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Kenya : une économie prometteuse, suspendue à la paix et à la pluie

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  • Kenya : une économie prometteuse, suspendue à la paix et à la pluie

    D'après les premiers résultats provisoires de l'élection présidentielle au Kenya, le vice-premier ministre Uhuru Kenyatta, qui fait l'objet d'une inculpation de la Cour pénale internationale pour son rôle d'instigateur des violences de 2007, devance par 54 % des suffrages son rival Raila Odinga, l'actuel premier ministre. Zoom sur cette économie qui, entre 2000 et 2008, a enregistré une croissance moyenne de 3,9 %, stoppée par les violences du dernier scrutin.

    Depuis quelques années, la " jeune Afrique " intéresse de plus en plus les entrepreneurs. Eldorado pour les uns, réserve de main d'œuvre ou de terres pour les autres, elle attire les investissements chinois, indiens, français ou encore américains. La Corne de l'Afrique, dont l'histoire récente charrie pourtant pirates, massacres et famines, s'inscrit, elle aussi, dans cette évolution.

    Avec un PIB d'environ 280 dollars (215 euros) par habitant, le Kenya est considéré comme un pays à faible revenu mais, comme l'Afrique entière, il décolle. Les prévisions annoncent que d'ici une décade, il devrait atteindre le statut de pays à moyen revenu. Ces perspectives optimistes restent cependant tempérées par l'incertitude, tant météorologique que politique, qui préside à la région. Depuis le début des années 2000, le Kenya enregistrait une croissance moyenne de 3,9% (2,1% provenant des services, 1,1% de l'agriculture et 0,7% de l'industrie), mais en 2008, suite aux violences post-électorales, l'économie a connu un premier choc.

    Une partie des infrastructures a été détruite et des populations déplacées. L'agitation politique a découragé les investisseurs, conscients des risques. Les grandes sécheresses de 2008 et 2011 ont encore accentué la crise, faisant grimper le prix des matières premières et provoquant de nouveaux mouvements de populations, parmi les Kenyans comme depuis les pays voisins, notamment la Somalie.

    LE PEUPLE KENYAN, "INSTRUIT, ÉNERGIQUE ET ENTREPRENEUR"

    Après 2008, le Kenya s'est peu à peu reconstruit. Le pays compte en fait un certain nombre de qualités décisives qui lui ont permis de redresser la barre. D'abord, la main d'œuvre : Johaness Zutt, directeur national de la Banque mondiale pour l'Erythrée, le Kenya et le Rwanda, qualifie le peuple kenyan d'" instruit, énergique et entrepreneur " et ajoute que " l'esprit d'entreprise est une des plus grandes forces du Kenya ". D'ailleurs, le prix mondial de l'entrepreneur de l'année Ernst & Young a été décerné à un Kenyan, James Mwangi, le patron d'Equity Bank.

    Ensuite, le gouvernement : en investissant dans les infrastructures et les écoles, il prépare le pays au progrès économique. Il est aussi à l'origine de programmes d'urgence dont les Kenyans les plus pauvres devraient bénéficier, en cas de sécheresse par exemple. Les investissements directs étrangers (IDE) constituent un indice significatif de la santé économique d'un pays.

    Au Kenya, ce sont les télécoms qui excitent les convoitises. A travers sa filiale Safaricom, Vodaphone est devenu le leader d'un marché juteux. Là-bas, 80% de la population possèdent des téléphones mobiles. Ceux-là servent autant à surfer sur internet qu'aux transactions financières : vingt millions de Kenyans utiliseraient le service de banque à distance – ce qui a boosté le secteur financier, désormais accessible aux pauvres. Wolfgang Fengler, économiste en chef de la Banque mondiale pour le Kenya, l'Erythrée et le Rwanda, nuance cependant le tableau : " Le Kenya a attiré des IDE dans des secteurs qui relèvent de ses points forts (…). Au demeurant, les IDE restent décevants et le Kenya attire encore trop de capitaux fébriles. "

    DÉCOUVERTE DE GISEMENTS PÉTROLIERS

    La découverte de gisements pétroliers devrait cependant provoquer de nouveaux établissements. En plus de cette difficulté à attirer les capitaux, le Kenya peine aussi à exporter. Si sa part dans l'horticulture mondiale est désormais connue – ses roses s'arrachent à Aalsmeer, le marché aux fleurs hollandais – et qu'il est un des leaders dans le secteur du thé, il est bien trop gourmand en matières premières pour ce qu'il a à offrir.

    Johannes Zutt estime que si " l'économie kenyane est moins compétitive aujourd'hui qu'il y a vingt ans ", c'est que depuis le début des années 1990, la part des exports dans l'économie est passée de 38% à 25%. Selon lui, le déficit de la balance commerciale qui en résulte a accentué la " vulnérabilité macroéconomique du Kenya en 2011/2012 ".

    Un des atouts les plus remarquables du Kenya est son emplacement, en particulier sa longue côte. Le port de Mombasa, dont le rendement est encore trop faible, pourrait constituer une plaque tournante pour le commerce, et notamment régional. Le Kenya est l'économie la plus solide de la Corne de l'Afrique et, bien qu'il ne puisse pas prétendre à devenir le Nigeria de la côte Est, des accords bilatéraux ou multilatéraux avec ses voisins pourraient leur permettre à tous de fortifier leur économie. Wolfgang Fengler insiste sur ce point : " Le message clé pour tous les pays, c'est : l'intégration bénéficie à tout le monde. " Jusqu'ici, les pays de la Corne avaient plus tendance à partager les mauvaises nouvelles que les capitaux.

    Julie Ducamp
    Le Monde | 05.03.2013
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    Le Kenya vers une croissance de 6,9% en 2015 – FMI
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