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Système de subvention des prix en Algérie

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  • Système de subvention des prix en Algérie

    L'ancien ministre des Finances Benachenhou tire la sonnette d’alarme

    «Le système actuel des prix et des subventions est la source d'une injustice sociale colossale et d'une inefficacité économique. Sans une révision profonde de ce système, la relance économique en Algérie restera un mythe», a soutenu hier l'ancien ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou. Invité au forum du quotidien national «Liberté», M. Benachenhou a fortement critiqué le système des subventions qui a de lourdes conséquences sur l'économie nationale et la vie sociale. Pour appuyer ses propos, l'ancien ministre a cité la dernière enquête de l'office national des statistiques (ONS) sur les dépenses des ménages algériens. «48.9% des couples algériens ont une dépense par tête inférieure à 86 000 dinars par an, alors que 51.2% dépassent les 95 000 dinars», a-t-il indiqué, ajoutant :

    «Ce qui prouve que presque la moitié de la population profite de 60% des subventions étatiques alors que l'autre seulement de 20%». M. Benachenhou a également cité la surconsommation des produits énergétiques, notamment le carburant et le gaz. «Le parc automobile compte 5 millions de véhicules qui consomment à eux seuls 40% des subventions de l'entreprise pétrolière Sonatrach», a-t-il relevé, ajoutant : «Le chiffre risque de doubler du jour au lendemain et bientôt on n’aura plus assez d'hydrocarbure à exporter». Devant ce constat, le conférencier a interpellé les autorités publiques ainsi que la société civile de s'intéresser de très près à cette situation qu'il a qualifiée de «dangereuse».

    «Pour sortir de la crise d'investissement productif que connaît actuellement le pays, il faut d'abord revoir entièrement le système des prix et des subventions, notamment pour les produits énergétiques», a-t-il soutenu, arguant que «Naftec n'a pas investi depuis 25 ans, car ses marges sont insuffisantes ; Sonelgaz, elle, plus elle produit, plus elle perd, car les prix sont bas…

    Comment investir donc quand les entreprises n'ont pas la ressource pour le faire ?» a martelé l'ancien conseiller du président de la République. Faut-il donc sacrifier la paix sociale en libérant les prix et en abrogeant les subventions pour relancer l'investissement ? «On peut tout à fait rectifier le système des prix et des subventions sans toucher à la paix sociale», rétorque le professeur d'économie, arguant que «10% des abonnés de Sonelgaz consomment à eux seuls 40% de la production d'électricité».

    De l'avis de l'ancien ministre des Finances, ce constat suffit à lui seul pour rendre compte du déséquilibre du système des prix actuel et de la mauvaise allocation des subventions. Aussi, «la protection de la paix sociale est tout à fait compatible avec la refonte du système des prix et des subventions», assure-t-il.

    Selon lui, il faut juste faire en sorte de subventionner l'individu et non le produit, de façon à ce que les subventions soient allouées convenablement et que les opérateurs accèdent à des marges qui leur permettent d'avoir de la ressource pour investir. En Algérie, a réitéré M. Benachenhou, l'investissement productif ne représente que 2% du PIB, alors que le taux d'épargne avoisine les 50%. La production du secteur des hydrocarbures, lesquels pèsent 50% du PIB, a-t-il ajouté, connaît une baisse importante en volume sur les sept dernières années.

    Les solutions

    En guise de solution pour une sortie de crise, l'orateur préconise d'œuvrer à la fois à «redresser le secteur des hydrocarbures» et de «s'atteler, au fur et à mesure, à reconquérir le marché intérieur» à travers notamment le secteur agricole, l'agroalimentaire, l'industrie pharmaceutique et les matériaux de construction. «Ceci est tout à fait à notre portée», a-t-il soutenu, ajoutant que l'enjeu en la matière est de parvenir à dégonfler les importations.

    L'intervenant a aussi prôné de revoir les subventions de l'enseignement supérieur. «L'Etat dépense 500 000 DA par an pour chaque étudiant, dont 200 000 DA destinés aux subventions, notamment la Bourse, le transport et le logement», a-t-il précisé. «Il est nécessaire, a-t-il estimé, d'appliquer le système de bourse en Algérie comme dans les pays étrangers, ou les subventions sont accordées au cas par cas». M. Benachenhou a mis l'accent sur l'urgence de renoncer aux logements sociaux dans le nord du pays, car a-t-il dit, «sur les 1.4 million de logements sociaux sur le territoire national, 65% de leurs occupants ne payent pas le loyer».
    F. A.

    Le temps d'Algérie 13/10/2014
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