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Ils ont déposé une marque : «le jeu à l’algérienne». Eux ? Rabah Madjer, Lakhdar Belloumi, Salah Assad et Djamel Zidane. Ils ont pratiqué un football léché, qui a rempli d’orgueil toute une nation. Dans les années 80, leur Algérie était une sorte de petit Barça dans sa philosophie. Jeu court, en triangle, redoublement de passes, et un sens du spectacle qui avaient notamment enchanté le monde du ballon rond lors du Mondial 1982.
En Espagne, face à la RFA (2-1), invaincue depuis quatre ans, leur équipe a réussi un chef d’oeuvre en alignant 14 passes successives. Râteau de Fergani, petit-pont d’Assad, ouverture millimétrée de Dahleb pour Assad, et Belloumi qui marque pour El-Khedra. Épouvantail africain pendant dix ans, cette génération dispute notamment deux Coupes du monde, et marque le football africain par son talent insolent. Elle ne remportera pourtant rien jusqu’à 1990. Seul Madjer soulèvera le trophée africain à Alger. 25 ans plus tard, ils sont de nouveau quatre, et ont également marqué de leur empreinte l’histoire du football algérien. Cet été, au Brésil, Islam Slimani, Sofiane Feghouli, Yacine Brahimi et Riyad Mahrez ont enfin pris la relève de leurs glorieux aînés. Et au rythme où ils vont, c’est loin d’être fini… Vahid Halilhodzic, l’homme qui a conduit l’Algérie à sa meilleure performance de tous les temps lors du dernier Mondial, a accepté de nous apporter son éclairage pour chacun de ces quatre joueurs. C’est sous son ère qu’ils ont connu leur première sélection. A chaque fois, cela a été des choix forts de sa part. Il est à l’origine de l’émergence de Slimani, de l’affirmation de Feghouli, de l’arrivée de Brahimi et de la surprise Mahrez.
Islam Slimani, le buteur d’El-Khedra
- Le profil du joueur : Un gros mental, travailleur infatigable au service du collectif, il possède également un sens du but peu commun. Voilà en résumé les qualités d’Islam Slimani. L’Algérie a trouvé le buteur qui lui manquait. Pour l’attaquant du Sporting Portugal, pas de chichi, de la tête, du bout du pied, il n’a qu’un seul objectif : le but… et la passe. Complet, l’ancien joueur du CR Bélouizdad, en plus d’être le meilleur buteur, est aussi le meilleur passeur de la sélection. Et il a envoyé l’Algérie pour la première fois en huitièmes de finale d’un Mondial en marquant d’un coup de tête face à la Russie en phase de poules (1-1), le 26 juin à Arena da Baixada de Curitiba, pour le but le plus important de l’histoire du football algérien. Derrière lui, Nabil Ghilas, Ishak Belfodil et Baghdad Bounedjah doivent se battre pour une place de doublure.
- L’avis de Vahid : «Pour arriver à un groupe de 31 joueurs, j’en ai essayé 77. Au début, je me souviens que tout le monde me disait «Qu’est ce que tu lui trouves à ce joueur ?» Mais je savais ce que je venais de trouver… Au départ, il a été critiqué. Et depuis, il a été élu meilleur joueur algérien, maghrébin, et deux fois meilleur joueur dans un match de Coupe du monde. Je lui avais donné un coup de main pour partir d’Algérie. J’avais parlé de lui au FC Nantes. (Consterné…). Ils ne l’ont pas pris pour 300 000 dollars. Maintenant, le Sporting en demande 12 millions d’euros. C’est un gros travailleur, il a un vrai sens du but. Et il a encore une marge de progression»
- Slimani en chiffres : 13 buts et 8 passes décisives en 29 sélections (2012-2014). Participation à la Coupe du monde 2014 (4 matches, 2 buts et 1 passe décisive). Participation à la Coupe d’Afrique des Nations 2013 (3 matches)
Sofiane Feghouli, le maître à jouer
- Le profil du joueur : Tactiquement, c’est le joueur le plus intelligent dans ses déplacements et ses choix. Il est bien plus performant lorsqu’il dézone et repique dans l’axe. Sa justesse technique lui permet de créer des différences. Efficace et altruiste, lorsqu’il est au top, son équipe prend une autre dimension. Sur son côté droit, Feghouli n’a pas de concurrent pour l’heure, et il sera difficile de venir le chercher dans les prochaines années. Le joueur de Valence CF est encore loin d’avoir montré toute l’étendue de son talent. Psychologiquement, on l’imagine très bien devenir capitaine dans peu de temps. Avec son pansement sur le crâne et ses larmes à la fin du match face aux Allemands, Sofiane Feghouli a été le symbole de l’Algérie lors de cette Coupe du monde, où il est le seul à avoir joué les 5 matches avec M’Bolhi.
- L’avis de Vahid : «Quand je suis arrivé, c’était l’un des rares titulaires dans un très bon club. C’était un joueur qui était remplacé à la 70e. On a travaillé sur le physique avec lui, mais croyez-moi, le talent est bel et bien là. Il peut faire encore mieux»
- Feghouli en chiffres : 7 buts et 5 passes décisives en 28 sélections (2012-2014). Participation à la Coupe du monde 2014 (4 matches, 1 but et 2 passe décisives). Participation à la Coupe d’Afrique des Nations 2013 (3 matches, 1 but et 1 passe décisive)
Yacine Brahimi, le dribbleur fou
- Le profil du joueur :Utilisé par intermittence par Vahid Halilhodzic, l’ancien Rennais réalise des débuts tonitruants sous l’ère Gourcuff. Replacé juste derrière Slimani dans le 4-4-1-1 version algérienne, il exprime enfin toutes ses qualités. Un coup de rein dévastateur, un sens du dribble avec des changements d’appuis exceptionnels, Brahimi affectionne le jeu court, et notamment le une-deux, que cela soit avec Slimani ou Feghouli. L’ancien entraîneur de Lorient en a plein la bouche, et a compris qu’il tenait une pépite… En gommant quelques aspérités, il a tout pour prétendre au trophée de meilleur joueur africain dans les années à venir.
- L’avis de Vahid : «C’est un garçon qui avait des difficultés pour arriver au premier plan. On a travaillé pour lui trouver le bon positionnement sur le terrain. Grâce à cette Coupe du monde, il a pris une autre dimension et cela l’a boosté. Ce n’est pas une question de talent, mais plus de confiance en lui. Il a pris de la maturité et là il s’impose dans un très grand club européen comme le FC Porto.»
- Brahimi en chiffres : 4 buts et 1 passe décisive en 14 sélections (2013-2014). Participation à la Coupe du monde 2014 (3 matches, 1 but et 1 passe décisive).
Riyad Mahrez, le dynamiteur
- Le profil du joueur :En un an, il a connu une progression incroyable. Encore au Havre (L2) en décembre dernier, il évolue désormais en Premier League à Leicester, et peut espérer mieux dans l’avenir. Il a intégré le groupe de Vahid Halilhodzic juste avant le Mondial, et a joué comme titulaire contre la Belgique. Christian Gourcuff, qui l’a connu à Quimper en CFA, est lui aussi étonné par la trajectoire de ce garçon à la technique fine. Le technicien breton lui a clairement confié le couloir gauche au détriment de Hilal Soudani, qu’il imagine en pointe. Et Riyad n’a pas déçu, au contraire, il explose tout. Sur le premier mètre, lorsqu’il se retourne, il est le joueur le plus explosif après Yacine Brahimi. Lancé, c’est le joueur de la sélection qui va le plus vite balle au pied. Ce qui ne l’empêche pas d’être lucide dans sa qualité de passes. En Algérie, il est comparé à Salah Assad… Reste à confirmer, et à être plus tueur.
- L’avis de Vahid :«Il me fallait un joueur sur le couloir gauche. Peu de gens regardaient la Ligue 2 anglaise. Mais j’ai pris le temps de le superviser. Il me fallait un joueur capable d’éliminer, de décaler ou de centrer. J’avais des bons joueurs de tête dans l’axe : Slimani, Ghilas ou Soudani. On a trouvé Riyad Mahrez. C’est le dernier joueur que j’ai convoqué. J’ai été critiqué parce qu’il est arrivé après les éliminatoires. De temps en temps, il faut faire des choix forts pour le bien du collectif. Ça me rappelle la Côte d’Ivoire, certains joueurs prenaient le maillot à 18 ans et pensaient qu’ils allaient le rendre à 35 ans… Pour Mahrez, on pouvait discuter humainement du choix, mais sportivement, il était le meilleur.»
- Mahrez en chiffres. 2 buts et 5 passes décisives en 8 sélections (2014). Participation à la Coupe du monde de 2014 (1 match)
Par Nabil Djellit,
Paru sur maghrebfootballclub.blogs.francefootball.fr
En Espagne, face à la RFA (2-1), invaincue depuis quatre ans, leur équipe a réussi un chef d’oeuvre en alignant 14 passes successives. Râteau de Fergani, petit-pont d’Assad, ouverture millimétrée de Dahleb pour Assad, et Belloumi qui marque pour El-Khedra. Épouvantail africain pendant dix ans, cette génération dispute notamment deux Coupes du monde, et marque le football africain par son talent insolent. Elle ne remportera pourtant rien jusqu’à 1990. Seul Madjer soulèvera le trophée africain à Alger. 25 ans plus tard, ils sont de nouveau quatre, et ont également marqué de leur empreinte l’histoire du football algérien. Cet été, au Brésil, Islam Slimani, Sofiane Feghouli, Yacine Brahimi et Riyad Mahrez ont enfin pris la relève de leurs glorieux aînés. Et au rythme où ils vont, c’est loin d’être fini… Vahid Halilhodzic, l’homme qui a conduit l’Algérie à sa meilleure performance de tous les temps lors du dernier Mondial, a accepté de nous apporter son éclairage pour chacun de ces quatre joueurs. C’est sous son ère qu’ils ont connu leur première sélection. A chaque fois, cela a été des choix forts de sa part. Il est à l’origine de l’émergence de Slimani, de l’affirmation de Feghouli, de l’arrivée de Brahimi et de la surprise Mahrez.
Islam Slimani, le buteur d’El-Khedra
- Le profil du joueur : Un gros mental, travailleur infatigable au service du collectif, il possède également un sens du but peu commun. Voilà en résumé les qualités d’Islam Slimani. L’Algérie a trouvé le buteur qui lui manquait. Pour l’attaquant du Sporting Portugal, pas de chichi, de la tête, du bout du pied, il n’a qu’un seul objectif : le but… et la passe. Complet, l’ancien joueur du CR Bélouizdad, en plus d’être le meilleur buteur, est aussi le meilleur passeur de la sélection. Et il a envoyé l’Algérie pour la première fois en huitièmes de finale d’un Mondial en marquant d’un coup de tête face à la Russie en phase de poules (1-1), le 26 juin à Arena da Baixada de Curitiba, pour le but le plus important de l’histoire du football algérien. Derrière lui, Nabil Ghilas, Ishak Belfodil et Baghdad Bounedjah doivent se battre pour une place de doublure.
- L’avis de Vahid : «Pour arriver à un groupe de 31 joueurs, j’en ai essayé 77. Au début, je me souviens que tout le monde me disait «Qu’est ce que tu lui trouves à ce joueur ?» Mais je savais ce que je venais de trouver… Au départ, il a été critiqué. Et depuis, il a été élu meilleur joueur algérien, maghrébin, et deux fois meilleur joueur dans un match de Coupe du monde. Je lui avais donné un coup de main pour partir d’Algérie. J’avais parlé de lui au FC Nantes. (Consterné…). Ils ne l’ont pas pris pour 300 000 dollars. Maintenant, le Sporting en demande 12 millions d’euros. C’est un gros travailleur, il a un vrai sens du but. Et il a encore une marge de progression»
- Slimani en chiffres : 13 buts et 8 passes décisives en 29 sélections (2012-2014). Participation à la Coupe du monde 2014 (4 matches, 2 buts et 1 passe décisive). Participation à la Coupe d’Afrique des Nations 2013 (3 matches)
Sofiane Feghouli, le maître à jouer
- Le profil du joueur : Tactiquement, c’est le joueur le plus intelligent dans ses déplacements et ses choix. Il est bien plus performant lorsqu’il dézone et repique dans l’axe. Sa justesse technique lui permet de créer des différences. Efficace et altruiste, lorsqu’il est au top, son équipe prend une autre dimension. Sur son côté droit, Feghouli n’a pas de concurrent pour l’heure, et il sera difficile de venir le chercher dans les prochaines années. Le joueur de Valence CF est encore loin d’avoir montré toute l’étendue de son talent. Psychologiquement, on l’imagine très bien devenir capitaine dans peu de temps. Avec son pansement sur le crâne et ses larmes à la fin du match face aux Allemands, Sofiane Feghouli a été le symbole de l’Algérie lors de cette Coupe du monde, où il est le seul à avoir joué les 5 matches avec M’Bolhi.
- L’avis de Vahid : «Quand je suis arrivé, c’était l’un des rares titulaires dans un très bon club. C’était un joueur qui était remplacé à la 70e. On a travaillé sur le physique avec lui, mais croyez-moi, le talent est bel et bien là. Il peut faire encore mieux»
- Feghouli en chiffres : 7 buts et 5 passes décisives en 28 sélections (2012-2014). Participation à la Coupe du monde 2014 (4 matches, 1 but et 2 passe décisives). Participation à la Coupe d’Afrique des Nations 2013 (3 matches, 1 but et 1 passe décisive)
Yacine Brahimi, le dribbleur fou
- Le profil du joueur :Utilisé par intermittence par Vahid Halilhodzic, l’ancien Rennais réalise des débuts tonitruants sous l’ère Gourcuff. Replacé juste derrière Slimani dans le 4-4-1-1 version algérienne, il exprime enfin toutes ses qualités. Un coup de rein dévastateur, un sens du dribble avec des changements d’appuis exceptionnels, Brahimi affectionne le jeu court, et notamment le une-deux, que cela soit avec Slimani ou Feghouli. L’ancien entraîneur de Lorient en a plein la bouche, et a compris qu’il tenait une pépite… En gommant quelques aspérités, il a tout pour prétendre au trophée de meilleur joueur africain dans les années à venir.
- L’avis de Vahid : «C’est un garçon qui avait des difficultés pour arriver au premier plan. On a travaillé pour lui trouver le bon positionnement sur le terrain. Grâce à cette Coupe du monde, il a pris une autre dimension et cela l’a boosté. Ce n’est pas une question de talent, mais plus de confiance en lui. Il a pris de la maturité et là il s’impose dans un très grand club européen comme le FC Porto.»
- Brahimi en chiffres : 4 buts et 1 passe décisive en 14 sélections (2013-2014). Participation à la Coupe du monde 2014 (3 matches, 1 but et 1 passe décisive).
Riyad Mahrez, le dynamiteur
- Le profil du joueur :En un an, il a connu une progression incroyable. Encore au Havre (L2) en décembre dernier, il évolue désormais en Premier League à Leicester, et peut espérer mieux dans l’avenir. Il a intégré le groupe de Vahid Halilhodzic juste avant le Mondial, et a joué comme titulaire contre la Belgique. Christian Gourcuff, qui l’a connu à Quimper en CFA, est lui aussi étonné par la trajectoire de ce garçon à la technique fine. Le technicien breton lui a clairement confié le couloir gauche au détriment de Hilal Soudani, qu’il imagine en pointe. Et Riyad n’a pas déçu, au contraire, il explose tout. Sur le premier mètre, lorsqu’il se retourne, il est le joueur le plus explosif après Yacine Brahimi. Lancé, c’est le joueur de la sélection qui va le plus vite balle au pied. Ce qui ne l’empêche pas d’être lucide dans sa qualité de passes. En Algérie, il est comparé à Salah Assad… Reste à confirmer, et à être plus tueur.
- L’avis de Vahid :«Il me fallait un joueur sur le couloir gauche. Peu de gens regardaient la Ligue 2 anglaise. Mais j’ai pris le temps de le superviser. Il me fallait un joueur capable d’éliminer, de décaler ou de centrer. J’avais des bons joueurs de tête dans l’axe : Slimani, Ghilas ou Soudani. On a trouvé Riyad Mahrez. C’est le dernier joueur que j’ai convoqué. J’ai été critiqué parce qu’il est arrivé après les éliminatoires. De temps en temps, il faut faire des choix forts pour le bien du collectif. Ça me rappelle la Côte d’Ivoire, certains joueurs prenaient le maillot à 18 ans et pensaient qu’ils allaient le rendre à 35 ans… Pour Mahrez, on pouvait discuter humainement du choix, mais sportivement, il était le meilleur.»
- Mahrez en chiffres. 2 buts et 5 passes décisives en 8 sélections (2014). Participation à la Coupe du monde de 2014 (1 match)
Par Nabil Djellit,
Paru sur maghrebfootballclub.blogs.francefootball.fr