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Le FIS et l’AIS ont-ils jamais été dissous ?

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  • Le FIS et l’AIS ont-ils jamais été dissous ?

    Madani Mezrag a confirmé la résurrection prochaine du FIS. Ce parti sera refondé sur la double base du FIS et de l’AIS.
    Il y a, bien sûr, des raisons de ne pas le croire. En particulier celle de l’islamiste adepte du principe “el harb khidâa” (la guerre est tromperie). Mais il y a aussi des raisons de le croire : celle d’un interlocuteur attitré et écouté par l’État qui vient de le consulter sur son projet de révision constitutionnelle.
    Avant-hier, sur Echourouk TV, le chef de l’AIS se gaussait de la naïveté de ses deux contradicteurs, une ex-magistrate aujourd’hui chef de parti et un ancien militaire désormais politologue, s’étonnant qu’ils puissent lui opposer la “Charte pour la paix et la réconciliation nationale” qui interdit “l’exercice de l’activité politique” à “quiconque ayant participé à des actions terroristes”… Personne ne l’ayant démenti, il faut croire que Mezrag dispose effectivement de “l’accord supérieur à la loi” qui l’autorise à fanfaronner.
    Auquel cas, “nous” aurons voté pour un texte qui en cachait un autre, “supérieur”. Mais il n’y a pas lieu de jouer les vierges effarouchées : ce pour quoi “nous” avons voté n’était pas un procès-verbal de reddition des groupes armés. C’est le jargon médiatique qui en a fait des “repentis” ; eux ne se sont jamais reconnus dans ce statut et continuent à défendre la légitimité de leur guerre ; et la vox populi, timorée, les nomme “s’hab el hodna” (les gens de la trêve). Quant au pouvoir, il n’en a jamais eu que pour leur réinsertion sociale et… économique et pour l’assurance de leur impunité.
    Qu’on invente une sémantique pour confondre victimes du terrorisme et terroristes éliminés dans un statut générique de “victimes de la tragédie nationale” est significatif de cette drôle de paix, une “paix” qui renvoie, dos à dos, bourreaux et victimes. Mezrag sait qu’il évolue en terrain conquis. Un terrain où chacun se bat pour “ses” droits. L’Algérie n’est plus une cause pour personne. Ou pour si peu. C’est un territoire où ne se développent que des enjeux d’accaparement, d’intérêts, de fortunes, de revenus… Un territoire où opèrent des catégories, clans, tribus, familles, sectes… se disputant la rente.
    Dans cette ambiance de rapine, la religion est partout instrumentalisée aux fins de couvrir les méfaits politiques et économiques de potentats de tous bords. Certains walis et maires font plus que des émirs dans leur volonté de contrôle bigot de la vie de leurs administrés. Pour le citoyen qui aspire au libre choix de son mode de vie, le FIS et l’AIS ont-ils réellement été dissous ?
    Si tant de victimes (ou plutôt les parents et proches de victimes) du terrorisme ne voient dans leur malheur que les retombées d’ayants droit, si les “Patriotes” et les “gardes communaux” se sont convertis aux marches pour leurs droits sociaux, c’est aussi un signe de normalisation politique nationale. La rente s’étant imposée comme panacée de la paix sociale qui tient lieu de paix civile et de “paix” tout court.
    Le consensus autour du butin a fait perdre de vue la perspective politique. On verra après la répartition de la récolte pétrolière. Mezrag peut ostensiblement rugir son imminent retour politique malgré les deux cent mille victimes. “Nous” sommes trop occupés à la curée.

    M. H.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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