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Irak: Bush contraint se rapprocher de ses anciens ennemis

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  • Irak: Bush contraint se rapprocher de ses anciens ennemis

    Devant la menace que représente Al-Qaida qui risque de créer un état islamique dans le centre sunnite de l'Irak Bush (et Blair par ricochet) se trouvent confrontés à un sérieux dilemme et les voici contraint de se rapprocher avec leurs ennemis d'hier. Bush doit pactiser avec les anciens bassistes et avec les pays voisins notamment l'Iran et la Syrie. Alors est ce le tournant de la guerre en Irak? En tout les cas c'est un changement de direction vers où? Seul Dieu le sait.
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    Un dénommé Abou Omar Al-Baghdadi a appelé, le 15 octobre dernier, “tous les sunnites à lui prêter allégence”, proclamant un “Etat islamique d’Irak dans les régions de Bagdad, Al-Anbar, Diyala, Kirkouk, Salaheddine, Ninive et des parties de celles de Babylone et du Centre” . Cet homme, qui se revendique d’Al-Qaida mais qui est parfaitement inconnu, est-il plus crédible que la multitude d’autres individus qui se bousculent pour se partager les restes du gâteau irakien depuis que les Kurdes gèrent leur région, dans le Nord, et qu’il paraît acquis que les chiites finiront par bénéficier d’une zone plus ou moins autonome dans le Sud ? En tout cas, cette déclaration va provoquer un bouleversement des équilibres régionaux. La première leçon que l’on peut en tirer, c’est qu’elle constitue un camouflet pour le gouvernement de Nouri Al-Maliki, dont les tentatives de réconciliation nationale ont échoué. L’autre aspect qu’il faut souligner, c’est que le Conseil des oulémas d’Irak [sunnite] a rejeté cette déclaration, ce qui prouve qu’Al-Qaida ne peut prétendre représenter tous les sunnites d’Irak. Ces derniers, en réalité, combattent à la fois Al-Qaida et les forces d’occupation étrangères.

    A ce propos, on peut d’ailleurs noter les divergences au sein de la hiérarchie militaire américaine entre ceux qui croient qu’il faut laisser les groupes armés sunnites mener la guerre contre les combattants d’Al-Qaida et ceux qui se méfient de ces mêmes groupes armés et les accusent de jouer un double jeu. Pour les premiers, les groupes armés sunnites constituent donc une solution ; pour les seconds, ils font partie du problème. Cette question se pose d’autant plus qu’un ancien général baasiste qui représente la résistance sunnite dans la province d’Al-Anbar propose que l’armée américaine se retire de la ville pour laisser place à une brigade de l’ancienne armée irakienne, faisant valoir que ses hommes avaient protégé la ville pendant six mois après la chute de Saddam Hussein alors que les Américains en ont été incapables dans le passé et le seront tout autant dans l’avenir puisqu’ils sont des étrangers et ne sont pas les bienvenus parmi la population.

    Par ailleurs, la déclaration d’un Etat islamique irakien par Omar Al-Baghdadi inclut Kirkouk, cette ville que se disputent Kurdes et Arabes dans le nord du pays en raison de ses richesses pétrolières. Les leaders kurdes souhaitent qu’elle soit integrée le plus rapidement possible à la région autonome du Kurdistan. Ils considèrent que Kirkouk est une ville kurde, que les Turkmènes y sont quantité négligeable et que les Arabes ne s’y trouvent qu’en raison de la politique de colonisation de Saddam Hussein.

    Le principe du fédéralisme irakien déplaît à la Turquie et à l’Iran

    Cela ne fait qu’alimenter davantage les tensions intercommunautaires qui ravagent déjà le pays et qui seront particulièrement graves à Bagdad et dans ses environs, où sunnites et chiites sont fortement imbriqués. Dans de nombreuses autres régions, l’épuration ethnico-confessionnelle avance à grands pas et, si elle devait se poursuivre, cela aboutirait à un cantonnement des sunnites dans le Centre, dépourvu de pétrole, alors que les chiites contrôleront le pétrole du Sud et les Kurdes celui du Nord.
    Quand le Parlement irakien a voté le principe du fédéralisme, à la mi-octobre, cela a fortement déplu à la Turquie, qui ne veut pas d’une région indépendante kurde forte dans le nord de l’Irak. Si la Turquie, en effet, ne parvenait pas à enrayer cette évolution, elle ne manquerait pas de renforcer ses liens avec les tribus sunnites du Centre, avec lesquelles elle entretient déjà de bons rapports. Car, si les Turcs souhaitent affaiblir les Kurdes, les sunnites veulent mettre la main sur le pétrole de Kirkouk. Autrement dit, les Turcs et les tribus arabes sunnites sont des alliés objectifs. Quant à l’Iran, il ne verrait pas non plus d’un mauvais œil l’affaiblissement des Kurdes d’Irak, car il possède une importante minorité kurde sur son propre territoire et ne souhaite pas que le Séparatisme ethnique se manifeste à l’intérieur de ses frontières. Les Iraniens pourraient par ailleurs monnayer leur soutien à la lutte contre Al-Qaida dans le Centre en contrepartie d’une sorte de reconnaissance de leur zone d’influence sur le Sud irakien, à dominante chiite. L’Iran pourrait en outre très bien s’accommoder d’une influence turque sur les sunnites irakiens.

    On voit donc que, dans le contexte des déclarations du chef d’état-major de l’armée britannique [bien vite désavoué par le Premier ministre Tony Blair], qui souhaite un retrait des forces britanniques, et du rapport américain de James Baker, qui conseille au président des Etats-Unis de négocier avec la Syrie et l’Iran pour préparer le terrain à une diminution des troupes américaines en Irak, les tiraillements entre communautés irakiennes ont des répercussions sur toute la région.

    Par Hoda Husseini, Asharq al-Awsat
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