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Égypte : avec Moubarak blanchi, la révolution n'est plus

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  • Égypte : avec Moubarak blanchi, la révolution n'est plus

    C'était le dernier espoir qu'entretenaient les insoumis des bords du Nil. Après s'être fait brutalement chassés de la place Tahrir, après avoir déchanté sous la coupe de Morsi le frériste, après avoir perdu leur droit de manifester - voir d'exister - avec Sissi le militaire, ils s'accrochaient discrètement au rêve de voir Moubarak enfin condamné pour la répression sanglante des manifestations de janvier et février 2011 qui menèrent à sa chute. Samedi, comme un dernier coup de guillotine contre la révolution, un tribunal du Caire a abandonné l'accusation de complicité de meurtres qui pesait contre l'ex-raïs du Caire. Il l'a également blanchi des accusations de corruption dont il faisait l'objet. «C'est une énorme claque. Je suis sous le choc», s'emporte Khaled Abdoul Hamid, co-fondateur du Front révolutionnaire, une mouvance de gauche très active pendant la révolte.

    Dans le procès pour complicité de meurtres, dont le verdict avait été préalablement ajourné par «manque de temps pour finir les 2000 pages attendues», sept hauts responsables de la sécurité, dont l'ex-ministre de l'intérieur de Moubarak, Habib al-Adly, ont également été acquittés. L'ex-chef d'Etat, qui régna pendant trente ans d'une main de fer sur l'Egypte, devrait néanmoins rester en détention dans un hôpital militaire pour finir de purger une peine de prison dans le cadre d'une autre affaire de corruption.
    A l'annonce du verdict, diffusé en direct à la télévision, les deux fils de Moubarak, Alaa et Gamal, eux aussi accusés de corruption, ont embrassé sur le front l'ex-président. Les accusations qui pesaient contre eux ont également été abandonnées. Fidèle à son visage de cire, épuré du moindre signe d'émotion, Moubarak se serait, selon la presse locale, contenté de dire: «J'ai la conscience tranquille. Je n'ai jamais donné aucun ordre pour tuer les manifestants».*

    Le Caire dans le calme samedi

    Présents dans la salle du tribunal, située dans une académie de police, les journalistes pro-Moubarak ont laissé éclater leur joie à l'annonce de l'acquittement, en scandant «Dis la vérité, sois audacieux, Hosni Moubarak est innocent!». Pour Farid el-Deeb, son avocat, ce verdict «prouve l'intégrité» du régime de l'ancien président. A l'extérieur du bâtiment, où piétinaient quelques révolutionnaires désenchantés, l'ambiance était en revanche lourde de colère. «Ce verdict est injuste. Le sang de mon fils a coulé pour rien», s'est emporté, selon l'AFP, le père d'un jeune «martyre» de la répression. En tout, plus de 846 personnes ont été tuées en 2011 durant les 18 jours de soulèvement populaire qui menèrent à la chute de Moubarak.

    Cependant, près de quatre ans après la révolution, la rue égyptienne a déjà tourné la page Moubarak. D'abord très médiatisés, les procès de l'ancien chef d'Etat ont ensuite été éclipsés par ceux de son successeur, Mohamed Morsi, renversé en juillet 2013 par l'ex-chef de l'armée et actuel président Abdel Fatah el-Sissi. A l'exception de la place Tahrir, placée sous haute surveillance au lendemain de manifestations salafistes, Le Caire était particulièrement calme ce samedi. «Mais jusqu'à quand?», s'interroge Khaled Abdul Hamid, l'ex-révolutionnaire, qui s'inquiète de voir le sentiment général d'injustice, doublé d'un renforcement de la répression, pousser certains à la radicalisation. «Ils sont en train de donner aux gens toutes les raisons de ne plus croire en un changement politique et pacifique et de se laisser tenter par la violence», observe-t-il.


    le figaro
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