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"El Shad", le nouveau magazine LGBT algérien

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  • "El Shad", le nouveau magazine LGBT algérien

    Disponible sur Internet, "El Shad" est un magazine trimestriel entièrement gratuit destiné à la communauté LGBT maghrébine. Il entend militer pour le respect des différences, sans pour autant devenir un porte-drapeau politique. Entretien.

    "L’anormalité n’est pas une tare, c’est une richesse". Ce mot d’ordre, c’est celui de O. Harim, l’un des co-fondateurs d’"El Shad", le premier magazine destiné à la communauté LGBTQI maghrébine (lesbienne, gay, bisexuel(le), transsexuel(le), queer, intersexe). Utilisé par les hétérosexuels pour désigner péjorativement les homosexuels, le mot “shad”, qui signifie "anormal", est donc une manière de revendiquer la différence.
    La petite équipe de ce trimestriel entend ainsi donner la parole à ceux que la société maghrébine stigmatise voire criminalise, comme c'est le cas en Algérie. Ce magazine gratuit, dont le premier numéro est disponible depuis le 20 novembre sur Internet, veut parler d’amour et de sentiments, afin d’améliorer la vie quotidienne des homosexuels. Entretien.
    France 24 : Comment est née l'idée du magazine ?
    O. Harim : Après des années de militantisme, il nous a semblé évident que le seul moyen de changer les mentalités étaient d’informer, d’expliquer et de faire comprendre à la communauté que leurs différences n’étaient pas des tares. Mais aussi d'expliquer à la société, frileuse de ce qu’elle ne connaît pas, qu’il faut comprendre pour accepter et qu’au fond, nous sommes tous anormaux car différents.
    Combien de personnes collaborent à ce magazine ?
    Nous sommes une équipe de trois, Sapho, S.P et moi-même. Nous nous sommes rencontrés en militant au sein de l’association Alouen pour les LGBT algériens. Pour autant, le magazine n’est pas le porte-parole de l’association. Nous voulons aborder des problématiques plus terre-à-terre.
    Faire accepter les différences aux personnes LGBT en interviewant des gens ayant réussi à vivre leurs différences est l’une des missions du magazine. Nous tenons aussi à faire comprendre aux néophytes l’histoire des différences. De plus, nous donnons la parole à plusieurs personnes afin de comprendre comment les gens voient ces différences au sein de notre société.
    Quel est le but de cette publication ? Faire sortir la communauté de l'ornière ?
    Le but premier est que les personnes LGBT arrivent enfin à accepter leurs différences. Qu’elles soient de genre ou d’orientation. En 2014, en Algérie, un jeune garçon s’est suicidé car il était gay. Et tant qu’il y aura encore des personnes qui se suicident à cause de leur genre ou de leur orientation sexuelle, il n’y aura pas assez de magazines pour décrire cette situation. Nous voulons expliquer qu’être différent est normal et que la vie vaut le coup d’être vécue.
    Est-ce un magazine militant ?
    Militant oui, mais absolument pas politique. Le magazine veut transmettre l’idée que la différence est une richesse dans un pays comme le nôtre. Les différences sexuelles et identitaires sont aussi banales que le fait d’être blond, brun, avec des cheveux raides ou frisés. Aujourd’hui, notre société est tellement patriarcale que la seule sexualité acceptable est celle de l’homme male pénétrant une femme femelle. Le féminisme et la lutte pour les libertés individuelles ont l’obligation de faire changer les mentalités. "El Shad" l’écrit noir sur blanc.
    Est-ce que la visibilité de la communauté LGBT passe avant tout par Internet, par le virtuel ?
    J’aimerai tant vous dire que non. Malheureusement, la réalité sociétale mais aussi les lois qui ne nous protègent pas, ne permettent pas aux militant d’aller sur le terrain à découvert. Pourtant, militer sur le net est loin d’être chose aisée. Ce n’est pas facile de lire des commentaires haineux et d’essayer d’y répondre avec toute la bienséance de ceux qui savent que leur combat est juste.


    France 24, 03/12/2014
    "Win yeččan tayazit' n Iflissen, iheggi-d tin-is"
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