Résumé
IntroductionDes travaux sociologiques ont montré le lien existant entre l’humour que l’on pratique et les idées inconscientes que l’on se fait de la société dans laquelle on évolue. Nous avons réalisé un questionnaire pour répondre à la question : quels sont les stéréotypes sur notre profession de médecin qui se dégagent d’un verbatim de blagues recueillies au sein d’une population médicale ?
MéthodesLe recrutement de la population-source (médecins et futurs médecins) s’est fait par différents médias : listes de courriels personnelle et professionnelle, Twitter, Facebook, presse spécialisée médicale, presse généraliste. La période d’inclusion était de six semaines (du 6 juin au 14 juillet 2013). Chaque médecin recruté recevait le lien vers notre blog : qui contenait un lien vers le questionnaire. Les médecins répondaient à la proposition suivante : « racontez la blague impliquant des médecins qui vous a le plus fait rire ». L’analyse des blagues s’est faite en plusieurs temps. D’abord avec les deux investigateurs séparément (DM et CP), puis mise en commun des résultats afin de dégager un stéréotype pour chaque blague. Puis une triangulation avec un troisième investigateur (BG) à partir de ce travail, pour statuer sur le stéréotype final.
RésultatsCinq-cent-douze blagues ont été recueillies sur le site et 448 ont été incluses dans l’analyse, représentant 220 blagues. La répartition par sexe des répondants était de 284 hommes (63 %) et 164 femmes (37 %), soit un ratio de 1,7. Cent cinquante-six stéréotypes différents ont été classés en six thèmes : 46 stéréotypes avec « les vicissitudes du métier de médecin » ; 45 avec « hôpital, la guerre du bloc » ; 34 avec « traits de personnalité du médecin » ; 14 avec « psychiatre » ; 12 avec « médecin et sexualité » ; 5 avec « études médicales et malheurs du carabin ». Les anesthésistes étaient représentés comme fainéants, buveurs invétérés de café et moins bien réveillés que leurs patients endormis. Les chirurgiens étaient vus comme mégalomanes, tyranniques avec les autres professions, opérant sans réfléchir, tant leur cerveau se résume à un neurone. Les étudiants en médecine apparaissaient dociles jusqu’à l’absurdité. Les psychiatres étaient aussi fous que leurs patients, se passant parfois d’eux pour la consultation et s’intéressant uniquement à leur passé relationnel. D’autres stéréotypes sur les médecins étaient utilisés : vénalité, salacité, cynisme.
ConclusionNous avons montré que les stéréotypes contenus dans les blagues médicales étaient assez caricaturaux et dépeignaient un tableau peu flatteur des médecins en général. Ces traits étaient nécessairement marqués pour accentuer l’effet humoristique de la blague. Nous n’avons pas conclu sur la réalité de ces stéréotypes ni sur leur rôle social dans les rapports entre médecins.
IntroductionDes travaux sociologiques ont montré le lien existant entre l’humour que l’on pratique et les idées inconscientes que l’on se fait de la société dans laquelle on évolue. Nous avons réalisé un questionnaire pour répondre à la question : quels sont les stéréotypes sur notre profession de médecin qui se dégagent d’un verbatim de blagues recueillies au sein d’une population médicale ?
MéthodesLe recrutement de la population-source (médecins et futurs médecins) s’est fait par différents médias : listes de courriels personnelle et professionnelle, Twitter, Facebook, presse spécialisée médicale, presse généraliste. La période d’inclusion était de six semaines (du 6 juin au 14 juillet 2013). Chaque médecin recruté recevait le lien vers notre blog : qui contenait un lien vers le questionnaire. Les médecins répondaient à la proposition suivante : « racontez la blague impliquant des médecins qui vous a le plus fait rire ». L’analyse des blagues s’est faite en plusieurs temps. D’abord avec les deux investigateurs séparément (DM et CP), puis mise en commun des résultats afin de dégager un stéréotype pour chaque blague. Puis une triangulation avec un troisième investigateur (BG) à partir de ce travail, pour statuer sur le stéréotype final.
RésultatsCinq-cent-douze blagues ont été recueillies sur le site et 448 ont été incluses dans l’analyse, représentant 220 blagues. La répartition par sexe des répondants était de 284 hommes (63 %) et 164 femmes (37 %), soit un ratio de 1,7. Cent cinquante-six stéréotypes différents ont été classés en six thèmes : 46 stéréotypes avec « les vicissitudes du métier de médecin » ; 45 avec « hôpital, la guerre du bloc » ; 34 avec « traits de personnalité du médecin » ; 14 avec « psychiatre » ; 12 avec « médecin et sexualité » ; 5 avec « études médicales et malheurs du carabin ». Les anesthésistes étaient représentés comme fainéants, buveurs invétérés de café et moins bien réveillés que leurs patients endormis. Les chirurgiens étaient vus comme mégalomanes, tyranniques avec les autres professions, opérant sans réfléchir, tant leur cerveau se résume à un neurone. Les étudiants en médecine apparaissaient dociles jusqu’à l’absurdité. Les psychiatres étaient aussi fous que leurs patients, se passant parfois d’eux pour la consultation et s’intéressant uniquement à leur passé relationnel. D’autres stéréotypes sur les médecins étaient utilisés : vénalité, salacité, cynisme.
ConclusionNous avons montré que les stéréotypes contenus dans les blagues médicales étaient assez caricaturaux et dépeignaient un tableau peu flatteur des médecins en général. Ces traits étaient nécessairement marqués pour accentuer l’effet humoristique de la blague. Nous n’avons pas conclu sur la réalité de ces stéréotypes ni sur leur rôle social dans les rapports entre médecins.
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