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L'AIS : enfant gâté de la réconciliation

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    L'AIS : enfant gâté de la réconciliation


    par Kamel Daoud


    C'est l'info du jour. Ou de la semaine. Ou de ce mandat à vie : l'AIS, l'Armée islamique du salut, menée par l'émir «hallal» Madani Mezrag, a organisé une université d'été selon El Khabar, fin août, à Jijel. «Université d'été», tradition de la gauche française, est un rite politique consacré en Algérie. Tous s'y mettent, au cœur des chaleurs, pour à la fois se concerter, préparer ou expliquer et démontrer. L'Armée islamique le fait aussi donc. Sans besoin d'autorisation, expliquera le Prince à nos confrères. «Tous savaient». L'aile militaire du FIS active, attend son agrément et son Prince est reçu avec le sourire et la moustache d'Ouyahia qui a vendu l'éradication aux jeunes Algériens partis mourir durant les années 90, avant de renter chez lui.

    C'est un peu gros, mais ce n'est aussi qu'un détail. Un collègue a fait remarquer au chroniqueur que lors de la mort de Lamari Smaïn, l'AIS a été aux premiers rangs durant l'enterrement. Une vieille affinité algérienne entre les gens qui ont des armes, contre les gens qui n'ont pas pris les armes. Une sorte de respect entre confrères, par-dessus les civils et les indigènes. D'ailleurs, c'est la seule distinction profonde dans les esprits : l'homme armé et celui qui n'a pas d'arme. Le fort et le faible. Celui qui a. Celui qui n'a pas. Le régime respecte les gens qui sont comme lui et qui ont des armes, un maquis et une montagne dans leurs CV. Le reste est invisible, plébéien, civil. Donc, aujourd'hui, le régime ne respecte et ne négocie et ne parle et ne discute qu'avec les émirs. Entre rois et émirs, peut-on résumer. Aucun autre parti en instance d'agrément ne sera autorisé à tenir son université d'été, encore plus en maquis, sans deux camions de paperasse. Sauf s'il a pris les armes ou s'il les garde ou va les prendre. L'arme, dans les sociétés néo-féodales, est l'argument, le signe, le galon, le grade, la hiérarchie. Le reste n'est rien. Le pays est né après son armée de libération et donc la préséance est donnée au détenteur du fusil. Ce n'est pas seulement une décision politique, c'est une psychologie, une nature. En gros, la hiérarchie mentale est ainsi faite : il y a le Colon, puissance psychologique impérieuse, puis le Décolonisateur (en chef) puis le Décolonisé (en vrac). Du coup, quand le décolonisateur rencontre quelqu'un qui lui ressemble un peu, obscurément, il le respecte. Quant au décolonisé, il est le détail de l'histoire. Le prétexte du texte. Le poids mort nécessaire à l'histoire, l'ombre ou l'anonyme mesure. Donc, un demi-siècle après la décolonisation, par des voies ténébreuses, par calcul politique, par nostalgie morbide, par ruse ou par leçon, le régime tolère l'AIS, le respecte, lui parle, le laisse faire. La raison, il a pris les armes. Pour le régime, c'est un souvenir de jeunesse inavoué.

    par Kamel Daoud

    Le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

  • #2
    Il n'y a que sur le sujet de l'intégrisme violent que Daoud reste cohérent, sans trop s'aventurer dans des conjectures complexes auxquelles il s'est trop souvent entremelé la plume...
    Othmane BENZAGHOU

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