Près de quatre ans après le début de la révolution en Egypte, la fatalité règne. Entre la présidence autoritaire d’Abdel Fatah al-Sissi et la libération prochaine d’Hosni Moubarak, le pays semble avoir fait un bond en arrière.
L’Egypte a décidément renoué avec le passé si l’on en juge par la situation actuelle. Au Caire on est bien loin de la Révolution d’il y a presque quatre ans et qui avait apporté un vent d’espoir que le pays n’avait pas connu depuis des décennies. C’est la fatalité qui règne désormais. Alors que l’ancien président déchu Hosni Moubarak, qui a régné d’une main de fer pendant près de trente années a été innocenté par la justice, 78 adolescent qui manifestaient ont, eux, été condamnés à de la prison. Un coup de boutoir supplémentaire du régime contre les droits de l’Homme.
L’ancien chef de l’Etat âgé aujourd’hui de 86 ans, était jugé pour son rôle dans la répression des manifestations de début 2011 qui ont mis fin à son règne et qui ont officiellement provoqué la mort de 846 personnes. Dans les faits néanmoins, certains experts s’accordent à dire que 1 000 à 2 000 Egyptiens auraient perdu la vie à cette période. Plus de 9 000 manifestants avaient été blessés et près de 12 000 emprisonnés dont certains torturés. Hosni Moubarak qui a été lavé des accusations de complicité de meurtre devrait très probablement bénéficier d’une libération anticipée dans les prochaines semaines. Il était jusqu’alors en détention dans un hôpital militaire du Caire après une condamnation à trois ans de prison.
Le régime est de plus en plus autoritaire
La libération prochaine de Moubarak et l’emprisonnement sans réserves de militants des droits de l’Homme ou de manifestants illustrent très bien le durcissement du régime. Déjà lors de sa prise de pouvoir après la chute de Mohamed Morsi, seul président élu démocratiquement, le maréchal al-Sissi avait ordonné à la police de tirer à balles réelles sur les manifestants accusés de faire partie de la confrérie des Frères musulmans, placée depuis sur la liste des organisations terroristes. Depuis, l’appartenance au parti de l’ancien et éphémère chef de l’Etat est devenue une accusation récurrente pour permettre d’emprisonner les opposants.
La situation sécuritaire très dégradée a également, et paradoxalement, permis au pouvoir d’instaurer toute une série de lois d’exception qui permettent très facilement de faire arrêter et emprisonner les citoyens. Le groupe terroriste le plus actif en Egypte, Ansar Beït al-Maqdess qui a annoncé avoir prêté allégeance aux djihadistes de l’Etat islamique a poussé les autorités à mettre en place un véritable arsenal législatif. La multiplication des attentats est un véritable échec pour le pouvoir qui peine à mettre fin aux attaques. C’est principalement depuis que l’armée a destitué et arrêté le président islamiste Mohamed Morsi que ces attentats ont eu lieu.
La prise de pouvoir par le maréchal al-Sissi, puis son élection, ont cependant très largement contribués à mettre le feu aux poudres dans un Sinaï sous tension. Depuis juillet 2013 les attentats sont très réguliers en Egypte et la répression n’a pas apporté le changement que le pouvoir espérait, bien au contraire. L’armée a pourtant, à plusieurs reprises, lancé de vastes offensives dans le nord du Sinaï pour tenter d’endiguer l’insurrection des djihadistes, sans pour autant faire cesser les attaques meurtrières.
L’espoir déçu
Alors qu’il y a seulement quelques années des millions de personnes étaient descendues dans les rues du pays pour réclamer la fin du régime dictatorial de Moubarak, son acquittement a été accueilli dans une indifférence presque surréaliste. Hormis quelques manifestations sporadiques rassemblant plusieurs centaines de personnes et très vite dispersées, la population semble aujourd’hui résignée et lassée. Après plusieurs années de troubles sécuritaires et économiques, les égyptiens souhaitent désormais, pour la plupart, tourner la page et surtout s’assurer que leur pays puisse se stabiliser. C’est d’ailleurs sur le thème du retour à l’ordre que le maréchal al-Sissi avait fait campagne en avril dernier en vue de la présidentielle.
Aujourd’hui l’armée a repris le contrôle total du pays et al-Sissi a bien l’intention d’étouffer la moindre contestation naissante. Les espoirs et les rêves de toute une génération sont désormais relégués aux oubliettes. L’actuel président avait affirmé il y a quelques mois que son pays n’était pas prêt pour la démocratie et qu’il fallait l’instaurer progressivement. Reste désormais à savoir si comme il l’a promis, il prendra l’initiative d’une libéralisation de la vie politique progressive dans les prochaines années. Rien n’est moins sûr.
Afrique Inside
L’Egypte a décidément renoué avec le passé si l’on en juge par la situation actuelle. Au Caire on est bien loin de la Révolution d’il y a presque quatre ans et qui avait apporté un vent d’espoir que le pays n’avait pas connu depuis des décennies. C’est la fatalité qui règne désormais. Alors que l’ancien président déchu Hosni Moubarak, qui a régné d’une main de fer pendant près de trente années a été innocenté par la justice, 78 adolescent qui manifestaient ont, eux, été condamnés à de la prison. Un coup de boutoir supplémentaire du régime contre les droits de l’Homme.
L’ancien chef de l’Etat âgé aujourd’hui de 86 ans, était jugé pour son rôle dans la répression des manifestations de début 2011 qui ont mis fin à son règne et qui ont officiellement provoqué la mort de 846 personnes. Dans les faits néanmoins, certains experts s’accordent à dire que 1 000 à 2 000 Egyptiens auraient perdu la vie à cette période. Plus de 9 000 manifestants avaient été blessés et près de 12 000 emprisonnés dont certains torturés. Hosni Moubarak qui a été lavé des accusations de complicité de meurtre devrait très probablement bénéficier d’une libération anticipée dans les prochaines semaines. Il était jusqu’alors en détention dans un hôpital militaire du Caire après une condamnation à trois ans de prison.
Le régime est de plus en plus autoritaire
La libération prochaine de Moubarak et l’emprisonnement sans réserves de militants des droits de l’Homme ou de manifestants illustrent très bien le durcissement du régime. Déjà lors de sa prise de pouvoir après la chute de Mohamed Morsi, seul président élu démocratiquement, le maréchal al-Sissi avait ordonné à la police de tirer à balles réelles sur les manifestants accusés de faire partie de la confrérie des Frères musulmans, placée depuis sur la liste des organisations terroristes. Depuis, l’appartenance au parti de l’ancien et éphémère chef de l’Etat est devenue une accusation récurrente pour permettre d’emprisonner les opposants.
La situation sécuritaire très dégradée a également, et paradoxalement, permis au pouvoir d’instaurer toute une série de lois d’exception qui permettent très facilement de faire arrêter et emprisonner les citoyens. Le groupe terroriste le plus actif en Egypte, Ansar Beït al-Maqdess qui a annoncé avoir prêté allégeance aux djihadistes de l’Etat islamique a poussé les autorités à mettre en place un véritable arsenal législatif. La multiplication des attentats est un véritable échec pour le pouvoir qui peine à mettre fin aux attaques. C’est principalement depuis que l’armée a destitué et arrêté le président islamiste Mohamed Morsi que ces attentats ont eu lieu.
La prise de pouvoir par le maréchal al-Sissi, puis son élection, ont cependant très largement contribués à mettre le feu aux poudres dans un Sinaï sous tension. Depuis juillet 2013 les attentats sont très réguliers en Egypte et la répression n’a pas apporté le changement que le pouvoir espérait, bien au contraire. L’armée a pourtant, à plusieurs reprises, lancé de vastes offensives dans le nord du Sinaï pour tenter d’endiguer l’insurrection des djihadistes, sans pour autant faire cesser les attaques meurtrières.
L’espoir déçu
Alors qu’il y a seulement quelques années des millions de personnes étaient descendues dans les rues du pays pour réclamer la fin du régime dictatorial de Moubarak, son acquittement a été accueilli dans une indifférence presque surréaliste. Hormis quelques manifestations sporadiques rassemblant plusieurs centaines de personnes et très vite dispersées, la population semble aujourd’hui résignée et lassée. Après plusieurs années de troubles sécuritaires et économiques, les égyptiens souhaitent désormais, pour la plupart, tourner la page et surtout s’assurer que leur pays puisse se stabiliser. C’est d’ailleurs sur le thème du retour à l’ordre que le maréchal al-Sissi avait fait campagne en avril dernier en vue de la présidentielle.
Aujourd’hui l’armée a repris le contrôle total du pays et al-Sissi a bien l’intention d’étouffer la moindre contestation naissante. Les espoirs et les rêves de toute une génération sont désormais relégués aux oubliettes. L’actuel président avait affirmé il y a quelques mois que son pays n’était pas prêt pour la démocratie et qu’il fallait l’instaurer progressivement. Reste désormais à savoir si comme il l’a promis, il prendra l’initiative d’une libéralisation de la vie politique progressive dans les prochaines années. Rien n’est moins sûr.
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