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Thaïs et sa méditation

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  • Thaïs et sa méditation

    Dans le monde de l’Art, pour que le talent d’un artiste soit reconnu il faudrait qu’il fasse mieux que les autres. Le problème c’est que les meilleurs sont généralement connus, et on réserve aux autres une reconnaissance posthume.
    Telle était l’histoire de l’opéra Thaïs du compositeur français Jules Massenet.
    Massenet vit dans une époque où la musique française était dominée par des noms universellement connus comme Wagner, Saint-Saëns, Liszt et Berlioz. Il a donc écrit ses œuvres vocales à partir d’un répertoire d’inspiration partagée entre l’Antiquité (Ariane, Roma,….) la culture germanique (Werther) et un répertoire plus romantique (Manon).
    Thaïs reste alors une œuvre à part, car cet opéra s’inspire d’un récit biblique jusque là peu exploré, celui de la courtisane Thaïs.

    L’accueil de l’œuvre :
    Thaïs n’a reçu qu’un succès très médiocre à Paris. A cette époque, la divergence du style wagnérien n’était pas un signe d’originalité mais une désobéissance réprouvée. Un autre secret de cet échec se cache dans le personnage de ce mystérieux Wagner.

    Le mythe wagnérien :


    A l’époque, Wagner était donc une figure incontournable de la musique classique. On parlait même de l’indispensable pèlerinage de Bayreuth (ville choisie par Wagner pour représenter l’intégrale de sa Tétralogie, à ne pas confondre avec Beyrouth) pour tout compositeur. Dans son œuvre, classique d’esprit et romantique de style, on voyait déjà le signe d’un égocentrisme inquiétant. Wagner imposait le respect de son œuvre à ses interprètes, il faisait lui-même les répétitions et vérifiait les moindre détails dans les décors. Il faisait ce qu’on appelle aujourd’hui « l’art total » (Gesamtkunstwerk), une œuvre où le décore, le chant, la danse et la musique ont la même importance. Bref, Wagner voulait imposer ses règles, et il a réussi.
    Autre aspect caractéristique du compositeur, son antisémitisme. Dans une époque de la colonisation et de la ségrégation raciale, ses propos ne choquaient pas (Aujourd’hui, on parle rarement des essais de Mérimée sur les Noirs !!). Wagner se concentrait surtout sur la musique juive. Il a même publié un article sur « Le judaïsme dans la musique » (1850) où il décrivait les juifs comme « des anomalies de la nature » jasant « de leurs voix grinçantes, couinantes et bourdonnantes ».De grands compositeurs comme Félix Mendelssohn étaient sur la ligne de mire.
    En dépit de ses écrits antisémites, Wagner eut plusieurs amis juifs. Le plus représentatif d'entre eux est sans doute le chef d'orchestre Hermann Levi, un Juif pratiquant que Wagner désigna pour diriger la première représentation de Parsifal. Le compositeur souhaita d'abord que Levi se fît baptiser (sans doute en raison du contenu religieux de cet opéra), mais il dut finalement abandonner cette exigence. Levi maintint des relations très amicales avec Wagner et fut sollicité, à ses funérailles, pour porter son cercueil. Il serait donc exagéré de dire que Wagner était un modèle pour Hitler (je parle de la fameuse réplique de Woody Allen « Quand j'écoute trop Wagner, j'ai envie d'envahir la Pologne !. »).
    L’opéra Thaïs a donc fait les frais du poids de Wagner sur la musique, Wagner n’y a pas vu une musique digne de la scène parisienne. Massenet n’était peut-être pas un rival de Wagner, mais sa musique avait un style qui reste à découvrir.

    Synopsis :

    Massenet avait ses « petites dames » comme Puccini, et notre Thaïs en faisait partie. Courtisane d’Égypte du IVe siècle, convertie par l’ermite damné Athanaël,Thaïs se serait retirée dans un monastère et y serait morte, l’opéra s’achève avec sa mort et l’errance désespérée d’Athanaël. Du roman d’Anatole France, paru en 1890, Massenet n’a conservé que le cadre, les personnages (Paphnuce se changeant en Athanaël et une réduction obligée du nombre de personnages) . Il a aussi tronqué le scepticisme de France contre une spiritualité qui met plus en valeur le personnage principal.
    Thaïs est peut-être l’alter ego de la courtisane amorale et manipulatrice Manon, c’est l’âme qui découvre la foi et se délivre de la bassesse de la Cour pour devenir « Sainte Thaïs ».
    La fameuse Méditation n’est pas un mouvement triste (ce mouvement passe bien avant la fin de la tragédie), ce morceau exprime plutôt le bonheur d’une femme qui se sentait perdue et qui vient de découvrir qu’il y a une vie après la mort, un sentiment bien rendu par le choix du violon.
    Dernière modification par Jigsaw, 16 novembre 2006, 11h38.
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