Pourquoi êtes-vous hostile à la résolution, débattue hier à l’Assemblée nationale, invitant le gouvernement à reconnaître l’État de Palestine?
Parce que c’est le meilleur moyen de ne pas faire la paix. Ce qu’il faut faire et que je réclame depuis quarante ans c’est de demander des concessions des deux côtés, de faire pression sur les deux parties. Reconnaître l’État de Palestine comme tel revient à faire pression sur les Israéliens mais pas les Palestiniens. Quid du droit au retour? Du Hamas? De la reconnaissance d’Israël par les groupes palestiniens qui refusent toujours son existence? De la question des frontières? Des manuels scolaires où Israël n’existe pas? Dire je reconnais l’État de Palestine sans se poser toutes ces questions, c’est d’une frivolité extrême, d’un amateurisme total.
Le gouvernement n’a pas pris position, le regrettez-vous ?
Oui. Car, si cette résolution est votée [mardi], ça va affaiblir la position de la France. Pour peser dans cette affaire, il ne faut pas être unilatéral. Il faut être audible des deux côtés. Si cette résolution passe avec l’assentiment tacite du pouvoir exécutif, la France perd toute capacité de négociation entre Israéliens et Palestiniens.
En avez-vous parlé avec Laurent Fabius?
Je ne souhaite pas répondre. Lui dit que c’est dans le droit fil du souhait de la France, depuis 1947, de la coexistence de deux États… L’État palestinien est reconnu depuis 1947 par la communauté internationale. S’il s’agit seulement de rappeler cette résolution, ça ne nécessite pas tout ce ramdam. La vérité c’est que nous sommes en 2014 et qu’on demande de reconnaître l’État palestinien tel qu’il est aujourd’hui. C’est-à-dire avec, au pouvoir, sur un de ses deux territoires, un parti islamo-fasciste [le Hamas], dont le premier acte, une fois reconnu, serait de bombarder un autre pays de la communauté internationale. C’est reconnaître un pays où une des factions, le FPLP associé à Mahmoud Abbas, a applaudi l’attentat contre la synagogue de Jérusalem-Ouest. C’est très particulier de faire ça dans ce climat.
Vous mettez Abbas sur le même plan que le Hamas?
Non, bien sûr. C’est un homme bien, qui a fait tout un chemin intérieur depuis l’époque, dans sa jeunesse, où il jouait avec le négationnisme. Mais justement. Avant de reconnaître unilatéralement cet État, renforçons Mahmoud Abbas.
N’êtes-vous pas vous-même unilatéral dans ce conflit?
Je réclame depuis quarante ans un État palestinien! La seule chose c’est que je n’en veux pas deux. C’est-à-dire que je souhaite un État où serait réglé le fameux droit au retour pour les Palestiniens.
Que s’est-il passé le 31 octobre lorsque vous avez été bloqué à l’aéroport de Tunis-Carthage?
Un petit lynchage 2.0! Un mini-vent de folie qui m’a attristé pour la Tunisie. Je pensais qu’elle était, dans le monde arabe, un exemple de modération, de tolérance. Eh bien elle a révélé, là, un visage sinistre : antisémitisme, conspirationnisme, lâcheté des gouvernants, bêtise : tout y est passé… J’ai d’ailleurs reçu beaucoup de courriers de gens habitués à passer leurs vacances en Tunisie et qui ont été terrorisés par cette affaire.
Qu’étiez-vous venu faire?
Rencontrer, dans un hôtel, au vu et au su de tous, une quinzaine d’amis libyens, hommes de bonne volonté qui venaient jeter avec moi les bases d’un dialogue national.
Un mot sur l’élection présidentielle tunisienne?
On a demandé à l’homme qui va sans doute gagner [Béji Caïd Essebsi] ce qu’il aurait fait si Bernard-Henri Levy était entré, lui Président, en Tunisie. Il a répondu : « Je le vire! Je n’aurais pas eu d’état d’âme. Je ne chercherai pas dans ma veste le droit de l’homme numéro 1 ou 3 ou 4 avant de prendre ma décision. » C’est terrible! La Tunisie, avec des propos comme celui-là, se tire une balle dans le pied.
Que répondez-vous quand on dit que l’intervention en Libye a entraîné son chaos?
1) On a commis une erreur : de ne pas rester, d’être parti si vite. 2) Je m’emploie, avec mes petits moyens, à contribuer à réparer les choses en essayant d’amener à travailler ensemble des gens de bonne volonté. 3) Il faut prendre la vraie mesure des choses en comparant ce qui doit l’être. Bilan de l’intervention en Libye : chaos. Bilan de la non-intervention en Syrie : le chaos aussi; mais, en plus, 200000 morts; et, en plus, l’État islamique.
NiceMatin
Parce que c’est le meilleur moyen de ne pas faire la paix. Ce qu’il faut faire et que je réclame depuis quarante ans c’est de demander des concessions des deux côtés, de faire pression sur les deux parties. Reconnaître l’État de Palestine comme tel revient à faire pression sur les Israéliens mais pas les Palestiniens. Quid du droit au retour? Du Hamas? De la reconnaissance d’Israël par les groupes palestiniens qui refusent toujours son existence? De la question des frontières? Des manuels scolaires où Israël n’existe pas? Dire je reconnais l’État de Palestine sans se poser toutes ces questions, c’est d’une frivolité extrême, d’un amateurisme total.
Le gouvernement n’a pas pris position, le regrettez-vous ?
Oui. Car, si cette résolution est votée [mardi], ça va affaiblir la position de la France. Pour peser dans cette affaire, il ne faut pas être unilatéral. Il faut être audible des deux côtés. Si cette résolution passe avec l’assentiment tacite du pouvoir exécutif, la France perd toute capacité de négociation entre Israéliens et Palestiniens.
En avez-vous parlé avec Laurent Fabius?
Je ne souhaite pas répondre. Lui dit que c’est dans le droit fil du souhait de la France, depuis 1947, de la coexistence de deux États… L’État palestinien est reconnu depuis 1947 par la communauté internationale. S’il s’agit seulement de rappeler cette résolution, ça ne nécessite pas tout ce ramdam. La vérité c’est que nous sommes en 2014 et qu’on demande de reconnaître l’État palestinien tel qu’il est aujourd’hui. C’est-à-dire avec, au pouvoir, sur un de ses deux territoires, un parti islamo-fasciste [le Hamas], dont le premier acte, une fois reconnu, serait de bombarder un autre pays de la communauté internationale. C’est reconnaître un pays où une des factions, le FPLP associé à Mahmoud Abbas, a applaudi l’attentat contre la synagogue de Jérusalem-Ouest. C’est très particulier de faire ça dans ce climat.
Vous mettez Abbas sur le même plan que le Hamas?
Non, bien sûr. C’est un homme bien, qui a fait tout un chemin intérieur depuis l’époque, dans sa jeunesse, où il jouait avec le négationnisme. Mais justement. Avant de reconnaître unilatéralement cet État, renforçons Mahmoud Abbas.
N’êtes-vous pas vous-même unilatéral dans ce conflit?
Je réclame depuis quarante ans un État palestinien! La seule chose c’est que je n’en veux pas deux. C’est-à-dire que je souhaite un État où serait réglé le fameux droit au retour pour les Palestiniens.
Que s’est-il passé le 31 octobre lorsque vous avez été bloqué à l’aéroport de Tunis-Carthage?
Un petit lynchage 2.0! Un mini-vent de folie qui m’a attristé pour la Tunisie. Je pensais qu’elle était, dans le monde arabe, un exemple de modération, de tolérance. Eh bien elle a révélé, là, un visage sinistre : antisémitisme, conspirationnisme, lâcheté des gouvernants, bêtise : tout y est passé… J’ai d’ailleurs reçu beaucoup de courriers de gens habitués à passer leurs vacances en Tunisie et qui ont été terrorisés par cette affaire.
Qu’étiez-vous venu faire?
Rencontrer, dans un hôtel, au vu et au su de tous, une quinzaine d’amis libyens, hommes de bonne volonté qui venaient jeter avec moi les bases d’un dialogue national.
Un mot sur l’élection présidentielle tunisienne?
On a demandé à l’homme qui va sans doute gagner [Béji Caïd Essebsi] ce qu’il aurait fait si Bernard-Henri Levy était entré, lui Président, en Tunisie. Il a répondu : « Je le vire! Je n’aurais pas eu d’état d’âme. Je ne chercherai pas dans ma veste le droit de l’homme numéro 1 ou 3 ou 4 avant de prendre ma décision. » C’est terrible! La Tunisie, avec des propos comme celui-là, se tire une balle dans le pied.
Que répondez-vous quand on dit que l’intervention en Libye a entraîné son chaos?
1) On a commis une erreur : de ne pas rester, d’être parti si vite. 2) Je m’emploie, avec mes petits moyens, à contribuer à réparer les choses en essayant d’amener à travailler ensemble des gens de bonne volonté. 3) Il faut prendre la vraie mesure des choses en comparant ce qui doit l’être. Bilan de l’intervention en Libye : chaos. Bilan de la non-intervention en Syrie : le chaos aussi; mais, en plus, 200000 morts; et, en plus, l’État islamique.
NiceMatin
Commentaire