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Comment Ariane 6 veut contrer le lanceur low cost SpaceX

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    Challenges Par Vincent Lamigeon Publié le 03-12-2014

    Ariane 6 est désormais sur le pas de tir. Les ministres de l’Espace, réunis à Luxembourg pour le conseil ministériel de l’Agence spatiale européenne (ESA), ont formellement lancé mardi 2 décembre le projet de successeur de l’Ariane 5 actuelle, avec un premier vol prévu en 2020. Confrontés à l’irruption de l’américain SpaceX, qui a cassé les prix avec des lancements à 60 millions de dollars quand le lanceur européen est à 200 millions (pour deux satellites), les Etats se sont mis d’accord sur une Ariane 6 déclinée en deux versions: Ariane 62 (70 millions d’euros) sera destinée aux lancements institutionnels; Ariane 64 (96 millions d’euros), plus puissante, vise le marché des télécoms, avec la capacité, comme Ariane 5, de lancer deux satellites à la fois.

    Réduction de prix

    Si cet accord, défendu par Geneviève Fioraso, la ministre chargée du dossier, est une étape majeure pour l’Europe spatiale, le plus dur reste à faire: tenir les objectifs affichés pour Ariane 6. Le chantier est immense: la filière doit réduire ses prix de l’ordre de 40% pour rester compétitive face à SpaceX. "C’est un écart absolument considérable, mais le challenge est gagnable si l’on accepte de faire Ariane 6 sans reprendre les outils d’Ariane 5, en changeant notre façon de travailler", assure Philippe Gery, délégué syndical central CFE-CGC chez Herakles, la filiale de Safran qui produit les moteurs à propulsion solide (poudre) d’Ariane.

    C’est tout l’objet de la coentreprise annoncé le 16 juin dernier à l’Elysée, qui va rassembler les activités de lanceurs spatiaux d’Airbus et Safran. Cette joint-venture, créée juridiquement mardi 2 décembre et révolutionnairement baptisée Airbus Safran Launchers (ASL), intègrera dans un premier temps environ 450 salariés des équipes programmes des deux entreprises. Le grand saut est prévu le 1er janvier 2016 : les deux sociétés apporteront alors leurs actif industriels à ASL, créant un champion d’une dizaine d’usines et centres R&D, et d’environ 8.000 salariés (voir carte). ASL devrait aussi intégrer à terme Arianespace, la société qui commercialise les lancements d’Ariane, et la direction des lanceurs du CNES, qui a développé jusqu’à présent les cinq générations d’Ariane.

    Effets d’échelle

    Comment une telle joint-venture peut-elle faire une Ariane 6 qui soit 40% moins chère qu’Ariane 5? Un rapport des experts du cabinet Secafi, mandaté par les comités d’entreprise d’Herakles et Safran, vient de donner quelques pistes. La fusée, développée selon le principe du "design to cost" (design pensé pour un prix bas), sera plus facile à concevoir qu’une Ariane 5, calibrée à l’origine pour le vol habité, d’où des redondances techniques coûteuses. Le choix des moteurs à poudre P120, communs à Ariane 6 et au petit lanceur italien Vega, permet de miser sur des effets d’échelle: la production devrait être de 35 moteurs par an environ, trois fois plus que celle des P230 actuels d’Ariane 5.

    La JV, rassemblant Airbus, Safran mais aussi Arianespace et une partie du CNES, devrait aussi simplifier la conduite des programmes et supprimer des couches contractuelles. "Elle permettra aussi de supprimer des doublons dans les fonctions support (achats, finance, contrats, moyens généraux)", souligne Thierry Prefol, délégué syndical central CFE-CGC d’Airbus Defence & Space, le maître d’œuvre de l’Ariane 5 actuelle. Douloureux, sûrement, mais le succès d’Ariane 6 est à ce prix.
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet
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