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La Chine devient (plus ou moins) le nouveau numéro 1 mondial mais la bombe que contiennent les statistiques est ail

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  • La Chine devient (plus ou moins) le nouveau numéro 1 mondial mais la bombe que contiennent les statistiques est ail

    Selon le FMI, la Chine serait devenue la première puissance mondiale devant les Etats-Unis. Mais les chiffres sont trompeurs et le véritable danger ou les réelles opportunités sont ailleurs.


    Atlantico : Récemment, le FMI a annoncé que la Chine était devenue la principale puissance économique du monde. Qu'en pensez vous ?

    Jean-Joseph Boillot : D'abord que la Chine n'est surtout pas la "première puissance économique du monde". La notion de puissance économique est un concept qui combine la surface économique (le PIB), mais aussi la puissance technologique, la puissance financière et monétaire, celle microéconomique des entreprises, et enfin la capacité d'influence sur l'économie mondiale.


    Selon les données du FMI, le PIB chinois calculé en Parité de pouvoir d'achat a bien dépassé celui des Etats-Unis en 2014, mais le FMI lui-même ne dit pas que la Chine est devenue la "première puissance économique mondiale". Sur tous les autres aspects qui déterminent la puissance économique, la Chine est loin derrière les Etats-Unis, mais aussi l’Europe. On retrouve d'ailleurs ici un biais classique du FMI qui se refuse à considèrer l'Union Européenne dans sa globalité.
    En quoi consiste ce mode de calcul de PPA concrètement ?

    C'est une mesure trés ancienne et reconnue par tous les économistes depuis les années 1970. En gros, on considère que les masses économiques des pays ne peuvent pas être comparées avec les taux de change des marchés financiers qui reflètent surtout l'influence globale des monnaies.
    Pour évaluer le revenu réel des habitants d'un pays dans une optique de comparaison internationale, on fait alors appel à un autre mode de calcul: celui de la parité de pouvoir d'achat ou PPA. Ce dernier consiste tout simplement a calculer dans chaque pays le prix d'un panier de produits comparables aux prix domestiques. On obtient alors un taux de change dit "réel" qui permet de comparer les économies entre elles.
    La Chine et les Etats-Unis calculent-ils leur PIB de la même manière ? Qu'en est-il au niveau de la qualification des dettes ?

    Effectivement, les modes de calcul sont différents, et cela peut représenter un biais. Le PIB prend en compte l'ensemble des valeurs ajoutées déclarées par les entreprises et les administrations, dans une optique de production des ressources. Mais si la production d'un pays n'a pas de valeur, et qu'elle est incluse dans le PIB, ce mode de calcul n'est plus réaliste. En général, on mesure donc aussi le PIB par la somme de ses utilisations, c'est à dire, en gros, la consommation, les investissements, le solde extérieur et les variations de stocks.
    Or dans le cas de la Chine, si l'on s'intéresse à l'emploi des ressources, on comprend bien les critiques faites aujourd'hui à l'évaluation du PIB chinois. D'abord, la consommation privée chinoise se situe à un niveau extrêmement bas -40% du PIB chinois, soit environ 6 000 milliards de dollars au taux de change courant, celui qui compte pour nos entreprises qui exportent sur le marché chinois. Or cela ne représente que la moitié du marché américain ou européen.
    Sur l'investissement ensuite, on peut également dénombrer deux failles importantes: l'investissement improductif qui touche l'immobilier ou les industries comme la sidérurgie, et ensuite les stocks. Nous savons que la Chine a la fâcheuse habitude d'accumuler des surcapacitès et de se mettre en situation de surproduction, et donc d'emmagasiner des stocks d'invendus. C'est ceux qu'on retrouve sur le marché mondial à des prix défiant toute concurrence. En termes de PIB utile, la réalité du PIB chinois est donc inférieur d'au moins 20% à ce qui est annoncé officiellement.

    Récemment, un rapport commandé par le gouvernement chinois faisait état des sommes considérables "gâchées" dans des investissements inutiles, comme par exemple la construction immobilière, l'industrie automobile et la sidérurgie. 6.8 milliers de milliards de dollars auraient ainsi été investis pour rien depuis 2009. En quoi cela peut-il constituer une épée de Damoclès sur l'économie mondiale ?

    Cela signifie que la Chine est toujours une économie de marché en transition. D'ailleurs si l'on divise le PIB par le nombre d'actifs officiels, on obtient un tableau de l'économie chinoise loin d'un statut de première puissance mondiale. Avec 800 millions d'actifs, la Chine ne produit pas plus que les Etats-Unis avec 160 millions d'actifs. Elle est donc dans un rapport de productivité par emploi de 4 à 5 fois inférieure à celle des Etats-Unis, mais aussi de l'Europe qui doit cesser d'avoir un complexe d'inferiorité vis à vis de la Chine.
    Peut-on s'attendre à ce que l'économie chinoise connaisse un ralentissement économique comparable à celui qu'a pu connaître le Japon ?

    Non, pas à court terme à mon sens. Plusieurs facteurs permettent de comprendre le ralentissement de l’économie chinoise. Premièrement, la rationalisation de la production voulue par Xin Jinping lui-même. Cela implique moins d'investissement dans tous les sens. La diminution du nombre des actifs joue également, mais on n'est pas encore dans la configuration japonaise. Il faut enfin prendre en compte un simple effet mathématique: plus un PIB est élevé, plus le taux de croissance pour obtenir une même augmentation en valeur diminue. C'est ce qui explique qu'avec 4 ou 5% de croissance, la Chine devrait demeurer la première locomotive du monde. D'où l'inquiétude suscitée par l'annonce du FMI: si la Chine est le premier PIB du monde en termes réels, quelle conséquence va avoir le ralentissement de son taux de croissance pour l'économie mondiale?

    Pour autant, comparer la situation chinoise avec celle du Japon des années 1980 est une erreur de perspective. Le PIB par habitant de la Chine reste 4 fois inférieur à celui du Japon des années 1980, et la Chine a donc un potentiel important de rattrapage. Il en est de même sur le plan technologique alors que le Japon avait dépassé les Etats-Unis dans un grand nombre de domaines. Enfin, même si la population chinoise a tendance à vieillir, elle reste bien plus jeune et moins urbaine que son voisin insulaire. Ce scénario du syndrome japonais ne pourra réellement être envisagé que d'ici à une vingtaine d'années.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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