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Une belle séquence de l'histoire de l'agence Algérie Presse Service

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  • Une belle séquence de l'histoire de l'agence Algérie Presse Service

    Youssef Zerarka


    La lecture des éditos de notre ami Saïd Jeff (K. Selim) est un sacré exercice de plaisir. Surtout pour les confrères de notre génération qui ont fait leur baptême de feu journalistique à l'APS. L'édito qu'il signe, ce lundi 8 décembre, dans Le Quotidien d'Oran -"Les pulls verts et M. Gherram"- est un hommage aux travailleurs de l'ombre. Ces innombrables Algériens qui sont la définition personnifiée de l'exemplarité, de l'abnégation et du sérieux dans le travail.

    "Jeff" rend hommage aux sociétaires de l'association "Bedret Khir" ("Graine de bien"), des Algériens des quartiers populaires qui, à rebours du carnaval associatif version "Djamel Ould Abbas", viennent en aide aux SDF loin des caméras chères au "chettah" d'ex-ministre de la Solidarité nationale. Dans la foulée, "Jeff" salue la générosité "prolétaire" d'un ex de l'APS qui n'est plus de ce monde. "MONSIEUR GHERRAM": c'est ainsi qu'il aimait décliner son nom à l'instant des présentations.

    "MONSIEUR GHERRAM" était à l'Agence et à la dépêche ce que le regretté Mustapha Skandrani était à la musique chaabi et au classique andalou. Lorsque le célèbre chef d'orchestre pianotait une délicieuse "touchia noubet essoltane", prélude instrumental de la musique populaire algéroise, notre Gherram -Allah Yerahmou- pianotait sur le clavier des lettres. "MONSIEUR GHERRAM" était télétypiste, un des métiers fondateurs de la presse avant l'irruption irrésistible de la révolution high-tech. "Monsieur Gherram" était l'une des mémoires vivantes de l'Agence et l'un de ses éléments fondateurs.

    "MONSIEUR GHERRAM" a tiré sa révérence voici un moment déjà mais son nom reste à jamais gravé dans la monographie -non encore écrite- de l'Agence. Avec nombre de ses partenaires de l'équipe des télétypistes, il a écrit quelques pages du pan glorieux de l'APS. Soldat agencier de l'ombre, il a contribué à ''pianoter'' quelques dépêches exclusives -et elles étaient nombreuses- qui ont fait le tour du monde. Car, contrairement à une idée reçue, la rédaction qui était 3 boulevard Che Guevara (siège de l'APS entre 1963 et 1993) a eu, elle aussi, sa part d'infos d'exclusivité mondiale qui lui ont valu d'être reprise -citation de son nom à l'appui- par les agences mondiales (AFP, Reuters, Associated Press, la défunte United Press International).

    Et oui, l'Agence s'est taillé quelques lignes dans la chronologie des exclusivités mondiales. Et imprimé son empreinte dans le feuilleton des grands événements mondiaux. Je me contente de citer de mémoire quelques-unes de ces séquences.

    Les conclaves de l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) au plus fort des chocs pétroliers et de la prise d'otages des ministres de l'Organisation: Merci au regretté Ahmed Belaïd, "tonton Belo" pour les intimes, et le "Monsieur Économie" de l'Agence. La libération des otages de l'ambassade US à Téhéran: Merci Larbi Oussedik (un ex-red-chef très tatillon sur l'esprit de l'agence de presse). La médiation diplomatique algérienne à l'heure du regretté Mohamed Seddik Benyahia à l'heure de la guerre Iran-Irak: Merci au regretté Mouloud Aït-Kaci, journaliste du desk international disparu dans l'avion qui transportait le plus intègre des ministres de l'Algérie. Les conclaves algériens de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) et du Conseil national palestinien (parlement en exil) au plus fort de "Houriyat El-Qarar El-Falestini", des réunions à l'abri des influences de Damas, Le Caire, Ryad et Tripoli: Merci Bouchan Hadj-Chikh et Abed Charef, deux parmi les spécialistes des questions palestiniennes de l'Agence durant cette période.

    S'il était encore de ce monde, "MONSIEUR GHERRAM" nous aurait rappelé -non sans une certaine nostalgie- un échantillon de dépêches et d'événements qui avaient fait de l'Agence un passage obligé pour les agences mondiales. "MONSIEUR GHERRAM" nous aurait raconté le sentiment et l'état d'esprit qui régnaient, en ce 20 janvier 1981, au 3 boulevard Che Guevara: La joie et la fierté d'un collectif heureux de voir les grands networks et journaux américains citer trois lettres -APS- en intro de l'information relative au dénouement pacifique de la plus spectaculaire et la plus longue des prises d'otages.

    Au-delà des hauts faits d'armes de l'Agence sur le front de la couverture de l'actualité internationale, "MONSIEUR GHERRAM" nous aurait récité -grâce à la mémoire d'éléphant qui était la sienne- une "Histoire des scoops mondiaux".

    À l'université, mes "Chioukhs" d'enseignants Abassa Mohammed, Ahmed Brahimi, Zouhir Ihadadène, Ahcène-Belkacem Djaballah -pour ne citer qu'eux- faisaient valoir le scoop comme temps fort dans la vie d'un praticien de l'information et dans le processus de production journalistique.

    En lecteur vorace des "fils de presse" qui crépitaient -"H 24"- sur les téléscripteurs, "MONSIEUR GHERRAM" avait prolongé mon cours d'"Histoire de la presse" en me rappelant les "grands scoops mondiaux" qui ont rythmé la vie des agences de presse mondiales.

    Et last but not least, il venait m'interpeller parfois en arborant mon manuscrit en guise de carton jaune: "Jeune homme, t'as oublié le 'ENT' à la fin. T'as oublié que le verbe s'accorde toujours avec son sujet".

    En dernier poste avancé avant le front des télétypistes, notre Maître Kaci Abdmeziem, notre "Maurice Grevisse" à nous, peut en témoigner. Comment peuvent en témoigner Mokhtar Mourad Bendib, Ahmed Mahieddine, et tous les agenciers en retraite ou en activité.

    HuffPost Algérie
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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