté le défi d’organiser une compétition aussi lourde que la CAN en deux mois, ce qui relève de la gageure.
Cette histoire fait finalement mal, non seulement aux amoureux du football, mais aussi à ceux qui font tout pour la promotion de l’africanité du Maroc. La soi-disant menace Ebola ne suffit pas à expliquer un tel «plantage». Y a-t-il anguille sous roche? Les responsables marocains nous ont-ils tout dit?
Mais ci cette histoire nous fait mal, il nous faudra malgré tout raison garder. Le bras de fer Maroc – CAF est un épisode malheureux qu’il faudra oublier au plus vite. Personne n’y a gagné. Et si l’Afrique doit éviter de nous diaboliser, nous devons à notre tour éviter de la diaboliser en tirant à boulets rouges sur la CAF. Si nous arrivons à retenir cette leçon, le mal serait moindre.
Karim Boukhari
le360.ma
Bravo pour ce jounalist Marocain
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