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“La décision de l’Opep est un désastre”

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  • “La décision de l’Opep est un désastre”

    Grand spécialiste des questions énergétiques, conseiller de plusieurs pays producteurs de pétrole et de sociétés internationales et ancien président de l'Arab Petroleum Research Center, APRC (Centre arabe d'études pétrolières), Nicolas Sarkis revient dans cet entretien sur la décision de l’Opep et ses conséquences sur les économies de certains pays, dont l’Algérie. Auteur de plusieurs publications, il avait notamment alerté, en 2013, les autorités algériennes sur la gestion affolante de nos ressources naturelles.

    Liberté : L’Opep a finalement décidé de maintenir son plafond de production, au grand dam de certains de ses pays membres. Un commentaire sur cette décision et son impact sur certains pays, comme l’Algérie, dont les finances seront mises à mal ?
    Nicolas Sarkis : C’est un désastre. C’est la première réponse qui vient à l’esprit suite à la décision de l’Opep de garder inchangé son plafond de production. Un désastre financier tout d’abord, vu que la chute d’environ 30% des prix du pétrole en l’espace de six mois se traduit déjà pour l’ensemble des pays membres de cette organisation par une perte qui dépasse 380 milliards de dollars par an dont, si on y ajoute la baisse des prix du gaz naturel, près de 250 milliards de dollars pour les seuls pays arabes. C’est évidemment aussi un désastre économique et sociopolitique dans la mesure où cette brutale chute des revenus ne peut qu’avoir un impact très négatif sur les économies des pays exportateurs, sur leurs projets sociaux, sur l’emploi et sur leur stabilité politique. L’Algérie, entre autres, en a déjà fait l’amère expérience quand la “guerre des prix” de 1985-1986 avait été une cause majeure de la décennie noire de triste mémoire. Et tout ceci n’est pas fini puisque, et comme on pouvait s’y attendre, les prix ont encore chuté à 74,30 et 70,43 dollars le baril pour le Brent et le WTI respectivement, dès l’annonce de la décision de l’Opep.

    Quelles sont les causes de cette subite dégringolade des prix ?
    Il y en a bien sûr certaines d’ordre physique et mécanique : le ralentissement de la demande suite à l’essoufflement de la croissance dans de nombreux pays consommateurs, dont la Chine ; la forte augmentation de la production du gaz et de l’huile de schiste aux États-Unis ; l’excédent global de l’offre, etc. Mais il y aussi des causes qu’on ne crie pas sur les toits, tout comme il y a trente ans quand l’administration Reagan (conseillé alors par Condoleeza Rice) incitait à une baisse des prix du pétrole qui a finalement fortement contribué à l’effondrement de l’ex-URSS. Il est bien difficile de ne pas faire le rapprochement avec les tensions actuelles au sujet du programme nucléaire iranien et les signes du retour à une nouvelle guerre froide avec la Russie. Aujourd’hui, cette dernière subit des pertes de 90 à 100 milliards de dollars par an, auxquelles s’ajoutent plus de 40 milliards de dollars suite aux sanctions et à la dépréciation de 34% du rouble, sans oublier la fuite des capitaux.

    Le gouvernement algérien a donné son feu vert pour l’exploration du gaz de schiste, un choix dénoncé par les défenseurs de l’environnement. Est-ce une bonne option ?
    En annonçant pour la première fois, le 1er juin 2014, la très “mauvaise nouvelle”, selon laquelle l’Algérie risquait de ne plus être dans une quinzaine d’années un pays exportateur, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, n’a fait que confirmer un risque perçu depuis des années : déclin des découvertes, des réserves et de la production, trend aggravé par la montée en flèche de près de 10% de la consommation. Il est à la fois normal et indispensable dans ces conditions de penser au développement de toutes les formes possibles d’énergie, dont l’huile et le gaz de schiste. Compte tenu, toutefois, des contraintes techniques, financières et environnementales, la prudence s’impose. Mais il y a aussi, et fort heureusement, la poursuite de l’exploration des hydrocarbures sur terre et en mer, ainsi que, et surtout, les énergies renouvelables dont notamment le solaire qui est loin de manquer en Algérie.

    En 2013, en votre qualité “d’ami de l’Algérie”, vous aviez établi un sévère réquisitoire contre les conséquences d’une gestion affolante des ressources naturelles du pays, notamment par l’ex-ministre Chakib Khelil. Maintenez-vous ce constat amer ?
    Les difficultés et les grands défis énergétiques auxquels l’Algérie est confrontée aujourd’hui sont, dans une très large mesure, les conséquences des dérives, de la politique impulsée par le ministre précédent de l’Énergie qui se résume dans une course effrénée à la surproduction et à l’augmentation de la capacité de 1,5 à 2 millions de barils par jour, au mépris, parfois, d’une bonne gestion des réserves. Quant à l’argument selon lequel cette politique aurait été en fin de compte payante, puisqu’elle a permis à l’Algérie de se constituer une précieuse “cagnotte” de quelque 200 milliards de dollars, un tel argument est trompeur vu que les réserves actuelles en devises ne sont pas le produit d’une activité productive de nouvelles richesses. Elles correspondent en réalité à la transformation d’un actif bien gardé dans le sous-sol à un actif déposé dans des banques. Bien plus important encore est le fait que, pendant les dix ans au cours desquels ces réserves ont été accumulées, le prix moyen du panier de pétroles bruts Opep a été en moyenne de 43,2 dollars par baril, soit près de la moitié seulement des prix actuels après la dernière chute. Ceci signifie que s’il avait été gardé dans les gisements, l’excédent de production, qui a rendu possible la constitution des réserves de changes, aurait eu aujourd’hui une valeur d’environ deux fois supérieure ! Ceci sans oublier les gaspillages auxquels l’apparente aisance financière a donné lieu.

    liberté

  • #2
    “La décision de l’Opep est un désastre”
    Qu'Est-ce qu'elle aurait pu faire l'Opep?

    Produire moins et laisser les compétiteurs prendre ses clients?

    Sarkis pense encore comme à l'époque d'avant le non conventionnel.
    Actuellement, l'OPep ne domine plus rien, c'est un vendeur parmi tant d'autres, un vendeur qui a peur de perdre ses dernières parts de marché.

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    • #3
      Quant à l’argument selon lequel cette politique aurait été en fin de compte payante, puisqu’elle a permis à l’Algérie de se constituer une précieuse “cagnotte” de quelque 200 milliards de dollars, un tel argument est trompeur vu que les réserves actuelles en devises ne sont pas le produit d’une activité productive de nouvelles richesses

      Il a raison de le souligner , bloquer 200 milliards a un taux de moins 1,5% en bons de trésor est totalement improductif pour le pays et un manque à gagner , au lieu de l'investir ce qui rapporterait plus ou comme le dit Sarkis ,il aurait été préférable de laisser son équivalent en pétrole dans les gisements pour des jours meilleurs de prix de vente
      Dernière modification par haddou, 30 novembre 2014, 12h20.

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      • #4
        Envoyé par haddou
        Il a raison de le souligner , bloquer 200 milliards a un taux de moins 1,5% en bons de trésor est totalement improductif pour le pays et un manque à gagner , au lieu de l'investir ce qui rapporterait plus ou comment le dit Sarkis ,il aurait été préférable de laisser son équivalent en pétrole dans les gisements pour des jours meilleurs de prix de vente
        c'est bien ce qu'il dit "ce pétrole aurait eu aujourd’hui une valeur d’environ deux fois supérieure ! Ceci sans oublier les gaspillages auxquels l’apparente aisance financière a donné lieu."
        Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

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