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«Il faut en finir avec la diplomatie-spectacle»
El Watan le 23.12.14 | 10h00 3 réactions
Abdelaziz Rahabi pense qu’«il faut aider effectivement les Palestiniens à asseoir un Etat» et que «réduire le rôle de l’Algérie à une simple
satisfaction des cotisations financières de façon régulière, c’est déprécier le combat de l’Algérie pour l’émancipation de la Palestine».
L’Algérie s’est complètement effacée de la scène internationale concernant la question palestinienne. C’est le constat établi par l’ancien diplomate et ex-ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi. Interrogé sur le rôle que joue le pays pour soutenir l’indépendance de la Palestine, il déplore «une absence totale de l’Algérie ces dernières années». «Elle a été complètement absente car elle considère que les problèmes entre le Hamas et l’OLP devraient être réglés préalablement à une normalisation des relations avec la Palestine», explique-t-il. Pour lui, les autorités algériennes ont commis, à travers cette attitude, une erreur.
«Cette appréciation est antinomique à la doctrine algérienne qui est de ne pas s’ingérer dans la vie interne des organisations palestiniennes et d’être un facilitateur entre les différentes forces politiques. Nous avons, à mon sens, failli à cette règle», tranche-t-il, en avançant pour preuve le fait que le président Mahmoud Abbas – qui effectue depuis avant-hier une visite en Algérie – «n’a jamais été reçu auparavant par le président Bouteflika, contrairement au traitement auquel il a eu droit au Maroc et en Tunisie».
Abdelaziz Rahabi déplore également que l’Algérie n’ait même pas capitalisé le fait que l’Etat palestinien est né chez elle, en novembre 1988. «Cela est dû à l’ego du chef de l’Etat, en considérant que la naissance de la Palestine a eu lieu du temps du président Chadli. Aujourd’hui, on n’en parle pas, alors que c’est l’un des principaux acquis de la diplomatie algérienne sur la question palestinienne», illustre-t-il. Selon lui, la Palestine est également absente du discours diplomatique algérien depuis plus de 10 ans. «Je crains que cela a été fait pour plaire à certaines puissances occidentales», lance-t-il.
L’autre facteur qui a favorisé, selon M. Rahabi, l’effacement du rôle de l’Algérie sur la question palestinienne est «l’effondrement de l’axe Alger-Damas-Baghdad qui donnait du poids à la diplomatie algérienne au Moyen-Orient». «L’effondrement de cet axe a permis un recentrage de la diplomatie arabe en faveur des pays du Golfe. La Ligue arabe est sous l’autorité de ces pays», précise-t-il.
Suprématie des pays du Golfe
Pour remédier à cette situation, l’ancien diplomate fournit des propositions et des solutions. Selon lui, «il faut d’abord en finir avec la diplomatie-spectacle». «L’Algérie n’a aucune présence culturelle, médicale ou autre dans les territoires palestiniens. Elle ne donne pas de bourse d’études et ne reçoit pas beaucoup de Palestiniens dans ses universités. Je pense qu’il faut aider effectivement les Palestiniens à asseoir un Etat. La diplomatie, ce n’est pas uniquement les discours», déclare-t-il. Et d’ajouter : «Réduire le rôle de l’Algérie à une simple satisfaction des cotisations financières de façon régulière, c’est déprécier le combat de l’Algérie pour l’émancipation de la Palestine.»
Compte tenu du fait que la Ligue arabe est sous la domination des pays du Golfe, Abdelaziz Rahabi suggère l’exercice du lobbying algérien au niveau de l’Union africaine et de l’Organisation des pays non-alignés : «Continuer à soutenir publiquement et de façon franche la Palestine est, en soi, une position.» Ce qu’elle ne sait plus faire depuis plus de 10 ans…
Madjid Makedhi
El Watan le 23.12.14 | 10h00 3 réactions
Abdelaziz Rahabi pense qu’«il faut aider effectivement les Palestiniens à asseoir un Etat» et que «réduire le rôle de l’Algérie à une simple
satisfaction des cotisations financières de façon régulière, c’est déprécier le combat de l’Algérie pour l’émancipation de la Palestine».
L’Algérie s’est complètement effacée de la scène internationale concernant la question palestinienne. C’est le constat établi par l’ancien diplomate et ex-ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi. Interrogé sur le rôle que joue le pays pour soutenir l’indépendance de la Palestine, il déplore «une absence totale de l’Algérie ces dernières années». «Elle a été complètement absente car elle considère que les problèmes entre le Hamas et l’OLP devraient être réglés préalablement à une normalisation des relations avec la Palestine», explique-t-il. Pour lui, les autorités algériennes ont commis, à travers cette attitude, une erreur.
«Cette appréciation est antinomique à la doctrine algérienne qui est de ne pas s’ingérer dans la vie interne des organisations palestiniennes et d’être un facilitateur entre les différentes forces politiques. Nous avons, à mon sens, failli à cette règle», tranche-t-il, en avançant pour preuve le fait que le président Mahmoud Abbas – qui effectue depuis avant-hier une visite en Algérie – «n’a jamais été reçu auparavant par le président Bouteflika, contrairement au traitement auquel il a eu droit au Maroc et en Tunisie».
Abdelaziz Rahabi déplore également que l’Algérie n’ait même pas capitalisé le fait que l’Etat palestinien est né chez elle, en novembre 1988. «Cela est dû à l’ego du chef de l’Etat, en considérant que la naissance de la Palestine a eu lieu du temps du président Chadli. Aujourd’hui, on n’en parle pas, alors que c’est l’un des principaux acquis de la diplomatie algérienne sur la question palestinienne», illustre-t-il. Selon lui, la Palestine est également absente du discours diplomatique algérien depuis plus de 10 ans. «Je crains que cela a été fait pour plaire à certaines puissances occidentales», lance-t-il.
L’autre facteur qui a favorisé, selon M. Rahabi, l’effacement du rôle de l’Algérie sur la question palestinienne est «l’effondrement de l’axe Alger-Damas-Baghdad qui donnait du poids à la diplomatie algérienne au Moyen-Orient». «L’effondrement de cet axe a permis un recentrage de la diplomatie arabe en faveur des pays du Golfe. La Ligue arabe est sous l’autorité de ces pays», précise-t-il.
Suprématie des pays du Golfe
Pour remédier à cette situation, l’ancien diplomate fournit des propositions et des solutions. Selon lui, «il faut d’abord en finir avec la diplomatie-spectacle». «L’Algérie n’a aucune présence culturelle, médicale ou autre dans les territoires palestiniens. Elle ne donne pas de bourse d’études et ne reçoit pas beaucoup de Palestiniens dans ses universités. Je pense qu’il faut aider effectivement les Palestiniens à asseoir un Etat. La diplomatie, ce n’est pas uniquement les discours», déclare-t-il. Et d’ajouter : «Réduire le rôle de l’Algérie à une simple satisfaction des cotisations financières de façon régulière, c’est déprécier le combat de l’Algérie pour l’émancipation de la Palestine.»
Compte tenu du fait que la Ligue arabe est sous la domination des pays du Golfe, Abdelaziz Rahabi suggère l’exercice du lobbying algérien au niveau de l’Union africaine et de l’Organisation des pays non-alignés : «Continuer à soutenir publiquement et de façon franche la Palestine est, en soi, une position.» Ce qu’elle ne sait plus faire depuis plus de 10 ans…
Madjid Makedhi
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