Un casse-tête ou une véritable opportunité à six mois des élections présidentielles françaises ? A la veille du déplacement de Nicolas Sarkozy à Alger, ses conseillers hésitent sur la bonne formule pour qualifier cette visite.
Et pour cause: le moindre faux pas de la part du ministre mettrait le candidat d’extrême droite Jean-Marie Le Pen à 40% aux prochaines élections présidentielles, estiment-ils. A Alger, en effet, Nicolas Sarkozy abordera un nombre importants de sujets sensibles: l’immigration, les visas, la lutte contre le terrorisme, la mémoire, l’histoire... La moindre concession du ministre français de l’Intérieur sur l’un de ces dossiers pourrait être interprétée comme une faiblesse de sa part et lui coûter des voix auprès de son électorat traditionnel. De l’autre côté, un échec de la visite risquerait de ternir davantage l’image du futur candidat auprès de l’électorat d’origine arabe. A Alger, Nicolas Sarkozy devrait multiplier les annonces positives: levée de la procédure de consultation sur les visas, un plaidoyer en faveur d’une relation algéro-française basée sur le respect mutuel... Mais sa tâche ne sera pas facile. Dès samedi, les Algériens ont annoncé la couleur: « Il faut que la France reconnaisse les crimes commis en Algérie », a déclaré le chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem. Au-delà des relations bilatérales et du contexte électoral français, Nicolas Sarkozy arrive à Alger avec une vision nouvelle de l’avenir des relations franco-arabes. Contrairement aux autres candidats de droite comme de gauche, M. Sarkozy est convaincu que la France « perd son temps » au Proche-Orient. Cette région, après la guerre en Irak, est définitivement soumise à l’influence américaine. Et la France ne peut qu’y jouer un rôle secondaire, avec le risque de perdre toute sa crédibilité dans le monde arabe. On le voit avec la situation dans les territoires palestiniens: depuis quelques jours, l’armée israélienne se livre à de véritables massacres de populations civiles. Et les pays européens ont été impuissants à convaincre les Américains d’accepter le principe d’une discussion au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, comme le souhaitent certains pays arabe. Cette impuissance a été également observée en juillet dernier, durant l’agression israélienne contre le Liban.
Par ailleurs, M. Sarkozy pense qu’un engagement sérieux de la France dans cette région passerait inévitablement par des tensions avec Israël et les Etats-Unis. Or, proche des Américains et des Israéliens, il veut éviter cette confrontation. Pour lui, la France se renforcera en construisant un partenariat privilégié avec le Maghreb. Cette alliance contient de nombreux avantages pour Paris: sécuriser son approvisionnement en énergie dans un contexte mondial difficile, ouvrir aux entreprises françaises les portes d’un marché de plus de 100 millions de personnes... Sur un autre plan, ce « partage » des zones d’influence devrait permettre de rétablir des relations de confiance avec l’allié américain. Nicolas Sarkozy veut placer Alger au coeur de cette nouvelle vision. A ses yeux, l’Algérie possède de nombreux atouts indispensables à la réussite de cette stratégie: un statut de puissance régionale qui se confirme jour après jour, des réserves pétrolière et gazières parmi les plus importantes du monde... Mais à Alger, Nicolas Sarkozy aura sans doute du mal à convaincre sur la pertinence de sa nouvelle vision. Dans un contexte marqué par de nouvelles alliances mondiales, les Algériens pourraient en effet lui demander ce qu’ils gagneraient concrètement en échange de cet engagement aux côtés de Paris.
Rabah Anis
LE quotidien d'Oran
Et pour cause: le moindre faux pas de la part du ministre mettrait le candidat d’extrême droite Jean-Marie Le Pen à 40% aux prochaines élections présidentielles, estiment-ils. A Alger, en effet, Nicolas Sarkozy abordera un nombre importants de sujets sensibles: l’immigration, les visas, la lutte contre le terrorisme, la mémoire, l’histoire... La moindre concession du ministre français de l’Intérieur sur l’un de ces dossiers pourrait être interprétée comme une faiblesse de sa part et lui coûter des voix auprès de son électorat traditionnel. De l’autre côté, un échec de la visite risquerait de ternir davantage l’image du futur candidat auprès de l’électorat d’origine arabe. A Alger, Nicolas Sarkozy devrait multiplier les annonces positives: levée de la procédure de consultation sur les visas, un plaidoyer en faveur d’une relation algéro-française basée sur le respect mutuel... Mais sa tâche ne sera pas facile. Dès samedi, les Algériens ont annoncé la couleur: « Il faut que la France reconnaisse les crimes commis en Algérie », a déclaré le chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem. Au-delà des relations bilatérales et du contexte électoral français, Nicolas Sarkozy arrive à Alger avec une vision nouvelle de l’avenir des relations franco-arabes. Contrairement aux autres candidats de droite comme de gauche, M. Sarkozy est convaincu que la France « perd son temps » au Proche-Orient. Cette région, après la guerre en Irak, est définitivement soumise à l’influence américaine. Et la France ne peut qu’y jouer un rôle secondaire, avec le risque de perdre toute sa crédibilité dans le monde arabe. On le voit avec la situation dans les territoires palestiniens: depuis quelques jours, l’armée israélienne se livre à de véritables massacres de populations civiles. Et les pays européens ont été impuissants à convaincre les Américains d’accepter le principe d’une discussion au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, comme le souhaitent certains pays arabe. Cette impuissance a été également observée en juillet dernier, durant l’agression israélienne contre le Liban.
Par ailleurs, M. Sarkozy pense qu’un engagement sérieux de la France dans cette région passerait inévitablement par des tensions avec Israël et les Etats-Unis. Or, proche des Américains et des Israéliens, il veut éviter cette confrontation. Pour lui, la France se renforcera en construisant un partenariat privilégié avec le Maghreb. Cette alliance contient de nombreux avantages pour Paris: sécuriser son approvisionnement en énergie dans un contexte mondial difficile, ouvrir aux entreprises françaises les portes d’un marché de plus de 100 millions de personnes... Sur un autre plan, ce « partage » des zones d’influence devrait permettre de rétablir des relations de confiance avec l’allié américain. Nicolas Sarkozy veut placer Alger au coeur de cette nouvelle vision. A ses yeux, l’Algérie possède de nombreux atouts indispensables à la réussite de cette stratégie: un statut de puissance régionale qui se confirme jour après jour, des réserves pétrolière et gazières parmi les plus importantes du monde... Mais à Alger, Nicolas Sarkozy aura sans doute du mal à convaincre sur la pertinence de sa nouvelle vision. Dans un contexte marqué par de nouvelles alliances mondiales, les Algériens pourraient en effet lui demander ce qu’ils gagneraient concrètement en échange de cet engagement aux côtés de Paris.
Rabah Anis
LE quotidien d'Oran
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