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«Le Malg c’est comme le cholestérol, il y a le bon et le mauvais Malg.» Nordine Aït Hamouda répond à Cherif Déroua

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  • «Le Malg c’est comme le cholestérol, il y a le bon et le mauvais Malg.» Nordine Aït Hamouda répond à Cherif Déroua

    J’ai lu avec stupéfaction et, je le dis d’entrée, avec une bonne dose d’écœurement, la deuxième intervention de M. Ali Chérif Déroua publiée dans Le Soir d’Algérie du 23 novembre 2014 en guise de réponse aux conférences données par Saïd Sadi ces dernières semaines à propos de notre histoire.
    J’attendais la réplique de Saïd Sadi après cette seconde sortie, puis ne voyant rien venir, je l’ai appelé. Il m’a dit que toutes les questions qu’il a soulevées, dont certaines sont importantes et graves, étant restées sans réponses, il n’y avait pas lieu de suivre M. Déroua dans la provocation et la diversion. Je pense que Saïd Sadi a tort, d’autant que Rachid Boudjedra, autre vigile du boussoufisme qui nous avait appris que Boumediene avait fait étrangler Krim Belkacem pour venger Abane, également étranglé, vient de récidiver dans une de ces télévisions spécialisées dans la diffamation et la désinformation. La sortie de M. Déroua semble donc être un élément d’une séquence qui ne fait que commencer dans cette période où les leviers des clans occultes doivent parasiter un climat politique que plus personne ne peut lire. D’ailleurs, M. Déroua qui ne fait pas mystère de sa mission menace : «ces mises au point ne sont qu’un début», avertit-il. On tremble. En attendant que le public découvre et goûte les délicieuses fiches de cet homme qui veut limiter la parole publique à des questions que personne n’a posées, je ne résiste pas à la tentation de mettre cet honorable monsieur face à des «contradictions et contre-vérités» qu’il reproche à ceux qui osent sortir des chemins malgaches. M. Ali Chérif Déroua atteste que les rapports entre Boussouf et le colonel Lotfi étaient idylliques ; mieux, il garantit la grande affection que portait le premier au second !! Comme un certain nombre d’Algériens, j’ai lu, moi aussi, le témoignage de Ferhat Abbas à propos de Lotfi. Indépendamment de tout jugement, on découvre que les parcours, les convictions et les pratiques des deux hommes étaient opposés à tout point de vue. Mais en spécialiste de la propagande, M. Déroua occulte les faits, ici les écrits de Ferhat Abbas, et jette son sortilège : «Lotfi est pour Monsieur Saïd Sadi un nom qu’il utilise à des fins scabreuses et n’a sûrement aucun respect pour le martyr.» Je sais que Saïd Sadi ne le dira pas mais je porte à la connaissance de M. Déroua cette information.
    En 1995 déjà, de passage à Béchar, il a remué ciel et terre pour retrouver des maquisards qui l’ont conduit en présence de dizaines de militants du RCD sur les lieux où sont tombés Lotfi et son groupe.
    Mais le censeur malgache ne se limite pas aux insultes adressées à une génération qui cherche à éclairer l’Histoire de la guerre de libération dont il confisque les symboles et les âmes. Il déclare : «Lotfi est pour moi mon compagnon de combat… auquel j’ai fait visiter pendant une semaine les trésors historiques du Caire… Lotfi est pour moi une partie de moi-même… Il (Saïd Sadi) n’a qu’à demander à Madame Lotfi qui est son frère Ali Chérif Déroua», ajoute le dépositaire de la guerre de Libération nationale. On aura au moins appris que Lotfi a consacré une semaine au tourisme lors de son passage dans la capitale égyptienne alors que Ferhat Abbas y décrit un officier dévasté par le détournement de la révolution par ceux qu’il qualifia de «loups».
    Venons-en maintenant au pénible montage d’un homme censé maîtriser toutes les techniques de l’intox et de la manipulation. Quand Saïd Sadi cite la date et le lieu où le plus proche compagnon du colonel Lotfi révèle publiquement que Boussouf lui a donné l’ordre de l’arrêter pour l’exécuter, M. Déroua, impassible devant une telle abomination, fait semblant de n’avoir rien entendu. Un détail au regard de la leçon de français par laquelle il commence sa mise au point et dans laquelle il s’indigne que Saïd Sadi ait écrit : «j’ai pu croiser, au lieu de j’ai croisé ( M. A. C. Déroua)» !! Comprenne qui voudra.
    Par contre, il glisse tranquillement sur la préméditation d’un assassinat politique et se défend : «n’en déplaise à M. Saïd Sadi, je ne connais pas ce maquisard (le compagnon de Lotfi ) et je n’étais pas du tout au courant de ce colloque, avouez qu’il y a quelque chose qui cloche.»
    Oui M. Déroua, il y a beaucoup trop de choses qui clochent. Comment ne pas connaître le principal camarade de Lotfi, cette «partie de vous-même», camarade qui a eu pourtant la chance de survivre à la guerre ? Comment ne pas être au courant qu’un colloque est consacré par l’université de Tlemcen à votre «compagnon de combat» en présence de la famille du martyr dont vous affirmez être «frère» ?
    Mais en bon manipulateur, vous continuez à brouiller les pistes pour jeter le trouble sur des faits incontestables. Oui, incontestables, puisqu’il s’agit bien de faits. Ce colloque a eu lieu devant des centaines de personnes pendant plusieurs jours. Le témoignage rendu public de l’ordre d’exécuter Lotfi est tout aussi incontestable puisqu’il figure en toutes lettres dans les actes du colloque que j’ai lu moi aussi. Autant de «détails» qui, apparemment, ne vous empêchent pas de dormir.
    J’entends dans ces misérables manœuvres comme un écho aux aboiements répétés jusqu’à la nausée pas vos compères du Malg pendant toute l’année 2010 après la sortie du livre consacré par Saïd Sadi au colonel Amirouche.
    A aucun moment ils n’ont voulu répondre à la seule question qui est au cœur d’une dramatique problématique algérienne, un autre «détail» pour eux aussi : les restes des colonels Aït Hamouda Amirouche et Si L'Haouès ont-ils été, oui ou non, déterrés en secret à Boussaâda, enterrés clandestinement à El Alia sous des numéros anonymes en décembre 1962, c’est-à-dire après la guerre et donc en dehors de toute pression, avant d’être exhumés à nouveau pour être, une fois encore, cachés dans les caves de l’état-major de la Gendarmerie nationale ; le tout sur ordre de Boumediene ? Pas une ligne n’a été réservée à cette horreur sans égal dans l’histoire algérienne sur les centaines de pages noircies par vos collègues en 2010. Un détail.
    Digne collègue de ces enfumeurs d’hier et d’aujourd’hui, vous aussi, vous invectivez, vous polémiquez, vous insultez pour éviter de vous prononcer sur la seule question qui vaille. Vous prétendez ne pas connaître l’adjoint du colonel Lotfi, vous osez assurer que vous n’étiez pas au courant d’un colloque que lui a consacré l’université de Tlemcen en février et mai 2006, vous prétendez ignorer les déclarations publiques faites devant des centaines de personnes révélant la décision de Boussouf d’exécuter Lotfi, vous, homme des réseaux tentaculaires et collectionneurs de fiches «scabreuses». Soit ; mais le «détail» est gros. Même maintenant que vous savez tout ça, je sais que vous ne répondrez pas sur ces tragédies et qu’en bon agent malgache, vous allez cyniquement botter en touche pour faire focaliser l’attention sur des futilités en vue d’essayer d’empêcher les Algériens de débattre librement de leur histoire un demi-siècle après l’indépendance. Rien ne vous arrête.
    Vous vous donnez le droit de dicter les questions à débattre, vous seul pouvez apporter les réponses qui vous conviennent et que personne n’attend. Vous décidez que, et je vous cite, «tout un chacun a le droit d’avoir son opinion sur tous les acteurs de la révolution sans exclusive…» Tous… sauf ceux que vous avez excommuniés, c’est-à-dire la grande majorité du peuple algérien indigne de savoir, de s’exprimer sur son destin. M. Déroua, malgré tant de bassesses, vous êtes quand même un individu intéressant car vous symbolisez et assumez enfin ce qu’il y a de plus noir et de plus dangereux dans le mouvement national. On savait que l’indécence est la première «qualité» des comploteurs, mais là aussi vous dépassez toutes les bornes puisque vous espérez que «M. Saïd Sadi ne reniera pas ses écrits des 2 et 17 novembre 2014», manière sournoise de laisser croire à ceux qui n’ont pas lu ces écrits qu’ils représenteraient des scoops accablants que vous seul avez dévoilés. Comme je vous l’ai dit plus haut, j’ai eu un long échange téléphonique avec Saïd Sadi et je vous rassure. Il a décidé de vous faire plaisir puisqu’il va éditer l’ensemble des conférences qu’il a ou va animer. Si j’ai bien compris, je crois même que vous allez passer à la postérité puisque les débats ainsi que vos burlesques intrusions seront intégralement rapportés et, j’imagine, commentés. Je ne résiste pas à l’envie de citer Saïd Sadi, je sais que cela aussi va vous faire plaisir. Répondant à l’avalanche de haine émanant de vos semblables après la sortie de son livre sur Amirouche, il avait déclaré : «Le Malg c’est comme le cholestérol, il y a le bon et le mauvais Malg.» Il n’y a pas besoin de chercher longtemps pour savoir à quelle catégorie vous appartenez.
    Cependant, et pour une fois, même le mauvais cholestérol a eu son utilité. Les outrances commises par vos compères en 2010 ont contribué à soulever le cœur de certains de vos anciens collègues qui ont accepté d’apporter leur part de vérité dans la quatrième édition du livre de Saïd Sadi qui, après avoir dévoilé la forfaiture des séquestrations des restes d’Amirouche et L’Haouès, ouvre la boîte de Pandore de la disparition du colonel Lotfi qui a, lui aussi, été liquidé par l’armée française à cause du code radio généreusement offert par les services de Boussouf à partir du Maroc. Un détail de plus. Vous ne l’avez pas fait exprès, mais pour une fois vous avez été utile à la nation.
    Par déformation professionnelle et par calcul, je sais que vous ne répondrez à aucune des questions posées, aucun des faits concrets abordés, ces «détails» qui vous importunent et qui sont et seront de plus en plus, vous devez en faire votre deuil, au centre des préoccupations de la jeunesse algérienne.
    Dommage, vous avez manqué la dernière occasion de vous racheter. A vous, vos sponsors et vos semblables, je dis à très bientôt.
    Nordine Aït Hamouda
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    La sortie de M. Déroua semble donc être un élément d’une séquence qui ne fait que commencer dans cette période où les leviers des clans occultes doivent parasiter un climat politique que plus personne ne peut lire
    Cette expression est très significative du mélange des genres, utilisant ainsi les mêmes procédés que ceux qu'ils nous disent condamner dans un paysage politique "clanique" qu'ils disent ne plus comprendre, et ainsi avouent s'y être mêlés et entre mêlés quand il s'agissait de monter ses propres opérations politico historiques... Il est aussi la preuve d'une bêtise politique, avouant ne plus être capable de décrypter le jeu politique actuel, englué qu'il est dans ses propres contradictions et vérités...

    Le reste relève de l'histoire, et d'un débat historique...
    Othmane BENZAGHOU

    Commentaire


    • #3
      Nous assumons nos propos, assumez vos actes

      Contribution : Débats
      Nordine Aït Hamouda répond à Chérif Deroua

      Par Nordine Aït Hamouda
      M. Deroua Ali Chérif veut exister, accompagnons-le. Mais avant de répondre à son flot d’accusations, de condamnations et de mensonges, je vais l’aider à mettre ses fiches à jour quant au parcours que je partage avec Saïd Sadi.
      Je connais cet ami depuis bientôt 40 ans. C’était l’époque où je mettais à la disposition des étudiants qui suivaient les cours de Mouloud Mammeri le bus que possédait notre famille pour faire des excursions indépendantes des «organisations de masse». C’est aussi grâce à ces modestes initiatives que se sont rencontrés les femmes et les hommes qui ont fait Avril 1980 qui permet aujourd’hui à M. Deroua de parler, lui, nostalgique du silence, qui est toujours tenté de faire taire les autres ou de parasiter leur voix.
      Plus tard, nous nous sommes retrouvés dans les cellules de prisons ou les sous-sols des commissariats, endroits où nous n’avons torturé ni tué personne pour faire avancer nos idées à l’inverse de ce que faisaient ceux qui ont formé M. Deroua. A l’époque, ce dernier n’avait pensé ni à se solidariser avec les familles de détenus ni à rendre «des visites de courtoisie» aux victimes d’un régime qu’il défend toujours aveuglément.
      Que ce monsieur et ses compères sachent que nous avons payé et arraché le droit de dire et défendre tout ce qui nous semble utile au pays et que l’Histoire qu’ils ont séquestrée est et sera un bien que nul ne pourra plus manipuler. M. Deroua, qui se vante d’exercer des influences sur les activités politiques des partis, sait que nos convictions et nos combats sont incompatibles. Il appartient au clan d’Oujda, je me revendique de la Soummam. Les 2 projets se sont affrontés depuis l’assassinat de Abane et ils continuent de le faire. Cette opposition historique demande que chacun assume son héritage et ses conséquences. Nous assumons nos propos mais vous devez assumer vos actes, assassinats de votre courant compris. C’est le minimum qu’on peut demander à toute personne voulant s’exprimer et être entendue politiquement et qui, en plus, rêve de continuer à bâillonner les autres. Nous nous donnons le droit et nous nous faisons un devoir de parler de l’Histoire et même de la géographie de notre pays. Les baltaguis du Malg veulent toujours nous empêcher d’évoquer les erreurs, les fautes et les crimes commis de sang froid contre les Algériens qui se battaient avec courage et dévouement pour la libération nationale pendant qu’eux, réfugiés à l’extérieur, préparaient la vie d’après. Abane étranglé au Maroc, Amrani défenestré au Caire, Zoubir exécuté après avoir été livré à Boumediène par les autorités marocaines, le colonel Lamouri et ses compagnons étranglés avec du fil de fer après la sanction infligée par un tribunal présidé par le même Boumediène, pour ne parler que des plus connus doivent être passés par perte et profit. Sans parler des anonymes fusillés aux frontières pour faire respecter le pouvoir de l’état-major ou des assassinats politiques exécutés après l’indépendance et qui sont l’œuvre de la même école.
      L’omerta d’hier qui a produit la corruption et les fraudes électorales d’aujourd’hui est à la base du système Boussouf que les marchands de la mémoire et du sang algériens veulent maintenir coûte que coûte et jusqu’à la nuit des temps.
      L’époque et les circonstances ont peut-être convaincu Boussouf que le crime politique était une activité comme une autre. Cela ne justifie rien mais on peut essayer de comprendre. Il est, par contre, difficile de comprendre ce qui fait courir les Deroua un demi-siècle après l’indépendance.
      L’insupportable vérité qui a réveillé la colère intéressée de M. Deroua est un signe inquiétant et grave. Pourquoi Saïd Sadi a salué le courage et l’intégrité d’un homme, ancien officier de l’ALN, qui a déclaré, il y a déjà huit ans de cela, vouloir soulager sa conscience en révélant que Boussouf lui a ordonné d’exécuter Lotfi et qu’il a refusé d’obéir. Il faut aller au bout de la logique qui anime l’agitation de M. Deroua. Saïd Sadi, Kabyle, peut à la rigueur dénoncer la forfaiture commise contre Amirouche mais il n’a pas le droit de parler de Lotfi le Tlemcénien !! Honte à vous M. Deroua, honte à ceux qui vous actionnent ou vous orientent. Et ne venez pas nous assommer après cette crapuleuse manipulation avec vos éternelles sornettes d’hommes qui ont tout sacrifié pour l’Algérie sans tenir compte des régions ou des opinions.
      M. Deroua, gardien du temple, entre en transe et déblatère sur tout et son contraire, frisant par moments la diffamation. Dans un premier temps, il accuse Saïd Sadi d’avoir inventé l’information. Quand les dates et le lieu où a été produit le témoignage lui sont mis sous le nez, il répond, toute honte bue, qu’il ne connaît pas ce maquisard. La règle est claire. Tous ceux qui ne sont pas connus par les baltaguis du Malg n’existent pas ! Lorsqu’enfin il se voit confronté avec les actes du colloque qui rapportent l’intervention, le vigile s’emporte et menace : Saïd Sadi n’a pas «à se la ramener» avant de décréter qu’il «se devait de ne pas se laisser abuser par un “tel” témoignage». Vous paniquez M. Deroua ! Si vous ne connaissez pas cet officier qu’est-ce qui vous autorise à attenter à son honneur et sa crédibilité ?
      Toujours sournois, il essaie de jeter le trouble sur le témoignage en suggérant vicieusement qu’à «mon humble avis» le Malg ne donnait pas des chiffres dans ses codes pour identifier les personnes. Non seulement le nom de code de Boussouf était bel et bien 45 mais on sait aujourd’hui que Boudiaf qui séjournait à la même époque au Maroc et d’autres avaient été pendant des mois «codés», par des numéros. Comment un limier qui prétend être dans les secrets des dieux et qui défend avec tant de hargne le bilan de Boussouf peut-il ignorer des choses aussi élémentaires ?
      Les écrits et les faits ne troublent pas le gardien du temple. La volonté de soumettre Lotfi à Boussouf est poussée à la vulgarité. Quand Lotfi dénonce les analphabètes et les fascistes, M. Deroua exclut les tenants du boussoufisme de cette attaque. Il feint de ne pas avoir compris que l’analphabétisme dont parle l’humaniste Lotfi concerne l’incapacité politique à admettre l’avis de l’autre qu’on n’hésite pas à abattre et que l’on peut être lettré et brutal. Il oublie aussi de souligner que le CNRA a décidé de la rentrée des dirigeants à l’intérieur et qu’après Lotfi en premier, suivi d’Ahmed Bencherif et, plus tard, de Tahar Zbiri, Boussouf violant les prérogatives du «parlement» de la Révolution, a mis son véto annulant ainsi l’obligation de se mettre en route pour l’intérieur. Non, M. Deroua, vous ne pourrez pas aligner Lotfi sur Boussouf.
      The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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      • #4
        Vous êtes d’un autre temps. Votre politique a éliminé froidement et dans l’impunité les dirigeants les plus dignes de notre Révolution, vous croyez toujours que vous êtes seuls à décider de ce qui est permis et ce qui est interdit, vous pensez que vous ne serez pas dénoncé si vous mentez ou agressez. Vous croyez aussi pouvoir ordonner aux Algériens de se taire quand ils veulent libérer leur peuple du mensonge et de la violence. Erreur. Le 20 août dernier se tenait un colloque à Béjaïa sur le congrès de la Soummam. Les organisateurs avaient à peine la quarantaine. Vous savez sur quel sujet ils m’ont demandé d’intervenir ? Sur la réunion du Caire d’août 1957 au cours delaquelle a été commis le premier, et hélas, pas le dernier, coup d’Etat. Dans les débats une question revenait souvent. De quelle science et de quelle puissance a pu disposer Boussouf pour imposer un autre CNRA et un autre CCE en violation des statuts, faire exploser les principes arrêtés à la Soumman, notamment la primauté du politique sur le militaire… Vous voyez, vous êtes sur une autre planète.
        Beaucoup de nos concitoyens m’ont appelé pour me poser une question simple. Pourquoi cet homme riche sort-il de son silence en ce moment au point de s’exposer au ridicule, m’ont-ils demandé ? J’ai répondu que la réponse à cette question est apportée par l’intéressé lui-même. Vous avouez avoir appelé Saïd Sadi pour demander une «visite de courtoisie» après l’entrée de son parti au gouvernement. A votre décharge, vous n’êtes pas le seul à guetter les occasions propices pour faire des offres de service quand il y a une ouverture rentable à l’horizon.
        Il se trouve que j’étais membre de la direction nationale du parti quand M. Deroua, dont personne ne connaissait les sympathies pour l’opposition, tenait à présenter ses félicitations. Nous avons été informés en temps et en heure des deux démarches que M. Déroua définit par une «relation» tellement passionnée qu’elle en deviendrait douteuse. Il est utile de vous dire que nous savions aussi que vous tentiez systématiquement la même approche auprès des autres responsables politiques, Premiers ministres compris, opérateurs économiques… auxquels sont proposées des «interventions» dont on imagine bien ce qui peut en être attendu. Les lecteurs ne sont pas dupes. Des années plus tard, vous semblez ne pas avoir digéré un repas que vous auriez payé. Moi je ne suis pas inquiet pour votre bourse. D’abord vous faites partie de ceux qui ont su bien la garnir après 1962 et compte tenu de vos méthodes, on peut estimer que le retour sur investissement n’est pas négligeable.Tout le monde sait que dans ce genre de commerces, les intrus abusent, à l’insu des concernés, des contacts qu’ils provoquent.
        Les cadres et militants du RCD ont souvent entendu l’ex-président du parti rendre compte des rencontres suivies et respectueuses qu’il entretenait avec les Salah Boubnider, Omar Bouadaoud, Ali Yahia Abdenour, le colonel Khatib, Omar Oussedik, le commandant Azzedine, Ben Tobbal, Mhamed Yazid, etc. Nous n’avons pas gardé de souvenir impérissable d’un Déroua compagnon de route du RCD.
        Cependant, la rentabilité n’est pas la seule raison qui pousse les Déroua à s’exciter actuellement. La situation est difficile pour des gens qui ont fait leur beurre sur le cadavre de la démocratie assassinée. La fin du système est inimaginable pour eux. Il faut polémiquer, provoquer, certains vont jusqu’à la diffamation, pour brouiller les pistes pendant que les parrains et les sorciers préparent la reprise en main.
        Politiquement, les baltaguis du Malg ne veulent toujours pas donner la moindre chance au peuple algérien. En publiant la lettre adressée par Boussouf aux agents du Malg en 1962, M. Deroua confirme la suprématie de la loi du milieu sur le peuple et la nation. Quand Boumediène, visir insignifiant, a décidé de se retourner contre le khalif, Boussouf qui l’a fabriqué n’a pas hésité une seconde. Entre le GPRA, instance légale de la Révolution algérienne dont il faisait partie et déjà reconnu par des dizaines de pays et l’état-major qui s’apprêtait à traumatiser la Nation au premier jour de sa naissance par un coup d’Etat sanglant, le choix s’est imposé de lui-même. Il ne faut surtout pas gêner la prise du pouvoir par le fils même s’il est indigne.
        Peu de temps avant son assassinat, j’ai eu le privilège de rencontrer Ali Mécili qui était, lui aussi, un officier du MALG dont les convictions démocratiques le conduiront à se mobiliser contre les méthodes et les visées de Boussouf et Boumediène. Il m’avait raconté comment, avec certains de ses compagnons, ils avaient supplié Mohamed Khider de récupérer les services de renseignement car ces jeunes républicains voyaient bien que si Boumediène héritait des archives et des structures du Malg, cela allait être un drame pour l’Algérie indépendante. Khider, méprisant l’action policière, a ignoré leur appel. On connaît la suite à Madrid en 1967. Je rapporte ce témoignage aujourd’hui parce que je sais que Ali Mécili l’a fait devant plusieurs autres militants qui peuvent le confirmer. Vous voyez bien que tous les cadres du Malg n’étaient pas en faveur d’une «neutralité» qui valait abandon du pouvoir civil à l’armée des frontières momentanément mise au service d’un Ben Bella préparé depuis longtemps par Paris et le Caire.
        La prétendue sagesse avancée par Boussouf pour isoler le GPRA n’a convaincu personne ; d’autant que le bain de sang a bel et bien eu lieu. La Wilaya IV, qui a laissé des centaines de morts aux premiers jours de l’indépendance, en sait quelque chose.
        En exigeant de ses cadres de ne pas se solidariser avec le GPRA, Boussouf a objectivement soutenu le coup d’Etat de 1962. Ce sera son deuxième après celui qu’il avait fait au Caire en août 1957.
        En contre-partie de ce soutien, l’homme de l’ombre n’a pas tout perdu dans ce sinistre marchandage. Il sera gracieusement récompensé. Marchand d’armes après l’indépendance, il brassera des milliards qui partiront en fumée après sa mort en 1980.
        Vous n’avez pas encore compris que les temps de la confiscation de l’histoire du pays sont révolus. Même des anciens du Malg l’admettent.
        C’est pour cela que je ne veux pas mettre tous les militants du Malg dans le même sac. La plupart ont découvert les dessous de leur recrutement et l’usage fait de leurs sacrifices juste avant ou au moment de l’indépendance. Ils ont souffert du manque d’enthousiasme qu’il manifestait devant le pouvoir de Boumediène en juillet 1962 et ils ont payé leur retrait. J’en connais qui ont vu leurs carrières professionnelles freinées ou carrément brisées. Activant dans le cloisonnement et le stress permanents, ils ne pouvaient pas voir les orientations et les objectifs politiques que suivaient leurs responsables. Ils vivent aujourd’hui dignes mais dépités. Ceux qui parlent mettent en avant les choses positives de leur activité mais peu osent parler des zones d’ombre du Malg. Quelques-uns d’entre eux ont manifesté de l’irritation après vos bruyantes sorties.
        Quand il n’a plus d’argument, M. Deroua s’approprie tout à la fois «Abane, Ben M’hidi, Amirouche, Zighoud…» pour légitimer son statut, ses abus et sa fortune. On ne peut pas se réclamer d’un clan qui a tué et fait tuer des responsables pour confisquer le pouvoir et revendiquer leur mémoire. Vous voulez nous interdire de parler des circonstances de la mort de Lotfi, d’Amirouche, de Abane, de Lamouri et de tant d’autres pour protéger et maintenir en place un système politique qui élimine tous les Algériens qui ne courbent pas l’échine ou qui refusent de se laisser corrompre.
        Je vous renvoie à la citation de Gibran Khalil Gibran par laquelle vous avez conclu votre précédente diatribe : «Malheur à la nation dont chaque partie se prend pour la nation tout entière.» Dommage que vous n’y croyez pas.
        A la prochaine.
        N. A. H.
        The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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