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Pétrole: Le temps ne joue pas pour l'Algérie

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  • Pétrole: Le temps ne joue pas pour l'Algérie

    Les réunions de l'OPEP ont perdu depuis longtemps leurs sens. Ce qui devait être la récupération de la rente pétrolière par les pays producteurs a fini par céder sous la pression des USA. L'argumentaire produit par l'Arabie Saoudite est fallacieux. Ce n'est certainement pas un affrontement avec le lobby pétrolier US, en coupant la route au gaz de schiste comme le laisse entendre le représentant de ce pays à la conférence de l'OPEP. La raison évidente est que les USA veulent mettre à genoux la Russie qui remet en cause le monde unipolaire actuel. Il se trouve que cela arrange aussi l'Arabie Saoudite qui a l'occasion d'affaiblir aussi l'Iran.

    Il y a bien sûr des dommages collatéraux causés en particulier à l'Algérie et au Venezuela. Il faut savoir que le point de rupture pour équilibrer le budget du pays est en dessous de 70 $ pour les pays du Golfe qui ont su diversifier leur économie.

    La tendance baissière ne devrait pas s'arrêter, tant que l'objectif de mettre à genoux la Russie, ne sera pas atteint. Cela durera peut être un an. La Russie prétend être en mesure de tenir deux à trois ans. Son PIB connaît déjà une baisse de 30%. Cependant, le ministre des Finances russe, Anton Siluanov, a déclaré lundi 24 novembre qu'entre les sanctions économiques qui lui sont imposées sur le dossier ukrainien et la baisse du prix du pétrole, son pays perdait de 130 à 140 milliards de dollars (environ 100 milliards d'euros), soit 7% de son économie. "Nous perdons environ 40 milliards par an à cause des sanctions géopolitiques, et de 90 à 100 milliards à cause de la chute des cours", a-t-il indiqué.

    Pour l'Algérie, les tendances baissières de sa production globale d'hydrocarbures, conjuguées à la tendance haussière de sa consommation interne d'hydrocarbures, ne peuvent que rendre inéluctable la nécessaire mutation profonde de son économie.

    Le temps ne joue pas pour nous. Certains s'amusent à faire le parallèle avec la crise des années 1980. Il faut, cependant, attirer l'attention sur le fait que ces analyses sont biaisées par le formatage des esprits sur la base du modèle économique actuel. L'erreur majeure est d'oublier que les paradigmes ont changé. La rareté des ressources en matières premières va amener à remettre en cause le développement par la croissance, pour revenir à plus de sobriété et réduire la consommation pour un meilleur développement durable.

    En effet, les experts qui prédisent un retour à la croissance par la consommation se trompent. Ils occultent les grandes mutations en cours.

    Associer les citoyens à la transition globale est possible

    L'Europe, qui reste l'élément le plus faible du monde occidental par sa dépendance trop forte vis-à-vis des hydrocarbures, a entamé la mutation de son modèle économique. La transition vers un système énergétique à 100% électrique lui permettrait de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie et du monde arabo-musulman.

    Les énergies renouvelables vont avoir, de fait, un rôle déterminant. Le charbon servira transitoirement, comme le nucléaire, à assurer cette mutation.

    La volonté d'indépendance énergétique a commencé avec le gaz de schiste, mais ceci n'empêchera pas la réduction de la part des hydrocarbures à moyen terme. Elle se poursuit, comme le montre la décision de la plus grande firme électrique allemande EON de se dégager de la production d'électricité conventionnelle en cédant à l'étranger tous ses actifs dans ce domaine et en essaimant en Allemagne les centrales nucléaires, gaz, charbon et même hydrauliques. Elle se recentre exclusivement sur les énergies renouvelables. Elle va certainement s'adapter au marché futur. Elle devra adapter pour cela les réseaux de distribution avec des "Smart Grid" (réseau intelligent).

    Il faut se rappeler l'adage: "L'âge de pierre ne s'est pas arrêté par ce qu'il n'y avait plus de pierres". C'est comme cela que le charbon a perdu sa place. Eon a compris que l'ère du pétrole est près d'être révolue.

    La revue Oil Price vient de publier l'article suivant: "Les discussions sur la façon avec laquelle on a estimé que le gaz naturel a ressuscité l'économie US sont devenues communes. Le New York Times estime qu'il faille à présent acclamer un nouveau booster de l'économie. En effet, les coûts de production de l'électricité à partir des énergies éoliennes et solaires ont chuté au point d'être compétitifs avec le gaz naturel, sans les subventions et ceci en intégrant les coûts dus à l'intermittence de production d'électricité de ces énergies renouvelables.

    Un rapport récent a relevé que l'énergie solaire atteint des coûts de 7,2 cts/Kwh, pour 3,7 cts/Kwh pour l'éolien et 6,1 cst/Kwh pour le gaz naturel, le charbon se situe à 6,6 cst/Kwh".

    Nous voyons par ailleurs se dessiner une stratégie qui annonce les objectifs visés par cette transition économique. L'idée de faire appel à l'épargne et d'associer les habitants au financement des projets d'entreprises liés à la Troisième révolution industrielle en Nord-Pas-De-Calais a été lancée par Philippe Vasseur, président de la Chambre de commerce et d'industrie de région Nord de France, en octobre 2013, lors de la présentation du Master Plan, en présence de Jeremy Rifkin dont les idées sont connues. Grâce au Crédit Coopératif, dont les valeurs sont en résonance avec la Troisième révolution industrielle (économie responsable et collaborative, circuits courts...), tous les habitants du Nord-Pas-De-Calais mais également des autres régions de France pourront devenir acteurs de cette dynamique et soutenir les entreprises et l'emploi dans la région.

    La suite...
    Dernière modification par zek, 11 décembre 2014, 07h54.
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  • #2
    La protection de l'environnement accélérera la fin des énergies fossiles

    Les problèmes climatiques vont servir d'alibi pour faire cette mutation aux dépens des hydrocarbures. Il faut mettre un bémol à ceux qui voient une volonté de récupération de la rente pétrolière par les Cartels pétroliers. En fait, la part de la rente des pays producteurs a toujours été marginale. Les taxes à la consommation émises par les pays consommateurs représentent au moins 50% du tarif à la consommation ; elles étaient de l'ordre de 80%, il y a quelques années. La part des pays producteurs n'est que de 30%.

    Il faut ajouter à cela que les coûts de production à l'époque étaient de l'ordre de 2 à 6 $/bbl. Les coûts de découvertes étaient faibles, les gisements importants. La marge économique était donc assez importante. Aujourd'hui, les coûts de découverte et de production sont supérieurs à 70 $/bbl. Ceci vaut pour le pétrole de schiste, les pétroles bitumineux, les gisements en off shore profond.

    Une approche par le marché seulement du prix du pétrole devrait le situer dans une fourchette entre ce coût minimum de 70 $/bbl et un coût qui permettrait le développement d'une alternative au pétrole, à savoir les 100 $/bbl. Dans ce cas, il n'est pas logique de penser que les cartels vont se bagarrer pour prendre une plus grande partie de la rente, comme l'affirme certains. Le marché du brut va voir le regroupement des principaux cartels pour gérer la pénurie et la réduction de la rente. Nous sentons la faiblesse de certains d'entre eux dont les actions en Bourse ont chuté après la décision de l'OPEP.

    On peut se poser la question après cela, pour essayer de comprendre les raisons qui ont amené le pétrole à atteindre le seuil de 140 $/bbl. Il faut savoir que c'est le meilleur exemple pour expliquer que le prix du brut n'obéit pas qu'aux seules règles du marché. En effet, à l'époque, les raisons géopolitiques allaient dans un autre sens : l'émergence de la Chine au plan économique gênait les USA. La Chine, grand importateur de pétrole, voyait sa compétitivité affectée par un prix du brut élevé. Par ailleurs, la promotion du gaz de schiste, dont les charges étaient supportées par le pétrole de schiste commun, nécessitait un prix du brut élevé. On a vu aussi que le lobby pétrolier avait aussi besoin d'avoir un prix de 100 $/bbl compte tenu des coûts de découvertes.

    L'article d'Oil Price confirme cela. Nous constatons que la baisse du prix du brut de 10% permet à la Chine d'augmenter son PIB de 0,15%, selon Merryl Lynch. Nous allons voir d'autres stratégies émerger afin de préserver le contrôle des ressources pétrolières qui vont devenir rares.

    En dehors des actions relevant de la géopolitique, il y en a d'autres comme la nouvelle astuce liée à la protection de l'environnement. C'est ainsi que de nouvelles taxes sont prévues entre autres sur le gasoil.

    Cependant, nous pensons qu'il faille ouvrir les yeux et constater que la rareté des ressources justifie la décision de préserver les hydrocarbures en tant que matières premières. Les besoins stratégiques provenant de la pétrochimie doivent être satisfaits. Ceci est plus significatif pour le jet fuel pour les besoins du transport aérien, en particulier les flottes aériennes des forces armées. Il serait illogique de brûler le pétrole ou le gaz pour cela. Les alternatives moins chères existent déjà et l'impact sur l'environnement n'en sera qu'amélioré.

    Une nécessaire et possible mutation vers l'économie verte en Algérie

    Nous ne devons pas perdre de temps. Nous devons entamer notre transition énergétique tout en réduisant notre consommation qui a atteint un niveau que l'on peut qualifier de gaspillage. Ceci sous-entend que notre transition économique doit suivre aussi, par une efficacité plus grande.

    Le développement de projets à partir d'hybrides solaire-gaz torchés offre l'avantage de réaliser de grandes capacités au coût le plus bas tout en permettant de préserver à la fin l'équivalent de 60 milliards M³ par an de gaz naturel.

    L'objectif principal reste une mutation de notre économie vers une économie verte, une opportunité à même de mobiliser notre jeunesse autour de grands projets de développement agricole et de tourisme saharien et balnéaire, au Sud. Ceci en respectant un développement durable.

    Nous devons aussi aller vers les voies les plus durables pour satisfaire nos besoins grandissants en eau et stopper la désertification. Le transfert de l'eau de l'Albien vers le Nord n'est pas une solution durable et créera, de plus, de la frustration pour notre population du Sud. Il existe des solutions qui ne sont pas plus coûteuses si elles sont menées intelligemment. Il s'agit de transférer l'eau de mer vers le Sud. Nous dessalerons la partie dédiée à la population en utilisant l'énergie solaire des centrales solaires hybrides dont le coût d'opportunité sera nul. Le recyclage sera utilisé pour l'agriculture. Le tourisme utilisera l'eau de mer telle quelle pour ses besoins. Nous pourrons ainsi proposer un tourisme à la fois saharien et balnéaire.

    Nous devrions faire de ce grand défi une opportunité en intégrant dans notre démarche les moyens d'envisager la convergence de nos plans d'actions vers la troisième révolution industrielle.

    Tewfik Hasni. Consultant en énergie
    HuffPost Algérie
    Dernière modification par zek, 11 décembre 2014, 07h53.
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