L’Algérie est elle un pays arabo-musulman ? Doit-on la définir par la langue arabe et la religion musulmane ? La question n’est pas nouvelle dans le mouvement messaliste. Elle s’est déjà posée en 1936 dans l’émigration Algérienne en France, au cours des luttes qui opposent Messali à l’un de ses lieutenants, Amar Imache. Messali met en avant l’idée d’un parlement Algérien alors qu’Imache s’en tient au programme traditionnel de L’E.N.A, C’est à dire l’indépendance. C’est pour désamorcer les critiques des partis des partis du front populaire et de ses alliés au sein du congrès musulman que Messali à avancé l’idée d’un parlement algérien. Bien que l’antagonisme entre les deux hommes soit politique, il donne lieu à un regroupement régional. En effet Imache a derrière lui uniquement des Algériens de Kabylie alors que Messali rassemble des militants de toutes les régions. Le même clivage se retrouvera au cours de la seconde guerre mondiale, quand les dirigeants de Paris, parmi lesquels Si Djilani et Khider Amar originaires de Kabylie, sont exclus pour avoir voulu engager le P.P.A aux côtés de l’Allemagne (contre les Français).
Le Mouvement berbériste après 1945, prend appui sur trois données de base : les séquelles des luttes contre Messali et ses rivaux de Kabylie depuis 1936, l’expansion rapide du nationalisme en Kabylie et dans l’émigration en France et les erreurs tactiques de la direction du PPA à propos de la question de l’insurrection. Mais cette fois les plébéiens réalisent leur jonction avec un groupe d’intellectuels qui donneront au problème berbère un contenu linguistique et culturel. Avec la seconde guerre mondiale, le P.P.A. en Kabylie bénéficie du retour de nombreux émigrés, les premiers gagnés au nationalisme et qui ont été mêlés à la vie de l’étoile Nord Africaine. De ce fait, le niveau politique et organisationnel est meilleur que dans d’autres régions .En Oranie, dans le sétifois et la Mitidja, l’émigration intérieure kabyle fraie la voie à l’implantation du P.P.A.
La conviction répandue en Kabylie d’être politiquement en avance sur les autres régions du pays se traduit par une certaine fierté. On n’a pas honte d’être kabyle. A Alger et ailleurs on commence à revendiquer ouvertement son appartenance régionale. On chante la patrie en berbère. Sur cette ambiance générale vont venir se greffer un certain nombre de faits et de situations.
En 1945, au comité d’organisation du P.P.A, Bennaï Ouali demande l’unification en une seule région de toute la Zone Berbérophone. A l’appui de sa proposition, il invoque les liens humains et linguistiques existant entre les populations des deux côtés du Djurdjura. La Direction refuse. On parle déjà du régionalisme Kabyle.
On septembre 1945, la direction du P.P.A ordonne au (district) de Kabylie d’abattre les candidats aux élections. La région est en proie à la répression. Des dizaines de militants ont pris le maquis. L’organisation est démantelée. Le Chef de district Sid Ali Halit, les chefs de région de Dra El Mizan, Mohand Aouchich et Azzefoune Mohand Boudjemaa, sont entre les mains de la police. Aussi le comité de district rejette la directive. Un notable de Douar justifie cette attitude : »Si nous abattons les candidats, les Français bruleront nos villages. Avons-nous les moyens de les en empêcher ? Allons-nous évacuer les villages pour fuir vers les montagnes ? Dans ce cas pouvons-nous affronter l’armée qui viendra nous déloger ? Comment et avec quoi nous pouvons tirer et prendre le maquis a prévu le Djihad comme étape suivante.
Devant le refus du comité de district, la direction du P.P.A convoque directement à Alger le chef de la région de Dellys.Tgzirt, Zeroual l’invite à passer à l’action .Zeroual obéit avec Mohand Saïd Mazzouzi et Omar Haddad. Il organise le 5 Septembre 1945 un attentat contre le Bachagha Ait Ali près de Tigzirt en Kabylie. L’attentat échoue. Zeroual et Mazzouzi sont arrêtés. Quand les membres du comité de district s’aperçoivent que l’ordre « d’assassiner les candidats n’a été donné qu’en Kabylie » certains d’entre eux pensent qu’on fait bon marché du sort de la population dont ils ont la charge. A ces faits s’ajoute l’inadéquation des organismes dirigeants du P.P.A par rapport à la mutation quantitative et qualitative intervenue en Kabylie ou de nombreux étudiants ont rejoint le parti. Ceux-ci réfléchissent en groupe sur les problèmes tactiques et stratégiques de la révolution nationale et constituent un brain-trust pour les cadres plébéiens de la région.
La question culturelle berbère fait émerger des problèmes d’importance qui n’on pas été abordés au congrès de février 1947 : quel nationalisme pour la libération de l’Algérie ; et avec quel allies ? Dérouté par la nouveauté des problèmes, la direction refuse toutes discussions. Les opposants mettent alors en cause le fonctionnement interne de la partie, l’absence de démocratie, la promotion de l’élément les plus conformistes de november1946 à mars 1949, la méfiance gagne de proche en proche et obère les rapports à tous les niveaux de l’appareil. Les arrestations successives d’Amer Ould Hamouda, Omar Oussedik et Omar Boudaoud vont l’attiser. Des étudiants, Ait Medir Hadjerés et Mabrouk Belhoucine, sont convaincus qu’ils ont été livrés à la police.
Une question se pose : le mouvement berbériste s’est – il constitué en fraction à l’intérieur de P.P.A pour y développer une politique concertée à tous les niveaux ? Messali y répond positivement : (grâce au clan Lamine–Bouda, les berbéristes, grands et petits, pénétraient dans le corps du partie, un peu partout comme un microbe dans un corps déjà affaibli. ils se déplacèrent facilement et allèrent ainsi semer le virus dans toute la France [1]… A vrai dire, pendant quelque temps, ils étaient les maîtres du partie.)
Certes les documents saisis par la police sur Bennai Ouali, arrêté à Oran alors qu’il s’embarquait à destination de la France à l’insu du partie, constituent des preuves de l’existence d’une fonction. Mais la question n’est pas épousée pour autant : on ne sait pas quand cette fraction s’est constituée et à quelle fins. Sur ces points précis, les documents disponibles ne permettent pas de trancher. Et c’est l’attitude des protagonistes face à la direction du P.P.A qui nous permet de juger des buts du mouvement berbère.
Ce mouvement n’est pas homogène, sa tactique et ses buts ne sont pas identiques dans l’émigration algérienne en France et en Algérie.
En France, Rachid Ali Yahia, élu au comité fédéral par le congrès de novembre1948 et appuyé par Bennai Ouali et Amar Ould Hamouda, s’oriente vers la créations d’un mouvement populaire berbère (M.P.B) et lance ses partisans dans une épreuve de force avec la direction du P.P.A.M.T.L.D sur 32 membres du comité fédéral, 28 rejettent tout idée d’une Algérie arabe et musulmane et ce prononcent pour la thèse de l’Algérie algérienne. La crise prend l’ampleur au moment ou le P.P.A ouvre une souscription pour la Palestine.
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[1] Ouvrage de Mohamed Harbi « mirage et réalité »
Le Mouvement berbériste après 1945, prend appui sur trois données de base : les séquelles des luttes contre Messali et ses rivaux de Kabylie depuis 1936, l’expansion rapide du nationalisme en Kabylie et dans l’émigration en France et les erreurs tactiques de la direction du PPA à propos de la question de l’insurrection. Mais cette fois les plébéiens réalisent leur jonction avec un groupe d’intellectuels qui donneront au problème berbère un contenu linguistique et culturel. Avec la seconde guerre mondiale, le P.P.A. en Kabylie bénéficie du retour de nombreux émigrés, les premiers gagnés au nationalisme et qui ont été mêlés à la vie de l’étoile Nord Africaine. De ce fait, le niveau politique et organisationnel est meilleur que dans d’autres régions .En Oranie, dans le sétifois et la Mitidja, l’émigration intérieure kabyle fraie la voie à l’implantation du P.P.A.
La conviction répandue en Kabylie d’être politiquement en avance sur les autres régions du pays se traduit par une certaine fierté. On n’a pas honte d’être kabyle. A Alger et ailleurs on commence à revendiquer ouvertement son appartenance régionale. On chante la patrie en berbère. Sur cette ambiance générale vont venir se greffer un certain nombre de faits et de situations.
En 1945, au comité d’organisation du P.P.A, Bennaï Ouali demande l’unification en une seule région de toute la Zone Berbérophone. A l’appui de sa proposition, il invoque les liens humains et linguistiques existant entre les populations des deux côtés du Djurdjura. La Direction refuse. On parle déjà du régionalisme Kabyle.
On septembre 1945, la direction du P.P.A ordonne au (district) de Kabylie d’abattre les candidats aux élections. La région est en proie à la répression. Des dizaines de militants ont pris le maquis. L’organisation est démantelée. Le Chef de district Sid Ali Halit, les chefs de région de Dra El Mizan, Mohand Aouchich et Azzefoune Mohand Boudjemaa, sont entre les mains de la police. Aussi le comité de district rejette la directive. Un notable de Douar justifie cette attitude : »Si nous abattons les candidats, les Français bruleront nos villages. Avons-nous les moyens de les en empêcher ? Allons-nous évacuer les villages pour fuir vers les montagnes ? Dans ce cas pouvons-nous affronter l’armée qui viendra nous déloger ? Comment et avec quoi nous pouvons tirer et prendre le maquis a prévu le Djihad comme étape suivante.
Devant le refus du comité de district, la direction du P.P.A convoque directement à Alger le chef de la région de Dellys.Tgzirt, Zeroual l’invite à passer à l’action .Zeroual obéit avec Mohand Saïd Mazzouzi et Omar Haddad. Il organise le 5 Septembre 1945 un attentat contre le Bachagha Ait Ali près de Tigzirt en Kabylie. L’attentat échoue. Zeroual et Mazzouzi sont arrêtés. Quand les membres du comité de district s’aperçoivent que l’ordre « d’assassiner les candidats n’a été donné qu’en Kabylie » certains d’entre eux pensent qu’on fait bon marché du sort de la population dont ils ont la charge. A ces faits s’ajoute l’inadéquation des organismes dirigeants du P.P.A par rapport à la mutation quantitative et qualitative intervenue en Kabylie ou de nombreux étudiants ont rejoint le parti. Ceux-ci réfléchissent en groupe sur les problèmes tactiques et stratégiques de la révolution nationale et constituent un brain-trust pour les cadres plébéiens de la région.
La question culturelle berbère fait émerger des problèmes d’importance qui n’on pas été abordés au congrès de février 1947 : quel nationalisme pour la libération de l’Algérie ; et avec quel allies ? Dérouté par la nouveauté des problèmes, la direction refuse toutes discussions. Les opposants mettent alors en cause le fonctionnement interne de la partie, l’absence de démocratie, la promotion de l’élément les plus conformistes de november1946 à mars 1949, la méfiance gagne de proche en proche et obère les rapports à tous les niveaux de l’appareil. Les arrestations successives d’Amer Ould Hamouda, Omar Oussedik et Omar Boudaoud vont l’attiser. Des étudiants, Ait Medir Hadjerés et Mabrouk Belhoucine, sont convaincus qu’ils ont été livrés à la police.
Une question se pose : le mouvement berbériste s’est – il constitué en fraction à l’intérieur de P.P.A pour y développer une politique concertée à tous les niveaux ? Messali y répond positivement : (grâce au clan Lamine–Bouda, les berbéristes, grands et petits, pénétraient dans le corps du partie, un peu partout comme un microbe dans un corps déjà affaibli. ils se déplacèrent facilement et allèrent ainsi semer le virus dans toute la France [1]… A vrai dire, pendant quelque temps, ils étaient les maîtres du partie.)
Certes les documents saisis par la police sur Bennai Ouali, arrêté à Oran alors qu’il s’embarquait à destination de la France à l’insu du partie, constituent des preuves de l’existence d’une fonction. Mais la question n’est pas épousée pour autant : on ne sait pas quand cette fraction s’est constituée et à quelle fins. Sur ces points précis, les documents disponibles ne permettent pas de trancher. Et c’est l’attitude des protagonistes face à la direction du P.P.A qui nous permet de juger des buts du mouvement berbère.
Ce mouvement n’est pas homogène, sa tactique et ses buts ne sont pas identiques dans l’émigration algérienne en France et en Algérie.
En France, Rachid Ali Yahia, élu au comité fédéral par le congrès de novembre1948 et appuyé par Bennai Ouali et Amar Ould Hamouda, s’oriente vers la créations d’un mouvement populaire berbère (M.P.B) et lance ses partisans dans une épreuve de force avec la direction du P.P.A.M.T.L.D sur 32 membres du comité fédéral, 28 rejettent tout idée d’une Algérie arabe et musulmane et ce prononcent pour la thèse de l’Algérie algérienne. La crise prend l’ampleur au moment ou le P.P.A ouvre une souscription pour la Palestine.
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[1] Ouvrage de Mohamed Harbi « mirage et réalité »
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