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Tariq Ramadan : "La résistance du Hamas est digne !"

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  • Tariq Ramadan : "La résistance du Hamas est digne !"

    Audrey Crespo-Mara : Au retour en France de Serge Lazarevic, vous avez déclaré vous réjouir de sa libération, pour lui et sa famille, condamner toute prise d'otage, quelle qu'elle soit, mais vous écrivez aussi ressentir un "profond sentiment de malaise"...

    Tariq Ramadan : Oui, parce que, vous savez, la France a toujours négocié. Et je ne suis pas de ceux qui pensent qu'il ne faut pas négocier. Il faut, à un moment donné, sauver des vies ! On ne peut pas accepter simplement qu'on tue les otages. Mais il y a des limites. Pour la libération d'un otage juste avant Noël afin de réjouir la France, on a accepté qu'un prisonnier qui a tué de sang-froid un gardien de prison africain soit libéré. On est revenu à la pensée coloniale : la vie d'un Blanc vaut plus que la vie d'un Noir. En France, il faut vraiment qu'on se pose la question de la perception qu'on a de l'Afrique. On ne peut pas continuer cette politique de la Françafrique.

    Et si c'était l'ultime exigence des ravisseurs, il fallait, selon vous, renoncer à libérer Serge Lazarevic, le laisser se faire exécuter ?

    Non, il ne fallait pas le laisser se faire exécuter, mais libérer un meurtrier... Il y a des choses qu'on ne fait pas, non. On ne peut pas libérer un meurtrier pour simplement sauver l'un des nôtres. Ça suffit. À partir d'un certain moment, la dignité humaine doit être la même pour tous. La vie d'un Noir vaut la vie d'un Blanc.

    Dans votre livre, vous n'avez aucune ambiguïté à l'égard d'Aqmi, d'al-Qaida, de Daesh, de ceux qu'on appelle les "djihadistes". Sont-ils des musulmans ou des barbares qu'il faut anéantir ?

    Je n'utiliserais pas ce mot de "barbares à anéantir". Mais je pense que c'est à condamner ! Absolument. Ce n'est pas ça, le "djihad". Le djihad, littéralement, ça veut dire l'effort et la résistance à tout ce qui peut être l'oppression. En soi et à l'extérieur. Le djihad, ce n'est pas la guerre ! C'est la résistance pour la paix. Et l'une des conditions de la paix, c'est la justice, la dignité.

    Comment se fait-il, s'il n'y a rien dans le texte originel, qu'on arrive à le tordre au point de lui faire dire l'inverse de ce qu'il dit ? Parmi ces islamistes, aucun n'a lu le texte ou tous l'ont lu de travers ?

    Ils l'ont lu partiellement. Ils en ont trahi la lettre et l'esprit. Et donc nous devons le dire. Ensuite, nous devons aussi avoir une analyse politique de ce qui se passe. Le silence de l'Occident, là où ça a commencé, quand des gens se faisaient massacrer en Syrie, et où on demandait au dictateur Assad de réformer. On ne peut pas dire : "Vous, musulmans, condamnez !" Nous, on se lave les mains de notre soutien à Bachar el-Assad, à Saddam Hussein... À al-Sissi, reçu comme un président, c'est un dictateur ! Mille condamnations à mort en moins de quinze minutes en Égypte et on le reçoit comme si c'était un être respectable ? Vous ne pouvez pas espérer qu'il n'y ait pas des "barbares" qui réagissent.

    Aux jeunes musulmans français tentés de partir faire la guerre en Irak, en Syrie, que dites-vous ?

    Il y a un vrai problème de compréhension de l'islam. On a des gens qui sont dans la pensée binaire, c'est eux contre nous, et qui réussissent à attirer ces jeunes. Donc, déjà, il faut leur dire : "Apprenez votre religion ! Apprenez que ce n'est pas nous, les musulmans, contre le monde. C'est nous, les personnes qui défendent des principes de justice, contre ceux qui défendent l'oppression." Et puis j'aimerais dire aux gouvernements européens qu'il ne faut pas criminaliser ces jeunes. Beaucoup sont des victimes. Quand ils reviennent, les mettre en prison, les criminaliser, non ! Il faudrait utiliser ces jeunes, dans un travail de suivi éducatif, pour qu'ils puissent prévenir d'autres d'y aller et de s'y engager


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