Mais qui peut mettre « hors jeu » le président de la République ?
par Cherif Ali
Quotodien d'Oran - Jeudi 27 Novembre 2014Quand on n'a pas été capable d'empêcher la candidature à un quatrième mandat d'Abdelaziz BOUTEFLIKA, comment compte-t-on s'y prendre, dans les rangs de l'opposition, pour le pousser vers la sortie, maintenant qu'il est président de le République, légalement élu ?
Le 17 avril 2014, c'est pour ou contre le locataire d'El Mouradia que les algériens, d'ici et d'ailleurs, ont été appelés à voter en connaissance de cause, ou à s'abstenir, par dépit pour les uns, ou par rage pour ceux qui ne croient plus aux vertus de l'urne.
Depuis cette date le pays va bien et la situation, sur tous les plans, n'est pas mauvaise, déclare le Premier Ministre. Que nenni, affirme l'opposition qui dit qu'elle est, tout simplement, à la veille de devenir épouvantable, au regard de la chute du baril de pétrole et la paix sociale volera en éclat à partir du moment où le gouvernement sera forcé d'imposer au pays, un régime d'austérité et cela risque d'arriver plutôt que prévu !
S'invitant au débat, Abdelatif Benachenhou l'ancien Ministre des Finances a affirmé, quant à lui, dans une récente interview que « le cataclysme n'est pas pour tout de suite » ; il a fait part de son opinion au sujet des menaces qui pèsent, aujourd'hui, sur le pays notamment sur le plan économique : « les risques grandissent, le premier coup de semonce sera pour 2020 et si rien n'est fait, la date butoir de 2030 sera synonyme de sérieuses difficultés ».
En d'autres termes, les tenants du pouvoir n'ont pas de soucis à se faire si ce n'est, dans le pire des cas, temporiser jusqu'à 2019 pour éventuellement refiler « la patate chaude » à ceux qui voudront encore, dans ces conditions extrêmes, du « fauteuil » d'El Mouradia.
Les partisans du « tout et tout de suite » ne l'entendent pas de cette oreille ! Depuis leur réveil à Zéralda, la CNLTD, transformée depuis en ISCO et ceux qui l'a composent, préconisent de « dégager par le haut », le responsable de la situation « catastrophique » du pays, le catalyseur, selon eux, des désespérances du peuple, celui qui est en train de rendre folle la classe politique toute entière, le Président de la République !
L'ISCO ne veut plus, dit-elle, de ce « statut-quo » qui lui est imposé par ceux qui estiment que le président de la République dispose de toute la légitimité pour aller au terme du mandat que lui ont confié les algériens qui l'ont élu le 17 avril 2014.
Le vrai problème, pensent justement certains, réside dans l'incapacité du pouvoir à continuer à vendre l'idée, selon laquelle, il serait légitime, homogène et maître de ses décisions. Au moment où l'opposition durcit le ton, en appelant à des élections anticipées, le pouvoir se trouve en panne d'arguments, même s'il sait que l'opposition, seule et dans sa configuration actuelle, ne risque pas de le faire bouger.
Depuis quelques jours, les détracteurs sont passés à la vitesse supérieure, ils appellent à une élection présidentielle anticipée. Ils se sont même attelés à mettre en place « une instance de suivi ». Selon les observateurs, la substance de cette annonce surprend, non seulement par sa rapidité, mais aussi par son contenu qui reste, pour tout le monde, des plus abscons. Quelqu'un disait, d'ailleurs, à juste titre, qu'il y a comme un « parfum de coquetterie politique » dans cette volonté de l'opposition de « dégager » le président de la République, comme s'il s'agissait d'une fin en soi. D'un caprice, serions-nous tentés d'ajouter.
D'abord, comment comptent s'y prendre ces animateurs de l'opposition pour mettre « hors-jeu » le président de la République ?
Certes, ils viennent de livrer à l'opinion nationale, une solution politique censée sortir le pays de l'immobilisme, disent-ils, mais sans pour autant en fournir la faisabilité.
D'ailleurs, c'est la principale remarque qui leur a été faite, ce qui leur a valu une réponse cinglante d'un de leur pair de l'opposition, Abderrezak Mokri, qui a déclaré, non sans colère, que « le feuilleton des évacuations du président de la République doit cesser ! ».
L'ISCO, et ceux qui s'en revendiquent, comptent-ils alors sur une hypothétique « démission » du chef de l'Etat, qui remettrait son mandat en jeu et l'abandonnerait en quelque sorte, déjugeant ainsi tous ceux, qui parmi ses ministres, n'ont de cesse de répéter que « le cerveau du président de la République est en meilleur état que celui de la plupart d'entre nous et que, en définitive, c'est avec sa tête qu'il gère le pays et non pas avec ses pieds ! ».
L'opposition ne cède pas, et la démission du Chef de l'Etat, il en a même été question à l'international ! En effet, Maître Ali Yahia Abdennour, en voyage à Ottawa (Canada) a donné une interview dans laquelle il a commencé par dénoncer « l'omnipotence » du Chef de l'Etat, pour déclarer, d'emblée : « (…) le pouvoir d'Abdelaziz Bouteflika est grand et son appétit insatiable, tout émane de lui, tout dépend de lui, et de lui seul ; il dirige tout, régente tout, contrôle tout, tient d'une main de fer les commandes du pays. Il règne et gouverne à la fois, accumule titres et fonctions. Il a fait du gouvernement, à sa dévotion, un pouvoir exécutant, du parlement l'annexe de la présidence et de la justice, qui a abdiquée ses pouvoirs constitutionnels, une simple autorité à son service ».
Ali Yahia Abdennour, cultivant, par devers lui, la contradiction, ajoute ensuite : « (…) un président soucieux de l'histoire, de la nation et des intérêts du peuple algérien doit démissionner. Incapable d'exercer ses fonctions, il ne peut faire, mais fait faire, délègue ses pouvoirs qu'il garde sans être en mesure de les exercer (…) ».
Monsieur le conférencier, merci pour ce moment !
Commentaire