Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Comment les patrons étrangers voient la France ?

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Comment les patrons étrangers voient la France ?

    Challenges Par Sabine Syfuss-Arnaud Publié le 04-12-2014

    Lors du 1er Sommet de l'économie, trois d'entre eux ont livré leur diagnostic et donné quelques conseils à ceux qui la dirigent.

    Osons la France a choisi de poser la question à quatre d'entre eux : un Français, Benoit Potier, PDG d’Air Liquide, un Italien Rodolfo de Benedetti, président de CIR, un Belge, Marc Grynberg, PDG d'Umicore et un Suédois, Olof Persson, à la tête de de Volvo.

    De l'importance d'avoir un cap clair

    Commentant l’arrivée récente de Matteo Renzi au pouvoir, Rodolfo de Benedetti, a assuré être "plein d’espoir" même si, a-t-il pointé, "il est bien trop tôt pour se faire une idée définitive" de ce que donneront les nombreuses réformes en cours. Pour l’industriel, c’est "un vrai défi que de mettre en place ce qui a été annoncé, d’autant qu’il va falloir du temps pour que les réformes structurelles produisent leur effet". Mais, leur succès est d’autant plus nécessaire, selon le manager, que l’Italie est un des pays européens qui a connu la plus faible croissance au cours de la décennie passée. "Il faut faire vite et sans doute davantage", a conclu l’Italien.

    Olof Persson, lui, a rappelé que la Suède avait mené des réformes drastiques dans les années 1990. "Tout le monde savait que ce serait difficile, mais il y a eu un consensus national pour l’accepter. Il a fallu du temps pour arriver à des résultats, les réformes ne se mettent pas en place du jour au lendemain". Et le Suédois d’ajouter "ce qui est essentiel, c’est que tout le monde sache dans quelle direction on va".

    "Qu’on arrête de parler et qu’on agisse"

    Le belge Marc Grynberg a commenté l’arrivée du nouveau gouvernement de droite dans son pays, précisant toutefois que "les mesures d’austérité ne sont pas l’apanage des gouvernements conservateurs". L’homme d’affaires a souligné que "la Belgique a urgemment besoin de réformes. Certes depuis 20 à 30 ans il y a eu beaucoup de réformes, mais elles n’ont été qu’institutionnelles. En fait, il n’y a eu ni réformes économiques, ni réformes du marché du travail qui pourtant sont nécessaires maintenant. Même chose pour le système de retraite, mis en place dans les années 1960".

    Point commun entre ces quatre patrons, tous sont présents dans l’Hexagone. Ils ont donc leur idée sur l’état de la France et la manière de la rendre plus compétitive. Pour Benoît Potier, "il y deux façons de voir l’Hexagone. D’abord relever ce qui ne va pas et là la liste est longue. Il y a aussi une façon positive de la considérer". Et le PDG de citer la qualité de la recherche, de l’innovation, de l’éducation, la qualité des managers français, reconnue dans le monde entier

    Pour lui, "pour améliorer la compétitivité et tirer partie de toutes ces avantages, il suffirait de créer un environnement pro business favorable aux entreprises". Et le patron d’asséner à l’adresse du gouvernement : "tout ce qui peut être en faveur de l’esprit d’entreprise devrait être une priorité en France. Qu’on arrête de parler et qu’on agisse !"

    Réduire le nombre des entreprises publiques

    Rodolfo De Benedetti a, lui, 2.000 employés en France. Il trouve à notre pays "beaucoup de talent et un sens de l’innovation". Il a d’ailleurs un centre de R&D dans l’Hexagone. "Bien des défis se posent à France, a-t-il enchaîné, les couts de production et les impôts sont très élevés, elle n’est pas toujours business friendly, mais elle a de vrais talents". L’Italien a toutefois précisé que ce n’est pas dans l’Hexagone qu’il ferait des investissements de production. Profitant de la compétitivité intra européenne, il vient d’installer une unité en Espagne. Les conseils de Rodolfo De Benedetti à Manuel Valls: "avoir le courage de toucher aux 35 heures, de baisser le niveau des impôts et de réduire le nombre d’entreprises publiques".

    De son côté, Olof Persson qui a 12 500 salariés en France salue les "très bonnes compétences" qu’il trouve sur place, en particulier dans la région de Lyon. Il parle même d’une "forte productivité des salariés français". Ce qu’il conseille à Matignon ? "Ne pas être effrayé par le changement, être capable de s’adapter à la réalité, être flexible". Quant aux réformes, "l’essentiel est de les mener à bien et de bien les expliquer pour remporter une large adhésion".

    "Encourager plutôt que taxer"

    Marc Grynberg, voit de son côté "beaucoup de potentiel, notamment dans les technologies propres". Rendant hommage à la qualité des travaux du CEA à Grenoble, il souligne "une incroyable capacité d’innovation dans l’Hexagone". Avec un bémol toutefois, qui vaut dit-il pour tout le continent. "Les Européens ont du mal à transformer les innovations en emplois industriels". Son conseil à la France: "encourager plutôt que taxer ; définir des stratégies et les soutenir, plutôt que de taxer les choix qu’il ne faut pas faire ». Et d’expliquer qu’il vaut mieux épauler la voiture électrique que de taxer le diesel.

    Tous les quatre ont été unanimes pour réclamer une Europe "plus flexible, plus réactive, plus adaptable". Rodolfo De Benedetti s’est dit "très impressionné par petites entreprises américaines qui sont devenues en quelques années des géants". Et de regretter: "Ce type d’entreprise n’existe pas en Europe".

    S’agissant du plan européen de relance présenté par Jean-Claude Juncker la semaine dernière, là aussi un scepticisme commun, même si Benoît Pottier souligné que "parler d’investissement est bon": "C’est regarder l’avenir, croire en l’avenir, et ne pas regarder ses pieds". Mais le PDG français nuance immédiatement son propos : "Maintenant que nous avons les montants, il faut donner une direction stratégique aux entreprises". Un avis partagé par tous.
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet
Chargement...
X