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Tunisie - Présidentielle : marketing contre débat d'idées

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  • Tunisie - Présidentielle : marketing contre débat d'idées

    La course à la présidence prend des allures de marathon. Vingt-sept candidats s'affrontent par affiches et médias interposés*


    #Pub

    Ils s'affichent. Le long des routes, dans les villes, les souterrains des quartiers. Ils, ce sont les hommes de la campagne qui utilisent les 4 par 3 pour se vendre. On peut se cogner l'oeil toute la journée sur leurs visages souriants mais fermes, leurs costumes irréprochables, leurs slogans laconiques. Depuis la fuite de Ben Ali, la Tunisie avait peu revu ce genre de pratiques. Durant vingt-trois ans, celui qu'on surnomme "Zine" avait placardé son portrait dans tout le pays, chaque commerçant avait l'obligation de mettre en évidence dans sa boutique le cliché du président à vie. La révolution avait brûlé ces ornements totalitaires. Le marketing politique remet au goût du jour ces placards publicitaires. Chacun des "produits" politiques se met en scène en mettant bien en évidence le numéro qu'il faudra cocher sur le bulletin de vote.

    #Débat

    Frappant. Malgré la présence de vingt-sept candidats, aucun débat n'a lieu entre eux. Pas un seul duel à la radio, face au peuple, à la télévision. On ne s'affronte pas les yeux dans les yeux entre prétendants. Tous attendent un deuxième tour pour accepter pareil exercice.

    #Kairouan

    Hechmi Hamdi est un personnage insolite. Un rêve pour romancier. En 2011, il mène campagne depuis Londres, où il réside, via sa chaîne de télévision Al Mustaquilla. Chaque jour, il parle deux heures durant en un monologue saisissant. Personne ne fait attention à lui : une tactique payante qui le propulsera en troisième position avec vingt-six élus à l'Assemblée constituante. En 2014, le revoilà. Son parti se nomme désormais le "Courant de l'amour". En lice pour la présidentielle, l'homme a enfin foulé le sol tunisien. Il a récemment déclaré que, en cas de victoire, il changerait la capitale de la Tunisie. Ce sera Kairouan. Message subliminal : décentralisation des pouvoirs, rapprocher les institutions des régions ignorées depuis des décennies.

    #Télévision

    Certains patrons de médias sont en course pour le palais de Carthage. Ils utilisent leurs équipes pour optimiser leurs propositions. Ainsi de Larbi Nasra, actionnaire de la chaîne privée Hannibal TV. L'homme, qui se rêve en président du monde arabe, envoie ses équipes recueillir les doléances des Tunisiens. Il visionne, affûte ses réponses, puis se déplace pour faire des propositions sur-mesure.

    #7

    Les sortilèges du chiffre sept. Le dictateur déchu Ben Ali en avait fait son porte-bonheur. Il avait pris le pouvoir par un coup d'État mené le 7 novembre 1987. Durant ses vingt-trois années de règne, il faisait célébrer cette date en conviant élites et médias à Carthage, en son palais. Sur le bulletin de vote que devront cocher les Tunisiens, Beji Caïd Essebsi est le numéro 7.

    #Sondages

    Ils sont interdits durant la campagne. Néanmoins, on les fait circuler sous le manteau. Et le 23 novembre au soir, les bureaux de vote fermeront à 18 heures. Les sondages de Sigma et 3C, les deux instituts utilisés, tomberont tôt dans la soirée. Ce qui répondra à deux questions : Beji Caïd Essebsi sera-t-il élu dès le premier tour ? Si ce n'est pas le cas, qui sera le deuxième homme ? L'homme de la gauche, Hamma Hammami ? L'actuel président Moncef Marzouki ? L'homme d'affaires Slim Riahi ? S'il ne fait guère de doutes que le vétéran de la vie politique sera en tête, son parti Nidaa Tounes ayant gagné 86 sièges aux législatives, qui sera celui capable de rassembler les anti-BCE au second tour ? Une équation quasi insoluble.

    #Inquiétudes

    Il a 31 ans. Il a été arrêté pour avoir écrit sur un mur "Nouvelle révolution contre Nidaa Tounes". C'est arrivé à Gargour, dans le gouvernorat de Sfax. Depuis, les habitants manifestent. Et s'inquiètent d'un retour des méthodes de l'ancien régime. L'homme est en détention préventive.

    le point fr
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